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Objectif
Cinéma : Tu t’occupes également
de l’association Made in Hong Kong, qui diffuse des films
hong kongais sur Paris. Quels sont tes projets ?
Antoine Guérin :
Je vais faire un documentaire sur le " Category
3 ". Je voudrais faire quelque chose un peu à
la manière de Hideo Nakata, avec son documentaire sur
le pinku, Sadistic and Masochist (sur le cinéaste
Masura Konuma), un format d’une heure et demie, tourné
en 16. Mais pas de façon didactique, style " le
Category 3 c’est ça et ça ".
La première fois que je suis allé à Hong
Kong ça a complètement changé ma vision
de ce cinéma. Là-bas, tu ne peux faire que du
cinéma de Hong Kong : tout va très vite,
il y a du monde partout. Il y a un film qui reflète
vraiment ça c’est As Tears go By ; eh bien
voilà, tu vas à Hong Kong c’est As Tears
Go By, c’est comme ça. Quand tu vas à Hong
Kong, tu comprends vraiment pourquoi ils tournent de cette
mannière, pourquoi ils ont cette manière de monter
vite, etc. il y a quatre, cinq mois j’ai fait de la figuration
sur Tiramisu, avec Nicolas Tse et Karina Lam, et je
n’avais jamais vu une équipe de techniciens hong kongais
tourner. Ce n’est pas comme en France, où l’on fait
quinze mille prises. Ça va vite, ils sont ultra-précis,
il y a trois prises et puis basta. Il y a encore peu de temps,
ils tournaient dans la rue, sans autorisation, les flics arrivaient,
il fallait se barrer…Et voilà, ça se ressent
vraiment dans les films. Quand je suis allé là-bas,
j’ai vraiment pris une gifle.
Objectif
Cinéma : Concernant
les projets futurs de Made in Hong Kong, allez-vous faire
venir des gens de là-bas?
Antoine Guérin :
Oui, oui, mais ce n'est pas évident de s'y consacrer
parce qu’on fait tous des trucs à côté.
En fait, ça fait longtemps que je voulais monter un
festival de cinéma. Au départ, ça devait
être autour de tout ce qui touche les années
70, ce qui est kung-fu et films d’épée. Et l’an
dernier à Nantes(au festival des 3 Continents, ndr),
ils ont fait une rétrospective de 10 films. Et je me
suis dit que si certains y arrivaient, il n’y avait pas de
raisons qu’on ne puisse pas y arriver aussi...
Donc avec un pote distributeur, on a monté l’association,
et l’on a commencé des projections : Full Alert
de Ringo Lam (1997), puis The Fate of Lee Kahn
King Hu (1974 ) et Black Mask de Daniel Lee
(1996 - un film décrit comme " Arts Martiaux/Action/
SF/ Super Heros " ! NDLR). Cet été,
on ne fera rien, en plus il y a l’Etrange Festival fin d’août.
On reprendra en octobre. On aimerait bien faire une semaine
de films de Hong Kong en décembre : aussi bien
des trucs des années 70 que des trucs 80-90, mais dans
tous les styles : du film sulfuro-débile au film
d’auteur, du kung-fu, ou les comédies que John Woo
a fait dans les années 70 et que peu de gens ont vu
en salle en France. J’espère que ça va marcher.
Il existe un organisme belge qui serait intéressé
pour travailler avec nous, parce que faire venir une copie
de Hong Kong ça coûte cher - à moins que
ta mère travaille à l’ambassade, et tu fais
passer ça dans les colis diplomatiques, mais ma mère
ne travaille pas à l’ambassade…
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Objectif
Cinéma : Pour The Fate of Lee Kahn,
c’etait une copie qui venait de France ?
Antoine Guérin :
Oui.. C’est Christophe Champclaux, qui bossait chez Ciné
Horizon, qui nous a aidé. Donc, on a prévenu
Media Asia (les détenteurs des droits de diffusion,
et l’une des plus grosse société de distribution
hong kongaise.ndr), et nous l’avons diffusé. Il a souvent
des problèmes de droits avec Hong Kong. Souviens toi,
par exemple avec l’Enfer des Armes, où la musique
a été piquée de Zombie…Cela se
pratiquait surtout dans les années 60 : à
Deauville il y a deux ans, il y avait eu une rétrospective
d’un cinéaste, dont j’ai oublié le nom, et dans
l’un de ses films toute la musique c’était du Morricone…Et
ça marche, mais évidemment je suppose qu’ils
n’ont rien payé. Ils ne se posaient pas de question.
Il y pas mal de problèmes, de producteurs qui ne savent
plus à qui appartiennent les droits. C’est là
où c’est le pire. Et là, il y a quelque chose
de drôle, c’est que jusqu’à deux ou trois ans,
à Hong Kong, il ne pensait pas que les bandes originales
de films pouvaient être un business. Tu trouves quelques
BO de quelques films de Hong Kong, mais c’est tout. Et il
y a seulement deux ans ils se sont dit " merde,
on peut peut-être faire de l’argent avec ça ". Et
il y avait pourtant le fait que quasiment un comédien
sur deux a une carrière dans la chanson, donc tu pouvais
trouver certaines de leur musique sur les CD à leurs
noms dans la canto-pop, puisqu’ils chantent au générique
des films qu’ils interprètent… Mais bon, ils n’y pensaient
pas, c’est bizarre.
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