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David Myrick & Eduardo Sanchez (c) D.R. DAVID MYRICK
& EDUARDO SANCHEZ

Réalisateurs
Entretien réalisé le 19 mai 1999 à Cannes
P ar France Marie LACAILLE


Atmosphère angoissée sur la Croisette deux heures après la projection de The Blair Witch Project. L’histoire terrifiante de la disparition de trois étudiants en cinéma dans une forêt hantée remporte un vif succès parmi les festivaliers.

Rencontre avec David Myrick et Eduardo Sanchez, les deux réalisateurs récemment diplômés de l’université et déjà remarqués lors du Festival de Sundance.



  The Blair Witch Project (c) D.R.

Objectif Cinéma : Alors… les personnages et la légende de Blair Witch Project existent-ils réellement ?

David Myrick et Eduardo Sanchez : (rire) Non, le film est une fiction totale.


Objectif Cinéma : Pourquoi alors avoir choisi le réel comme mode de narration, et la nécessité de laisser la caméra tourner même lorsque le pire des cauchemars est en train d'arriver ?

Eduardo Sanchez : C'est une convention dans le traitement de la réalité qui est souvent utilisée dans les vidéos, les reportages, comme par exemple dans l’émission Cops (Ndlr : émission de TV américaine qui présente des reportages recréant des arrestations effectuées par la police), cette idée de faire une vidéo en prétendant que c'est la réalité. Blair Witch joue avec ces conventions : faire croire que ce que vous voyez est réel.


Objectif Cinéma : C’est tout de même une réalité, même si c'est une réalité truquée…

Eduardo Sanchez : oui car à l’heure actuelle, la caméra prend tout ce qui se passe. Maintenant les caméras vidéos sont partout dans la rue, et le but du jeu est de tromper le spectateur en lui faisant croire que tout cela est vrai. C'est ce principe qui fait la force de Blair Witch.


The Blair Witch Project (c) D.R.

Objectif Cinéma : Il y a une scène dans le film où Heather parle à la caméra et s'excuse en disant "c'est ma faute … ". Pensez-vous qu'un réalisateur soit parfois un bourreau ?

Eduardo Sanchez : Les personnages du film gagnent finalement à être des réalisateurs débutant et donc naïfs par rapport à ce métier. Ils se rendent compte que ce n’est pas facile. Heather en particulier a toujours sous estimé le pouvoir de la forêt, elle n'a pensé qu'à son projet, et à braquer la caméra sur ses copains. C'est ça qui la rend sympathique et permet au spectateur de la plaindre, et c'est d'autant plus marquant dans la scène finale.


Objectif Cinéma : On éprouve effectivement de la sympathie pour elle, mais elle a aussi un côté maléfique, et on finit par se demander si ce n'est pas elle …

Eduardo Sanchez : Elle n'est pas maléfique mais responsable : ils ne seraient pas là si elle n'avait pas ce projet. De plus, elle est tellement obsédée par la sorcière qu'elle oublie complètement qu'ils peuvent être en danger. C’est toute la dichotomie du film : il y a des gens qui pensent que c'est une " connasse " et une " chieuse " et d'autres qui pensent que c'est juste une jeune femme à fort caractère, qui guide les garçons à travers la forêt. C'est comme la vie, c'est une série d'ambiguïté, rien n'est blanc ou noir.