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André S. Labarthe (c) D.R. ANDRE S. LABARTHE
Critique et Réalisateur


Entretien réalisé en Avril 2002
Par Clémentine GALLOT
de l’équipe de Cinélycée.com



André S. Labarthe a été journaliste aux Cahiers du Cinéma puis créateur et réalisateur de la série des Cinéastes de notre temps. Il a notamment réalisé, pour cette collection, les opus sur Ford, Hitchcock, Hawks. Il a récemment relancé cette série, a présent nommé Cinéma de notre temps, et y à ajouter les opus sur Garrel, Kitano, Doillon et Cronenberg.


Cinélycée : Jean Douchet dit que les critiques sont des cinéastes. Un critique est-il un réalisateur potentiel ?

André S. Labarthe : Quelque fois, mais ce n’est vrai de la majorité des critiques. Il suffit de les lire pour s’apercevoir qu’ils ne parlent pas beaucoup de cinéma, finalement. Ils parlent du sens du film : la plupart des critiques sont des spectateurs qui savent écrire et expliquer ce qu’ils ont ressenti. Peu sont capables de trouver le cheminement depuis l’effet ressenti jusqu’à la manière dont cela a été fait. Ceux de la Nouvelle Vague sont devenus cinéastes , et quand ils écrivaient, c’était en tant que cinéastes aussi. Ils comprenaient comment tel effet avait été obtenu.

Mais il suffit de prendre la revue concurrente des Cahiers à cette époque, c’est à dire Positif, pour s’apercevoir qu’ils ne parlent pas tellement de cinéma : ce sont tout juste des cinéphiles, des cinéphages. Le seul, purement critique, qui n’a jamais eu envie de faire des films, était André Bazin : les cinéastes aimaient le lire car il comprenait les raisons du cinéma. Un critique, pour moi, sait rendre compte et analyser les effets du film sur lui : et à partir de ces effets il essaye de remonter aux causes. Mais il ne faut pas trop théoriser non plus, sinon on obtient une sorte de recette (comme dans la plupart des films américains).


  Positif (c) D.R.

Cinélycée : Partagiez-vous la sévérité de Truffaut à l’égard de la revue Positif (" poujadiste ", selon lui) ?

André S. Labarthe : Oui, parcequ’à l’époque c’était la guerre des revues ! Mais cela a un peu changé. Aujourd’hui, Positif dit sensiblement la même chose que les Cahiers de l’époque, mais il le dit avec quelques années de retard.


Cinélycée : Vous dîtes qu’il n’y a " plus de parti pris aux Cahiers du Cinéma ".

André S. Labarthe
: C’est ce qui leur manque aujourd’hui, c’est une revue parmi d’autres. Alors qu’avant c’était une revue sans commune mesure avec les autres publications : ils découvraient des auteurs (Ford, Hitchcock). Hitchcock a presque été " inventé " par les Cahiers : et tous ces cinéastes américains qui sont devenus classiques, comme Hawks, Walsh, ont vraiment été perçus, analysés, et utilisés au sein des Cahiers. Quand on critiquait, c’était intéressé : on savait qu’on allait faire des films, alors on se servait de cette matière.