Objectif Cinéma :
On peut voir le film du point de vue du cerveau de Max, mais
l'image du film fait aussi penser à un écran
d'ordinateur, était-ce un choix ?
Darren Aronofsky :
Je ne crois pas que c'était un choix, mais j'aime bien
cette idée.
Objectif Cinéma :
Sur quoi basez-vous votre description sur la communauté
juive ?
Darren Aronofsky :
C'est une communauté fictive. La Kabbale et toutes
ses références sont véridiques et il
y a des gens qui étudient cela. Mais le secret de
la secte est une fiction. Je veux dire qu'il existe réellement
des personnes qui étudient et cherchent toutes ces
choses, sans que pour autant ce ne soient des fous furieux.
Pour moi c'était très intéressant de
rendre ce personnage si complexe qui est à la recherche
de Dieu et de la Beauté. Mais il a aussi la capacité
de faire de mauvaises actions. Pour moi, les personnages
de fiction sont bons lorsqu'ils combinent le bien et le
mal, comme dans la réalité. Le pire, lorsque
vous voyez un film avec des fous, c'est lorsqu'ils sont
purement démoniaques. La vérité concernant
les fous, c'est qu'ils aiment leurs enfants, leurs mères,
ils sont humains comme vous et moi. Et la véritable
horreur, c'est quand n'importe qui peut faire cela même
quand vous avez un bon caractère. Ils ont la capacité
d'être méchants. C'est ce qui m'intriguait.
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Objectif Cinéma :
Est-ce difficile d'utiliser un genre différent, l'expérimental
?
Darren Aronofsky :
J'appelle cela un thriller SF, je ne pense pas que se soit
un film expérimental. Je le nomme thriller parce
qu'il y a un mystère. Nous voulions faire un thriller
traditionnel, mais nous avons réalisé que
le public devait avoir quelque chose d'autre à se
raccrocher. L'expérimental c'est lorsque vous n'avez
pas de structure claire. Pi possède un structure
très bien définie, j'adore l'ordre, j'essaie
de suivre tous les rythmes traditionnels. La raison pour
laquelle j'ai fait cela, c'est que le public peut venir
et avoir finalement une sorte de confiance dans le film
parce que je ne voulais pas d'un film ennuyeux. Un public
qui s'ennuie c'est ce qu'il y a de pire. Je voulais tenir
l'audience inquiète, "que va-t-il se passer? Quel
est le chiffre? Que va-t-il arriver à Max?".
Si j'avais ça, je savais que je pouvais le faire.
Je peux faire un film au langage expérimental, utiliser
des thèmes, des idées mais finalement, c'est
réellement un thriller.
Objectif Cinéma :
Quel a été
pour vous le plus grand challenge en réalisant ce
film ?
Darren Aronofsky :
Je pense que ça devait être de rendre Max sympathique.
Parce que le film parle d'un homme qui est coupé
de ses émotions, il devient une pièce de son
ordinateur. Arriver à captiver le spectateur durant
90 minutes à propos de ça, était mon
plus grand challenge. Nous avions peur que les gens réagissent
mal "je ne veux pas voir ce type", alors on a travaillé
dur afin de le rendre plus sympathique.
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Objectif Cinéma :
Que pensez-vous des ordinateur
et de la technologie en générale ?
Darren Aronofsky :
Ils sont à la fois bons et mauvais. C'est vrai qu'actuellement
je suis très excité par rapport à Internet,
ce qu'on peut y faire. Connecter des gens entre eux c'est
incroyable. Je pense que c'est une très bonne chose
parce que la communication, c'est tout. Le manque de communication
est la pire des choses qui puissent arriver et on se bat
contre, et réaliser que des personnes de l'autre
côté du Pacifique ou de l'Atlantique pensent
la même chose fait tomber des barrières. Même
si l'on sait qu'il existe de grandes différences
entre les cultures, nous sommes similaires car humains.
C'est ce qui fait que nous sommes pareils, c'est tout simplement
remarquable. Ce que je veux dire c'est que le fait que vous
aimiez un film aussi étrange que Pi, comme
un américain, montre bien que nous vivons sur la
même planète.