Objectif Cinéma :
Les DVD DesFilms marchent mieux à Paris qu’en Province ?
On peut supposer que pour les fans, il est plus facile d’avoir
une pratique régulière à Paris, ou les
films se trouvent plus facilement, avec le quartier chinois
etc.
Antoine Guérin :
Mais les gens qui vont dans le quartier chinois, des non-chinois,
qui vont là-bas, il n’y en a pas tant que ça.
Il y a un magazine spécialisé, Kumité,
quelques articles, dans Libé, dans Télérama
avec Jean-Pierre, mais c’est tout. Par rapport à la
province, je ne sais pas mais je serais curieux de savoir
si c’est vrai. Je sais que, pour les films en salle, ça
marche mieux à Paris qu’en Province. Mais pour les
DVD je ne sais pas trop. Je sais que Ring marche vachement
bien à la location, mais je ne sais pas s’il y a une
nette différence entre la province et Paris, où
si ça s’équilibre un peu.
Objectif
Cinéma : Tu occupes la fonction d’acquéreur
chez DesFilms. Tu es là-dedans depuis longtemps ?
Antoine Guérin :
A Cannes, cela fait dix ans que j’y vais, mais cela fait cinq
ans que je vais au Marché. J’avais fait ça un
peu à Lyon, pour un éditeur vidéo. En
même temps, on avait une émission de radio, enregistrée
en direct et en public tous les soirs de la semaine. Moi je
m’occupais de cinéma, et de l’actualité musicale,
jazz essentiellement. Mais activement, ca fait 6 mois avec
Jean-Pierre, essentiellement pendant les festivals. Mais après,
comme ce sont toujours les mêmes gens et même
si je n’achetais pas, tu as un rapport qui s’installe sur
les stands. Donc si tu vas voir ce film-là, si on te
demande ce que tu en penses…
Je me rappelle c’était il y a deux ans, il y avait
Kang Gyu Je pour Shiri qui n’était pas vendu
en France. Nous on était simplement là parce
qu’on voulait voir pas mal de films asiatiques, on se baladait,
on voyait des films…Donc on a vu le film, et puis après
on a vu le vendeur qui nous a demandé si on pensait
qu’il y avait un potentiel en France ; on a discuté,
on a bien sympathisé, et puis on a fini par faire une
interview pour la télévision coréenne,
qui nous demandait notre avis sur le fait que le film pourrait
marcher en France ! Et après, il y a des films
qui ne passent pas au screening donc pour voir le film il
faut avoir une K7 vidéo, donc il faut dire : " oui,
mais attendez, je bosse avec machin "…Il y a un
jeu qui s’installe, mais c’est drôle, c’est marrant.
Je me rappelle aussi, les premières fois que j’assistais
à des screenings, je ne comprenais pas pourquoi les
autres personnes se levaient au bout de 5, 10 minutes, sautaient
sur leur portable et prenaient des rendez-vous. Je me disais
" merde, quand même, on est au cinéma ! ".
Mais j’ai compris que c’est un business où il faut
aller très vite : et donc au bout de quelques
minutes, dix minutes, les types étaient capables de
décider si le film valait le coup d’être acheté,
ou pas. Et là, il faut aller très vite, prendre
rendez-vous avec les vendeurs. Mais au début, ça
surprend…
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Objectif
Cinéma : On parlait du cinéma
hong kongais qui n’a pas besoin du marché européen,
à qui le marché asiatique assure ses recettes.
En est-il de même pour le cinéma coréen
et japonais ?
Antoine Guérin :
Ce qui se passe, c’est que depuis 3,4 ans, il y a de plus
en plus de co-production entre Hong Kong, la Corée
et le Japon. Tu vois par exemple Miike tourne avec Michelle
Reis (3). Les hong kongais commencent à mettre
de l’argent au Japon vice-versa, et il y a de plus en plus
de DVD de films coréens qui sortent à Hong Kong.
Mais effectivement c’est Hong Kong qui peut dire qu’il n’a
pas forcément besoin du marché européen,
à la différence de la Corée et du Japon.
Et de toute façon, ils ne veulent pas le même
genre de reconnaissance que les japonais ou les coréens.
Tu vois, quand tu te balades à Hong Kong, et que tu
vois les VCD à 40 HK$, il y a vraiment la notion que,
le cinéma est surtout une industrie, c’est flagrant
que les films sont des produits. Par exemple, Mission Impossible
2 je l’ai vu à Hong Kong, et trois jours avant
une chinoise m’a dit " ah oui, je l’ai vu il y a
trois semaines en VCD ". Ils s’en foutent de voir
le film au cinéma ou en VCD, recadré, etc.
Objectif
Cinéma : Comment la France est-elle
perçue ?
Antoine Guérin :
La semaine prochaine au Filmart (le Festival International
de Hong Kong), il y a un grand repas organisé autour
des rapports Hong Kong-France. On est bien vu je crois, enfin
je dis "on", la France est bien vue, avec ce côté
" on va beaucoup au cinéma, on est pointilleux "…
Et en Europe, on n’est pas beaucoup à co-produire avec
Hong Kong, ou le Japon. Vice-versa, ça m’avait fait
marrer, sur le Tableau Noir de Makmalhbaf, il y avait au générique…L’Office
Kitano. Et ça me fait penser aussi à Tokyo Eyes,
Limousin qui va tourner au Japon.
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