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Objectif Cinéma :
Alors… les personnages et la légende
de Blair Witch Project existent-ils réellement ?
David Myrick et Eduardo Sanchez
: (rire) Non, le film est une fiction totale.
Objectif Cinéma :
Pourquoi alors avoir choisi le réel
comme mode de narration, et la nécessité de
laisser la caméra tourner même lorsque le pire
des cauchemars est en train d'arriver ?
Eduardo Sanchez : C'est une
convention dans le traitement de la réalité
qui est souvent utilisée dans les vidéos, les
reportages, comme par exemple dans l’émission Cops
(Ndlr : émission de TV américaine qui présente
des reportages recréant des arrestations effectuées
par la police), cette idée de faire une vidéo
en prétendant que c'est la réalité. Blair
Witch joue avec ces conventions : faire croire que
ce que vous voyez est réel.
Objectif Cinéma :
C’est tout de même une
réalité, même si c'est une réalité
truquée…
Eduardo Sanchez : oui car à
l’heure actuelle, la caméra prend tout ce qui se passe.
Maintenant les caméras vidéos sont partout dans
la rue, et le but du jeu est de tromper le spectateur en lui
faisant croire que tout cela est vrai. C'est ce principe qui
fait la force de Blair Witch.
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Objectif Cinéma :
Il y a une scène dans le film
où Heather parle à la caméra et s'excuse
en disant "c'est ma faute … ". Pensez-vous qu'un réalisateur
soit parfois un bourreau ?
Eduardo Sanchez : Les personnages
du film gagnent finalement à être des réalisateurs
débutant et donc naïfs par rapport à ce
métier. Ils se rendent compte que ce n’est pas facile.
Heather en particulier a toujours sous estimé le pouvoir
de la forêt, elle n'a pensé qu'à son projet,
et à braquer la caméra sur ses copains. C'est
ça qui la rend sympathique et permet au spectateur
de la plaindre, et c'est d'autant plus marquant dans la scène
finale.
Objectif Cinéma :
On éprouve effectivement de
la sympathie pour elle, mais elle a aussi un côté
maléfique, et on finit par se demander si ce n'est
pas elle …
Eduardo Sanchez : Elle n'est
pas maléfique mais responsable : ils ne seraient
pas là si elle n'avait pas ce projet. De plus, elle
est tellement obsédée par la sorcière
qu'elle oublie complètement qu'ils peuvent être
en danger. C’est toute la dichotomie du film : il y a
des gens qui pensent que c'est une " connasse "
et une " chieuse " et d'autres qui pensent
que c'est juste une jeune femme à fort caractère,
qui guide les garçons à travers la forêt.
C'est comme la vie, c'est une série d'ambiguïté,
rien n'est blanc ou noir.
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