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Objectif Cinéma
: Justement dans Eric Clapton
and Friends, vous aviez le sentiment de plus filmer la
musique que les gens ?
Jana Bokova
: Non, je pense que c’était homogène, et de
toute façon ils ne sont pas séparables. Nous
étions enfermés dans le studio pendant les répétitions,
c’était la condition pour pouvoir tourner, nous ne
pouvions pas sortir, donc nous ne pouvions pas faire une métaphore
de la musique, il a fallu se concentrer sur les répétitions.
C’est d’ailleurs ce qui m’a fasciné, Clapton travaille
d’une façon très secrète, il n’est entouré
que des gens qui font partie du groupe, et il m’a laissé
participer à ça, c’était quelque chose
de complètement exceptionnel !
Objectif Cinéma :
Le fait que ce soit en huis
clos appelle un peu à la fiction.
Jana Bokova
: Je voyais Clapton un peu comme un acteur.
Objectif Cinéma
: Vous essayez de faire parler
les musiciens, de les faire parler de leur vie…
Jana Bokova
: Cette situation était très intime. Les portraits
filmés sont ma signature, c’est un peu l’équivalent
d’une photo. Je ne pouvais pas imposer mon rythme, j’étais
vraiment tributaire d’eux, je ne pouvais pas prendre leur
temps, il fallait que je me fasse invisible. J’avais très
envie de filmer les relations qu’ils avaient entre eux. C’était
tellement exceptionnel d’avoir accès à ces moments
qui sont d’habitude interdits.
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Objectif Cinéma
: On sent une mise en scène
de leur part.
Jana Bokova
: C’était une découverte pour moi, je voulais
savoir comment ça fonctionnait.
Objectif Cinéma :
Il y a un regard patient de
votre part. Les gens créent leur mise en scène,
comme Sir Lawrence dans Militia Battelfield, et ce
n’est qu’ensuite qu’ils se dévoilent vraiment, sans
la parole…
Jana Bokova
: Je les laisse vivre devant ma caméra, je ne veux
pas leur indiquer ce qu’ils doivent faire, il faut qu’ils
aient confiance en moi pour que je puisse les filmer. C’est
vrai que je choisis les moments les plus expressifs.
Objectif Cinéma :
A la fin du film, Ernestine vous dit " merci Jana
de montrer comment je peux être "…
Jana Bokova
: Elle était un peu conditionnée par Sir Lawrence
tout au long du film, et là, elle avait la permission
de faire ce qu’elle voulait. C’est un peu grâce à
moi qu’elle a saisi ce moment de liberté.
Objectif Cinéma :
Vous semblez vous intéresser,
sinon plus, du moins autant, aux personnages secondaires qu’à
votre sujet principal.
Jana Bokova
: C’est très important aussi. J’aime beaucoup les petites
histoires, elles sont fondamentales. Tout a la même
importance dans mes films…
Objectif Cinéma
: Vous employez beaucoup ce
terme de personnage, qui est un terme de fiction…
Jana Bokova
: J’aime mélanger les choses, je mets des acteurs
dans mes documentaires et des personnes réelles dans
mes fictions.