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Tournage - Ca commence aujourd'hui (c) D.R.
Objectif Cinéma : Avec les enfants c’est la vérité qui fait que ça marche…

Philippe Torreton : Exactement. On n’a pas à tricher du tout avec eux. Ni moi en faisant la classe, ni Bertrand. Bertrand leur parlait beaucoup, il leur expliquait à chaque fois ce qu’on allait faire, les assistants et les techniciens aussi … Tout le monde répondait aux questions des enfants sans rester engoncé dans leur tâche à ne faire que leur boulot. Tout le monde était présent avec les enfants, attentifs, souriant … La preuve c’est que les enfants faisaient des dessins autant pour moi que pour Bertrand, pour Tiffany, pour le chef électro, pour le chef machiniste … Tout le monde rayonnait.


Objectif Cinéma : On a l’impression que vous êtes un peu partie prenante dans la création, " presque auteur ", dans le sens où vous donnez une justesse à l’histoire en elle-même au delà du simple fait de jouer. Comment avez vous ressenti l’histoire en elle-même ?

Philippe Torreton
 : Cette histoire m’intéresse au plus haut point. Il y a des gens qui disent qu’entre Capitaine Conan et Ca commence aujourd’hui je n’ai pas tourné. Mais ce n’est pas parce que je me préserve pour travailler avec Bertrand Tavernier, c’est parce que le seul sujet qui m’a vraiment plu au point de le tourner, c’est Bertrand qui me l’a proposé. Et puis ma femme, avec qui je viens de tourner un film mais c’était quelques mois après. Je recherche des histoires, des scénarios qui donnent envie de s’y consacrer corps et âmes, de s’y plonger. Et ce quel que soit le sujet du film puisque mon prochain film, réalisé par ma femme, Anne-Marie Etienne, est une comédie, de style anglo-saxon. Donc on est loin de Ca commence aujourd’hui. Mais pourtant à chaque fois ce sont des sujets qui me bouleversent au point de pouvoir à chaque fois vivre jour après jour le tournage pleinement. Je peux aussi parler du film, mais pas seulement de mon point de vue de comédien. Je peux parler des gens que j’ai rencontré, et même à la limite un peu techniquement, parce qu’on en a parlé avec Bertrand. Ce qui m’intéresse finalement c’est d’oublier le fait que je sois simplement acteur ; je fais partie d’une équipe de gens et on va faire un film, point. Après, accessoirement, il se trouve que je suis l’acteur. Mais sur le tournage ça ne se passe pas comme ça. En plus comme c’est la même équipe depuis L627, ça fait 4 films, on n’est plus dans les repères habituels du cinéma, avec le cliché de l’acteur trépignant sur une chaise en attendant que ce soit à lui, on est tous en train de faire un film. C’est ça que je recherche, et au théâtre c’est pareil.


  Ca commence aujourd'hui (c) D.R.
Objectif Cinéma : Vous trouvez peut être plus de sujets propices à vos envies au théâtre justement ?

Philippe Torreton : Au théâtre, cela ne dépend pas seulement de la pièce. C’est vrai qu’on pourrait penser qu’il y a tout un choix de pièces toutes plus prestigieuses les unes que les autres. Mais c’est aussi avec qui on va la jouer, avec quel metteur en scène, dans quel théâtre, dans quelles conditions … Je crois surtout que les belles aventures sont rares donc tant que j’ai la possibilité de choisir, j’essaie de suivre cette voie. Mais c’est vrai que j’aime les sujets comme ça, qui permettent un tel investissement et d’être en contact avec une réalité ; que ce soit d’ailleurs avec Capitaine Conan ou L627, à chaque fois de toutes façons avec Bertrand on est mis au contact d’une réalité, passionnante, dérangeante, qui nous plonge dans les métiers, chez les gens.


Objectif Cinéma : Quand on voit ses films, de L627 à Ca commence aujourd’hui, on a justement l’impression qu’avec Bertrand Tavernier, vous travaillez en symbiose à une exploration de la société, à laquelle participe le spectateur de par l’énergie commune que dégage le film au profit de la réalité du sujet.

Philippe Torreton : Chez les autres comédiens c’est étonnant. Pour moi c’est facile, parce qu’on comprend que le rôle principal participe au film en s’investissant un peu plus que 100 % encore que ce ne soit pas vrai pour tous les films. C’est une atmosphère. Pour tous les gens qui viennent tourner pendant seulement deux jours, pour jouer les nombreux petits rôles du film, ça leur permet de se retrouver plongés dans l’univers du film. Tout le monde est pris dans un tourbillon que crée Bertrand. Et les gens qui arrivent perdent très vite l’impression d’arriver comme des étrangers sur un plateau de cinéma, pour faire sa petite scène et s’en aller : les gens sont pris dans l’histoire, Bertrand les accapare, leur raconte les anecdotes qui se sont passées avant qu’ils arrivent. Tout le monde est accueillant et on a l’impression, à chaque fois, qu’une vraie famille de comédiens se crée. Alors qu’il y a pleins de gens qui tournaient pour la première fois avec Bertrand, que ce soit Nadia Kaci qui joue la puéricultrice, Nathalie Bécue qui fait mon assistante maternelle …