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  Darren Aronofsky (c) David Lombourg
Objectif Cinéma : Pensez-vous que le sujet, les mathématiques, peuvent faire déconnecter une partie du public ?

Darren Aronofsky : Pi n'est pas un film à propos des maths. Le plus dur problème dans le film consiste en l'opération 41+ 3 et nous donnons la réponse 3 secondes plus tard. Donc nous ne demandons pas au spectateur de venir au cinéma avec une calculatrice. L'idée était que les gens, au fil des années, utilisent les nombres pour chercher Dieu. Il y existe un aspect mystique des mathématiques de Einstein, qui était un homme de foi, à Pythagore, il y a 25 000 ans, qui pensait que l’Univers était régi par des nombres. Certains chercheurs les utilisent pour comprendre leur monde et l'Univers, c'est ce concept qui m'intriguait. Personnellement, je détestais les maths au lycée, comme tout le monde, probablement. J'échouerai certainement si vous me donniez un test maintenant. Mais Sean est vraiment quelqu'un de très appliqué et qui aime comprendre de nouvelles choses. Lorsque nous avons commencé, il ne pouvait même pas écrire de chiffres, et une partie de son travail, quand il rentrait le soir, était d'écrire les chiffres de 1 à 50 et ils devenaient ainsi plus lisibles pour la caméra.

Objectif Cinéma : Pourquoi avez-vous opté pour le Noir & Blanc ?

Darren Aronofsky : Qu'est ce que cela ? (Darren Aronofsky montre du doigt un schéma sur la fiche de questions, qui est en fait un exercice de maths, question que j'avais prévu de lui poser puis annulée suite à sa déclaration selon laquelle il détestait les maths et ne serait capable de résoudre un problème. Amusé, Darren regarde ...) D.A- X=O. Je ne peux pas le résoudre, aucune chance.

(nous reprenons le cours de l'interview) C'était une décision purement créative. Pi a toujours été un film différent pour les spectateurs parce que nous croyons que pour chaque Armageddon sorti, ce qui est très important, on trouve un public pour ce type de film, il y en a toujours un autre pour un genre de films différent. Donc nous avons voulu faire un film radicalement différent et lorsque nous avons choisi le Noir et Blanc nous ne voulions pas tourné un film en Noir et Blanc traditionnel. C'est pourquoi il est appelé "Black & White reverseal" (Noir et Blanc revirement). Le premier film tourné en "reverseal", la première fiction, était celui de Bruce Weber, Let's get lost (1988), un film incroyable, un documentaire à propos d'un joueur de trombone. Ce qu'apporte le "Black & White reverseal" c'est qu'au lieu de faire du blanc et du noir, il donne du noir OU du blanc. Le film n'est pas gris.


Darren Aronofsky (c) D.R.

Objectif Cinéma : Vous utilisez un format différent du 1.33 ?

Darren Aronofsky : C'est du 1.66. On ne voulait pas tourner en 1.33 parce que ce format est difficilement exploitable aux Etats-Unis. Le 1.66 est généralement utilisé en Europe, maintenant aux Etats-Unis on utilise du 1.85. Mais la véritable raison est la suivante : 1.66 fait référence au ratio d'or. 1.66/1 est très proche du rectangle d'or dont nous parlons dans le film, ce qui nous permet, avec ce ratio d'être plus proche des mathématiques dans le film. Le ratio d'or est intéressant, on le voit partout : tous les buildings sont basés dessus, tous les temples grecs, ainsi que les cartes de crédit !

Objectif Cinéma : A propos de la musique, aviez-vous rencontré Clint Mansell auparavant ?

Darren Aronofsky : Nous nous sommes rencontrés au début du projet. Il habitait New York City et je n'étais pas vraiment un fan de musique électronique, je ne la connaissais pas tellement. Mon producteur, Eric Watson, l'était plus et il nous a présenté. Dès que j'ai commencé à connaître Clint et d'autres musiciens "électroniques" comme Massive Attack et d'autres personnes qui ont participé au film, j'ai réalisé que cet homme était plus comme Max Cohen (le protagoniste de Pi), qui vit avec de vieux ordinateurs en cherchant l'âme avec une machine. Ils étaient donc parfaits pour le film, avec cette ambiance de sons électriques, avec une sorte de symétrie "Black or White" très abstraite. J'ai pensé que cela pouvait être un paysage très intéressant.