Objectif
Cinéma :
Quel est
l’avenir de Visionaria dans le contexte culturel italien ?
Duccio Barlucchi : L’avenir
de
Visionaria est incertain, comme pour toutes les
initiatives culturelles : nous vivons dans le monde de
la précarité, soit comme artiste, soit comme
entrepreneur culturel moderne. Cela dit, je pense que nous
concrétisons de plus en plus nos objectifs : les
gens utilisent de plus en plus les moyens que nous mettons
à leur disposition pour montrer leurs œuvres, et nous
avons des contacts de plus en plus intéressants avec
les institutions. Nous devons faire en sorte que
Visionaria
devienne le messager de plusieurs thématiques qu’il
faut traiter dans la société moderne.
Nous devons réaffirmer aussi le besoin d'être
créateur d’une meilleure qualité de vie.
Le festival est en entrée libre puisque nous considérons
que c’est le rôle de l’institution publique, qui a des
moyens, d'ouvrir à la culture, et de libérer
l’entrepreneur culturel moderne de la nécessité
commerciale. Si on était obligé de faire des
choix dictés par des impératifs de marché,
on s’arrêterait, ou l'on ferait autrement. Mais à
présent, on fonctionne comme un service qui développe
une fonction sociale et culturelle.
Objectif Cinéma :
En Italie, les régions ont-elles
une autonomie plus grande vis-à-vis de l’état ?
Duccio Balducchi : Oui,
il y a une plus grande décentralisation. Mais aujourd’hui
pour une manifestation d’envergure, l’étape suivante
est l’institution européenne.
Pour revenir au discours commercial, on a choisi pendant des
années de ne pas être payé. Depuis quelques
années, on est défrayés pendant le festival,
mais personne d’entre nous ne vit de
Visionaria. C’est
un des buts, mais je n’attends pas que
Visionaria me
nourrisse : j’ai une école de théâtre,
je donne des cours, je monte des spectacles et je réalise
des court-métrages.
Mais nous essayons tout de même d’arriver à
ce que ce soit un travail payé : c'est une question
de dignité. Si j’ai une compétence, je peux
essayer de la faire au mieux, si je sais que je peux laisser
de côté des travaux plus alimentaires, qui
ne m’intéressent pas forcément mais qui m’apportent
de quoi me nourrir.