Objectif Cinéma :
Il y a souvent un équilibre assez fabuleux dans tous
les personnages que vous avez interprétés pour
Atom, entre une apparence de dureté et en même
temps une fragilité très forte. Par exemple, dans
The adjuster où on ne sait pas si vous riez ou
pleurez devant un écran, dans une séquence vers
la fin du film, et aussi dans Ararat, où vous
êtes une conférencière très professorale
pouvant se laisser submerger par l’émotion. Est-ce difficile
de maintenir cet équilibre ?
Arsinée Khanjian :
Chacun d'entre nous a ces deux aspects en soi. J'ai eu le privilège
de découvrir en tant que comédienne, qu'il faut
toujours connaître l'envers de quelque chose. L'envers
joue parfois plus directement dans ce qu'on perçoit que
ce que l'on conçoit du moment. La dureté est peut-être
une position de peur, d'angoisse, alors que la fragilité
est un effort de rencontre, de rapprochement. Etre vulnérable
est quelque chose de très fort où l'on met l'autre
en position de responsabilité. Si l'autre décide
d'en abuser, c'est déjà partager dans ce sens-là.
Je crois que c'est le travail de comédienne qui m'a permis
de chercher cette vulnérabilité, cette fragilité
qui m'a beaucoup fasciné. Pendant longtemps, j'ai cru
être quelqu'un de très fort et de très dur
parce que je porte de la colère, de la fierté
en moi, ou un certain cynisme par rapport à cette identité,
cette quête de justice (cette histoire qui relève
de mes ancêtres et qui m'a été transmise
et que je vis quotidiennement, forcément), et j'ai appris
à laisser aussi la place à la fragilité.
L'ouverture n'est pas dans la colère ou la dureté,
mais dans le partage, l'idée de responsabiliser l'autre
par rapport à sa fragilité, et je crois que c'est
dans le travail que j'ai fait au cinéma et au théâtre
que j'ai compris ça.
Objectif Cinéma :
Et le fait d'être comédienne et d'avoir souvent
plusieurs identités différentes, permet-il d'appréhender
mieux sa propre identité ? Arsinée Khanjian :
En ce qui me concerne oui. Mais je ne peux pas parler à
la place de mes collègues. Des écoles très
différentes vous diront que jouer n'est pas de la thérapie.
Je suis bien d'accord, mais en même temps, j'ai tellement
appris par la voie de cette profession. Je ne l'ai pas choisi
par accident, j'aurais pu faire autre chose, mais j'ai trouvé
quelque chose pour répondre à cette curiosité
portée d'abord sur moi-même, me connaître,
et aussi connaître l'autre. C'est un travail qui me
fascine à ce niveau-là, parce que je découvre
le monde par la représentation du monde.
2002Ararat de Atom Egoyan avec
Charles Aznavour, Marie-Josée Croze 2000Code inconnu
de Michael Haneke avec J. Binoche, T. Neuvic 2000Foreign Objects
(série TV) 2000A ma sœur !
de Catherine Breillat avec A. Reboux, R. Mesquida 1999Le Voyage de
Felicia de Atom Egoyan avec Bob Hoskins 1999Foolish Heart"
(série TV) 1998 Fin août,
début septembre d'Olivier Assayas avec
François Cluzet 1998Last Night 1998L'Education
Sentimentale d'Olivier Assayas 1998More Tears"
(série TV) 1997Ms. Scrooge
(TV) 1997De beaux lendemains
d'Atom Egoyan avec Ian Holm 1997Strands 1997Bach Cello Suite
#4: Sarabande 1996Irma Vep
d'Olivier Assayas 1996Dinner Along
the Amazon (TV) 1995A Portrait of
Arshile 1994Exotica
d'Atom Egoyan avec Arsinee Khanjian, Sarah Polley 1994Side Effects
(série TV) 1993Calendar
d'Atom Egoyan avec Atom Egoyan, Arsinee Khanjian 1992 Chickpeas 1991The Adjuster
d'Atom Egoyan avec Arsinee Khanjian, Gabrielle
Rose 1991Montréal
vu par... (segment du film En passant) 1989Speaking Parts
d'Atom Egoyan avec A. Khanjian, M. McManus 1998Looking for
Nothing (TV) 1987Family Viewing
d'Atom Egoyan avec A. Khanjian, G. Rose 1984Proches Parents
d'Atom Egoyan avec Patrick Tierney, Berge Falzian