Objectif Cinéma :
A ce propos, des projets en
cours ?
Delphine Gleize :
Rien en préparation, c’est encore trop tôt. Deux
projets différents, l’un que j’écris, l’autre
que je n’écris pas du tout.
Objectif Cinéma :
Concernant la musique, comment
s’est déroulé ta collaboration avec Eric Neveux ?
Delphine Gleize :
Eric Neveux a un talent incroyable. Je l’ai rencontré
parce que j’aime la musique électronique qu’il fait.
Il est arrivé au quatrième montage. Quand il
a vu le film, il m’a dit, dans le bon sens du terme, qu’il
ne voyait pas où il pouvait travailler, que toutes
les musiques préexistantes étaient très
fortes et que lui-même n’avait pas besoin d’être
là. Je trouvais ça bien, car il n’avait pas
une envie d’entrer absolument dans le film, ni aucune idée
préconçue sur la musique qu’il allait faire.
N’étant pas du tout musicienne, nous avons beaucoup
dialogué, je lui racontais le film, je lui parlais
de texture, de chair. Il a fallu trouver une structure de
la musique, et lui trouver sa place dans la fiction de façon
très ténue, très subtile, et " par
le dessous ". Je disais toujours que la musique
était la structure de la toile d’araignée vue
par le dessous. Parfois, elle constituait le voyage du taureau
lui-même, bien qu’il soit abandonné pendant très
longtemps. Avant qu’il n’apparaisse, le taureau promettait
de voyager " dessous ". Le CD sort d’ailleurs
ces jours-ci, avec des extraits sonores du film, c’est un
objet très particulier.
Objectif Cinéma :
Avais-tu des idées de
mise en scène bien précises, ou as-tu laissé
une place à l’improvisation ?
Delphine Gleize :
Nous avons fait des repérages et discuté de
certains découpages avec Crystel Fournier, la chef-opératrice.
Mais je repousse ce travail au dernier moment car il m’arrive
de ressentir les choses très tard, lors du tournage,
et c’est précisément ce qui est arrivé.
On ne peut pas improviser vraiment, notamment à cause
du travail d’éclairage. Par contre, tous les matins,
j’avais des idées très précises sur ce
qui allait se passer dans la journée. J’étais
toujours en réaction, en mouvement, par rapport à
ce qu’on avait fait la veille, qui pouvait m’avoir ému
ou déplu. Je me laissais toujours une possibilité.
Me laisser satisfaire par des idées définies
à l’avance ne m’intéresse pas. Du coup, il y
avait une mise en danger.
Objectif Cinéma :
Et le travail avec les comédiens ? Delphine Gleize :
Avec les comédiens, c’était un peu la même
chose. Certaines scènes n’étaient pas du tout
écrites dans le scénario original. J’ai du les
écrire au dernier moment, selon l’inspiration. Les
comédiens étaient vraiment très contents
qu’une idée apparaisse ou qu’on change complètement
une situation. J’allais écrire dans une pièce
à l’écart, et je revenais avec un texte nouveau
pour chacun. Il y avait alors, à ce moment-là,
un esprit de troupe que j’aimais bien, notamment pendant la
scène du repas, qui n’existait pas du tout à
l’origine. Les comédiens ressentaient une jubilation
de jouer quelque chose de nouveau. Ils n’étaient pas
vraiment préparés à la scène,
je leur ai demandé de la jouer de la manière
la plus directe et la plus brutale possible. Du coup, c’était
excessivement drôle car la scène est totalement
absurde. C’est la scène que j’ai refait le plus grand
nombre de fois, on a tourné 8 prises d’un côté,
9 de l’autre, à cause de leurs fous rires, c’était
terrible. Tous ont accepté le film pour des raisons
différentes. Tous ont également été
choisis pour des raisons différentes et pour des qualités,
de " mammifère ". Pour moi, ils
sont tous des danseurs de flamenco. Ils ont tous une capacité
à exister immédiatement. On choisit aussi des
comédiens en se demandant si on passerait 15 jours
de vacances avec eux…
Objectif Cinéma : Quels sont tes goûts
en matière de cinéma ?
Delphine Gleize :
J’aime les films de Cronenberg. Je n’ai pas de cinéastes
fétiches. Je dirais plutôt que certains films
me rendent jalouse, c’est donc positif. Ou au contraire, je
suis très fière pour ceux qui les ont fait.
Que ce soit L’Impasse, de Brian de Palma, ou le film
de Patricia Mazuy, Saint-Cyr, les films de Lynch. Je
commence à découvrir Bunuel. J’ai d’ailleurs
vu récemment Cet Obscur objet du désir
avec Angelina Molina, c’est génial. Elle est incroyable.
Elle est d’une sexualité et d’une sensualité
dans ce film, je ne l’avais jamais vue comme ça. Sublime.
2001Carnages 2000Les Méduses
- 17 min 2000La Forêt
- Publicité pour l'Association des Paralysés
de France 1999Opération
Jeunes Talents Cannes Adami ( 5 courts
métrages) 1999Un Château
en Espagne - 27 min 1998Sals Battars
- 24 min