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Philippe Torreton dans Ca commence aujourd'hui (c) D.R. PHILIPPE TORRETON
Acteur
Entretien réalisé
à Paris en février 1999
Par France Marie LACAILLE


Née en 1965 à Rouen il a suivit le Conservatoire d'art dramatique de Paris puis entra à la Comédie française qu'il quittera pour le cinéma sept ans plus tard. En dehors du théâtre il a joué pour de nombreux films de Bertrand Tavernier. L 627, L'Appât ainsi que Capitaine Conan pour lequel il recevra le César du meilleur acteur.

A l’occasion de la sortie de Ca commence aujourd'hui de Bertrand Tavernier, dans lequel il joue le directeur d'école maternelle, nous avons désiré en savoir un peu plus de cette expérience d’acteur face a de nombreux enfants.



  Ca commence aujourd'hui (c) D.R.

Objectif Cinéma : La première remarque qui vient à l’esprit en voyant le film, c’est que vous faites vraiment la classe… Comment avez-vous trouvé la force et l’énergie pour vous retrouver face à ces 30 enfants ?

Philippe Torreton : C’est avant tout le désir d’être à la hauteur de l’attente des enfants : c’est ça qui me faisait peur. Les enfants étaient issus d’une vraie classe, et non pas d’une classe recomposée pour les besoins du cinéma. Donc les enfants se connaissaient, avaient l’habitude de travailler ensemble. Mais par contre ils ne me connaissaient pas du tout, et moi non plus. Mon désir était de leur faire oublier que j’étais un instit occasionnel et qu’on allait faire semblant. Le challenge était qu’il n’y ait pas pour eux un instit qui fait n’importe quoi et le vrai a côté. Du coup cela a permis une relation vraie entre eux et moi, basée sur les vraies activités de l’école. J’ai essayé d’être comme le vrai instituteur, en racontant des histoires, en m’investissant dans la façon de raconter les histoires, de faire les comptines, les activités de découpage, d’écriture, dans la cour de l’école … Je jouais avec eux. Je m’amusais autant à être un instit que eux à être avec moi dans leurs activités à l’école.


Objectif Cinéma : C’est justement très réussi, notamment dans la scène avec l’inspecteur qui vous montre longuement exercer face aux enfants, et aussi dans la scène de la danse, lors de la fête de l’école, dans laquelle vous accompagnez les enfants pour les rassurer … Vous apparaissez vraiment comme un instituteur, et c’est un performance lorsque que l’on connaît les enfants, qui ont leur propre rythme, et une capacité d’attention limité, surtout si jeunes.

Philippe Torreton : c’est justement ce qui me faisait un peu peur, je craignais qu’ils soient un peu moins réceptifs à moi, à ce que j’allais leur dire. J’avais peur qu’ils n’acceptent pas ce jeu même si ils avaient été bien préparés à l’avance par l’équipe du film et notamment par Tiffany Tavernier qui était là depuis très longtemps, qui leur a expliqué ce qu’était un film, une caméra, qui leur a raconté l’histoire, et ce qu’on allait faire. Donc ils savaient que quelque chose de bizarre allait se passer. Mais entre ce quelque chose de bizarre et la réalité de ce que c’était, il y avait un petit pas à franchir que j’appréhendais. Ce qui est incroyable avec les enfants, c’est qu’ils vous mettent tout de suite au diapason avec les vraies choses. L’erreur aurait été de préméditer trop de choses avant, de s’embarquer dans des considérations de personnages. Il fallait simplement être présent avec eux, y aller, mettre sa pudeur et sa timidité de côté. Il est vrai que les enfants intimident. Avec eux, le moindre incident est noté, amplifié, déformé par les 30 enfants. La moindre petite goutte de sueur qui trahit une petite crispation et c’est tout de suite (Philippe prend une vois enfantine) " Oh, pourquoi tu sues ? Oh, pourquoi ça coule sur ta joue ? Tu pleures ? " ou quand je me trompe sur le prénom d’un élève, c’est aussitôt " Ah, non, tu t’es trompé ! " … Il faut dire que ça c’est bien passé, alors c’est extrêmement agréable. Mais en même temps je ne vois pas comment ça aurait pu mal se passer.