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Yves Caumon : Le casting, je n’aime pas, on ne sait pas encore ce que sera le film, on se pose trop de questions, on passe son temps à douter. Et puis il est difficile de dire non à des acteurs et actrices formidables qui sont parfois très motivés pour faire votre film. Enfin quand on fait un casting, on est dans la position d'un employeur, on s'affronte à une dose considérable de misère psychologique et aussi sociale. On voit des chômeurs toute la journée, et on doit en retenir 1 sur 100. Et ça me pèse au bout d’un moment. Ça manque un peu de sang-froid professionnel, mais ça me pèse quand même et parfois longtemps après. Parfois, je reçois même des courriers d’injures pour me dire que le casting était mauvais, qu’on les a mal reçus… C’est un truc un peu traumatique qui n’a pas grand-chose à voir avec le travail ! (rires) Et puis, on aimerait dire tout de suite au premier venu : " C’est vous, c’est vous que je prends. C'est un coup de foudre." Malheureusement, je suis très difficile. D'autres vous diront que je suis hésitant. Quoi qu'il en soit je malaxe beaucoup tout ça, et longtemps. Et je fais durer les castings.

Les Filles de mon pays (c) D.R.

Je crois que j’aime le moment de l’écriture du scénario. Je m’amuse beaucoup, surtout dans l'écriture des dialogues. À les vivre, à les jouer moi-même. À voir les personnages vivre, bouger, sans savoir tout à fait vers où ils vont. C’est là que le film s'improvise ! J’ai même un certain plaisir assez coupable à cela. Je peux écrire pendant des mois, des années. Je peux écrire 12 heures par jour pendant 3 mois d'affilés sans aucun problème. On m’assoit le matin, on me reprend le soir. C’est un plaisir intime, presque privé. Mais on n’a qu’une vie, et ce n’est pas très raisonnable, pas très efficace. C’est plutôt une longue rumination. Une longue méditation, heureuse, un peu religieuse, extatique, plutôt qu’un travail. Être romancier, je ne pourrais pas, car je n’aurais jamais fini, alors que le cinéma, à un moment donné, le producteur nous dit : " Bon, le scénario, il faut l’envoyer pour le 12 ". Si j’étais romancier, je ne publierais jamais.

Sur le tournage, je prends les plaisirs les plus intenses qu’on peut prendre, mais c’est très bref, par éclairs. À peine fini il faut reprendre une autre séquence, se dépêcher, préparer pour le lendemain, répéter, voir les rushes. C’est un travail qui ne laisse pas beaucoup de temps pour la joie, le tournage. Et puis l'économie est toujours trop restreinte. S’il pleut, on se demande comment sauver une séquence ensoleillée… Sauver les meubles, tout en essayant de tenir le gouvernail du film pour que cela ressemble à quelque chose, pour que cela échappe un peu au ridicule, au noir total. On est assez soucieux sur un film, concentré. Tellement concentré qu’on n’arrive pas à penser à autre chose, même longtemps après. La seule façon d'oublier un film, c'est d'en faire un autre.



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2001
Amour d'enfance
2000 Les Filles de mon pays (cm)
1998 La beauté du monde (mm)
1997 Il faut dormir (cm)
1991 L'Ami de la famille (cm)
1989 Antonin (cm)