Dans Stupeur et Tremblements,
Amélie Nothomb nous racontait comment, stagiaire dans
une multinationale nipponne, elle avait embrassé, bien
malgré elle, la carrière de dame pipi. Harcèlement
moral, humiliations, culte de l’obéissance, Amélie
réglait alors ses comptes avec la culture d’entreprise
à la japonaise, si incompréhensible pour un esprit
occidental. Autant de thèmes que l’on devrait retrouver
dans l’adaptation cinématographique du roman, signée
Alain Corneau, dont le tournage vient à peine de s’achever
(sortie prévue début 2003). Amélie nous
parle de ce projet mais aussi de ses rapports avec le septième
art.
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Objectif Cinéma :
Stupeur et Tremblements
a été un grand succès de librairie. Comment
est né le projet d’en faire un film ?
Amélie Nothomb :
Tout s’est passé de manière prodigieusement
rapide. Alain Corneau a contacté directement les Editions
Albin Michel qui gèrent les droits de mes livres, et
qui m’ont fait part du projet. J’ai accepté immédiatement
car j’ai beaucoup apprécié le travail de ce
metteur en scène, notamment dans des films comme Nocturne
indien et Tous les matins du monde qui sont déjà
deux adaptations littéraires. Le contrat a été
signé au mois de février et le tournage s’est
achevé mi-juin. Mais de manière générale,
les choses prennent beaucoup plus de temps. Par exemple l’adaptation
des Catilinaires, un autre de mes romans, est prévue
depuis 1996 sous la direction de Pierre Granier-Deferre, mais
le film sera finalement tourné après Stupeur
et Tremblements !
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Objectif Cinéma :
Avez-vous été associée
au projet ?
Amélie Nothomb :
Pas du tout. Je pense que pour un auteur, il y a deux attitudes
possibles dans ce cas là : soit il s’implique
totalement dans le projet, soit il n’intervient pas du tout.
Etant donné que mes compétences en matière
cinématographique sont très limitées
et sachant que j’avais affaire à d’immenses artistes,
j’ai préféré ne pas m’en mêler
et ne pas me rendre sur le tournage. Je ne me voyais pas débarquer
sur le plateau en donnant mon avis sur tout, ni avoir l’air
de surveiller le travail des acteurs et du réalisateur.
Objectif Cinéma :
Même pas par curiosité ?
Amélie Nothomb :
Je suis bien entendu impatiente de
voir le résultat, mais en agissant ainsi, ma curiosité
restera intacte jusqu’au soir de la première. La seule
démarche que j’ai faite, c’est de lire le scénario,
qui m’a semblé très fidèle au livre.
Mais lorsque l’on est novice en la matière, l’écriture
scénaristique se révèle assez mystérieuse.
Objectif Cinéma :
C’est Sylvie Testud qui campera
votre personnage. Ce choix vous a-t-il surpris ?
Amélie Nothomb :
Je n’y aurais jamais pensé, mais il ne pouvait y avoir
de meilleur choix. Je trouve l’idée géniale.
Le plus extraordinaire, c’est que c’est la seule actrice à
qui j’ai jamais écrit personnellement. C’était
il y a un an et demi, pour la féliciter de son interprétation
dans Les Blessures Assassines et lui dire mon admiration.
A l’époque, je n’aurais bien entendu jamais imaginé
qu’elle jouerait quelques mois plus tard mon propre rôle
dans Stupeur et Tremblements.
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