Réalisé
par Yves GAILLARD
aux Rencontres Audiovisuelles
de Lille, le 28 avril 2002
Remerciements à Jean Yves Catel
MON REVE SERAIT DE BRUITER UN WESTERN !
Parmi les premiers à
avoir introduit la chaîne " tout-numérique "
dans la post-production sonore en 1990, bruiteur au rayonnement
international (4 Oscars !), créateur d’un auditorium
de bruitage (Dubbing Brothers), Jean-Pierre Lelong est une
figure incontournable du cinéma français, est
peut-être le bruiteur français le plus renommé
à l’échelle internationale.
Même la meilleure
volonté du monde ne pourrait être en mesure de
dresser la liste exhaustive des films auxquels il a participé,
plus de 1 000 ! Mais même tronquée, sa filmographie,
qui s’étend de 1970 à nos jours, arrache à
tout cinéphile des exclamations de surprise devant
la diversité et la qualité des œuvres et des
cinéastes auxquels il a apporté son talent.
Jean-Pierre Lelong s’est,
depuis peu, lancé dans la production de court-métrages
avec la création en 2002 de Tandem Production.
Espérons voir un jour, pourquoi pas, ce western qu’il
brûle de bruiter ; en attendant, revoyons et réécoutons
Pirates, ce film d’enfant rêveur…
Objectif
Cinéma : Qu’est-ce que
le métier de bruiteur ?
Jean-Pierre Lelong : Le bruiteur,
c’est celui qui " double " sonorement
la bande-image d’un film : de la porte qui grince aux
claquements de pas, du coup de fusil au frôlement d’un
tissu, tout bruit " humain " ou signifiant
dans un film est l’œuvre du bruiteur. Les moyens les plus
étonnants sont bons pour parvenir à créer
un son : où comment, avec une essoreuse à
salade, donner à entendre le départ d’une rame
d’un métro.
Le bruiteur, et c’est l’immense différence qui le sépare
du " concepteur son " qui pratique le
montage et le retraitement de son, travaille en synchronisme
avec la bande-image. Ce qui exige une profonde concentration,
et surtout cette mystérieuse capacité à
se caler exactement sur l’image. Le bruiteur est un " alchimiste
du son ".
Objectif Cinéma : Quelle
est la différence entre conception sonore et bruitage ?
Jean-Pierre Lelong : Le fruit de mon métier
n’est pas de stocker des choses. Si je commence à stocker,
et à les donner comme ça, je vais être
au chômage assez vite ! À chaque film, c’est
une nouvelle aventure, une nouvelle création, où
je refais systématiquement tout. Je ne vais pas stocker
des sons-sources, des sons de pas, parce que ce n’est jamais
la même chose : les gens ne marchent pas au même
rythme, les pas de femmes et les pas d’homme n’ont pas la
même lourdeur, les pas sonnent différemment selon
les sols… Je ne vais donc pas m’amuser à les monter,
ce serait trop long. Donc on reconsidère les choses
à chaque film. A chaque film, je me vends moi :
je fais les sons, puis je m’en vais, et c’est fini.