Cinélycée :
Ce dispositif de mise en scène
nouveau, plus intime qu’en 35 mm, est-il lié au fait
que les hommes et les femmes n’ont pas la même rapport
à l’intimité ?
Abbas Kiarostami :
Je ne voudrais pas toucher à cette interprétation,
que je trouve très belle. On fait souvent des interprétations
sur mes films, et j’ai des scrupules à dire si je suis
d’accord ou pas . Je trouve qu’elles enrichissent le film,
qu’elles y apportent l’imaginaire de chaque spectateur.
Cinélycée :
Lorsque vous faites un film,
doit-il changer quelque chose chez les gens qui le font
et chez les spectateurs ?
Abbas Kiarostami :
Effectivement, lors d’une avant-première, une jeune
femme est venue me dire que Le goût de la cerise
lui avait sauvé la vie. Quant à l’actrice
de Ten, ses proches ont constaté un changement
inattendu après le tournage. Je pense que le cinéma
a un pouvoir magique. Pour moi, le changement tient à
la situation spécifique du spectateur: assis et disponible.
On peut extérioriser une émotion de manière
encore plus grande que sur le divan du psychanalyste, on
se détache de tout ce qui nous entoure.
Cinélycée :
Vous avez dit que même
si on est pessimiste, on ne peut pas vivre sans espoir:
Ten est-il un film porteur d’espoir ?
Abbas Kiarostami :
Ten n’est ni pessimiste ni vraiment tourné
vers l’optimisme: cela dépend de la manière
dont on aborde le film. Une mort est toujours désagréable,
mais je peux la regarder de manière positive, pensant
que cela peut m’apporter un message. Tout objet est porteur
d’un avertissement pour moi: Ten porte de l’espoir
car il y a beaucoup d’avertissements, pour les maris, les
femmes âgées ou jeunes. Chacun à un
moment donné du film peut se reconnaître dans
les personnages, comme dans un miroir.
Cinélycée :
Au cours du film, la conductrice
semble plus sereine, au fur et à mesure de ses rencontres,
elle semble moins révoltée.
Abbas Kiarostami :
Effectivement, au début elle est assez survoltée,
puis elle se calme, et sa voix change également.
Cinélycée :
Vos films montrent souvent la transformation des personnages:
comment devenir autre tout en continuant à mener
la même vie.
Abbas Kiarostami :
S’il n’y a pas ce changement, le personnage n’a aucune raison
de continuer à vivre. Cela se passe ainsi dans la
nature: il est impossible de ne pas se transformer! Empêcher
une évolution est beaucoup plus difficile que le
changement lui-même.
Cinélycée :
Quels sont vos projets ?
Abbas Kiarostami :
Une série de courts-métrages sans êtres
humains ni dialogues: il y aura juste de l’image, comme
pour compenser Ten, qui est très bavard. Je
vais vers une période de silence.
2001ABC Africa
avec Seyfolah Samadian 2001Ten avec
Mania Akbari , Amin Maher 1999Le Vent
nous emportera avec Behzad Douarni 1997Le Palais
de Jahannama 1996Le Goût
de la cerise / Ta'm e guilass avec Homayoun
Ershadi 1995Lumière
et compagnie avec Pernilla August, Romane
Bohringer 1995A propos de
Nice, la suite de avec Bernard Benassayag 1994Au travers des
oliviers avec Farhad Kheradmand, 1992 Et la vie continue
avec Farhad Kheradmand, Puya Paevar 1990 Close up / Nemaye
Nazdik avec Mohsen Makhmalbaf 1990Devoirs du soir
/ Mashgh-e Shab 1987Où est
la maison de mon ami ? avec Babak Ahmadpoor 1987Le Choeur 1984Les Elèves
du cours préparatoire / Avaliha 1980 Rage de dents
/ Dandan e dard 1978La Solution
/ Rah Hal-e Yek 1975Deux solutions
pour un problème 1974Le Passager
/ Mossafer avec Masoud Zand, Hassan Darabi
1972La Récréation
1970Le Pain et la
Rue / Nan va Koutcheh