Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Michel Barthelemy (c) D.R. MICHEL BARTHELEMY
Décorateur
Entretien réalisé en juillet 2002
Par Alexandre TSEKENIS
Photos du tournage
Par Axel LAMARQUE


DE LA PUB AU PETIT POUCET

Le décor du Petit Poucet est signé Michel Barthélémy. Enfant de la pub, il conçoit les décors de dizaines de clips et films publicitaires - et non des moindres - entre 1984 et 1995, et enchaîne à présent les long-métrages, alternant productions spectaculaires (comme Blueberry actuellement en post-production) et films plus intimistes (Harry, un ami qui vous veut du bien, Sur mes lèvres...).



  Le Petit Poucet (c) D.R.

Objectif Cinéma : Comment un producteur français trouve-t-il aujourd'hui le moyen de financer un film entièrement (ou presque) tourné en studio ?

Michel Barthélémy : Par un travail d'évaluation du coût du décor avant même sa conception. Avec deux assistants, nous avons passé huit jours - payés par la production - à tenter d'établir le budget et les différentes solutions techniques de décor envisageables. Nous avons ainsi préparé un solide dossier, destiné à convaincre les financiers. Le budget décor est de 14 ou 18 millions environ, selon que l'on inclue ou pas les repérages, les locations studios, etc. Cela représente plus du quart du budget total* (environ 57 M de francs, soit 8,6 M d'euros - ndlr).

Le film a été effectivement entièrement tourné en studio, excepté quelques plans d'une rivière pour le générique de fin, ainsi que l'intérieur du château de la Reine.


Objectif Cinéma : Le parti-pris esthétique est très affirmé. Etait-ce la volonté du réalisateur ?

Michel Barthélémy : Olivier Dahan, qui a fait les Beaux-Arts et dessine lui-même beaucoup à l'aquarelle, voyait son film comme un livre d'images que l'on feuillette, avec un décor théâtral et volontairement expressionniste. Par ailleurs, il voulait dépasser le stade des toiles peintes et des trucages à la Méliès, à l'aide des moyens numériques.

Une fois le financement du film assuré, nous avons formé un bureau de dessin collectif, ou ensemble (réalisateur, chef opérateur, et décorateur), nous avons réfléchi, dessiné, rassemblé beaucoup de documentation.

Pour chaque décor, nous travaillions un thème (la forêt, une maison d'ogre, etc) et comment le traiter, avec quelles références, quelles couleurs dominantes.

Par exemple, pour la maison de l'ogre, nous pouvions opter pour un dessin tarabiscoté à la Viollet-le-Duc, ou aller vers un style plus "celte" comme l'ont fait Le Seigneur des anneaux ou Sleepy Hollow. Finalement, elle est basée sur un dessin d'Olivier Dahan, qui la rapproche plus des Carpates ou de l'Europe centrale.

Du côté pictural, nous sommes allés vers Münch, les fauves, ou l'expressionnisme allemand. Olivier Dahan avait en tête des films comme Moonfleet ou La nuit du chasseur. Il souhaitait également des ruptures de ton, des couleurs déstabilisantes, pour éviter de s'enliser dans un série trop linéaire.