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Bernard Benoliel (c) D.R. BERNARD BENOLIEL
Délégué général du festival de Belfort
Responsable du département
de la Diffusion Culturelle
de la Cinémathèque Française
Entretien réalisé
le 18 décembre 2002 à Paris
Par Yves GAILLARD


Bernard Bénoliel est un homme comblé : alors qu’il dirige depuis 1998 le département de la Diffusion Culturelle de la Cinémathèque Française (service-interface entre la Cinémathèque et les sollicitations de l’extérieur pour des prêts de copies), Bernard Bénoliel a été " adoubé " il y a deux ans par Janine Bazin pour prendre sa succession à la tête du festival " Entrevues " de Belfort. L’édition 2002 ayant satisfait la double exigence de la qualité des programmations et de l’affluence, le choix à priori peu évident d’un pur produit de l’équipe Cinémathèque pour diriger le casse-tête qu’est l’organisation de tout festival se révèle des plus judicieux. Cette édition 2002 comportait cependant une difficulté de taille, l’implantation du festival dans le multiplexe " Le cinéma des quais ", désormais seul espace dédié au cinéma dans cette ville de 50000 habitants. Mais par une force de conviction qui le caractérise sans doute assez justement, Bernard Bénoliel est parvenu à imposer une programmation à la hauteur de la réputation du festival.

En redéployant l’identité du festival de Belfort avec des sélections " hors-compétition " (hommages et rétrospectives), aussi audacieuses qu’exigeantes, Bernard Bénoliel a réalisé avec l’édition 2002 de Belfort une véritable " leçon de programmation ", aux confluents de l’Ancien et du Nouveau, tout en resserrant un peu plus les liens qui unissent le festival franc-comtois et l’institution Cinémathèque Française. Entretien.



  Medvedkine (c) D.R.

Objectif Cinéma : Existe-t-il un projet de reprise à Paris des films sélectionnés à Belfort ?

Bernard Bénoliel : Nous n’avons pas travaillé sur ce projet car plusieurs personnes nous ont dit que ça ne marcherait pas. Mais si j’avais suivi systématiquement de tels avis, je n’aurais pas programmé non plus les films du Groupe Medvedkine ! Donc, il ne faut pas en tenir compte, mais réfléchir de nouveau à cela : reprendre le palmarès à la Cinémathèque sur une journée ou un week-end, ou trouver le bon partenariat avec un cinéma. Notre ambition est, bien entendu, de faire en sorte que les films présentés en compétition à Belfort soient vus ensuite ailleurs. Je n’ai pas d’inquiétude pour certains films comme Les jours où je n’existe pas de Jean-Charles Fitoussi (Grand Prix 2002 à Belfort) qui sort en salles en mars 2003. En revanche, je ne suis pas sûr que des films plus fragiles ou étrangers trouvent un débouché.


Objectif Cinéma : Il existe un lien fort entre le festival de Belfort et la Cinémathèque…

Bernard Bénoliel : J’en suis tout à fait ravi. Ce lien m’est antérieur. Janine Bazin, par sa cinéphilie, sa filiation, son goût, a noué ce partenariat, qui n’a d’ailleurs jamais été formulé ni contractualisé comme un partenariat. C’est vraiment elle qui a noué cette relation avec la Cinémathèque. À tel point que lorsque la Cinémathèque a fêté ses 60 ans en 1996, elle les a aussi fêtés à EntreVues, avec un programme démentiel : 60 films issus des collections de la Cinémathèque, chacun de ses membres écrivant un texte sur un film pour le catalogue. Janine a aussi donné une partie de l’identité de la programmation du festival : la dimension patrimoniale, " les chantiers de la mémoire ", ce qu’elle a appelé " vivre la mémoire du cinéma ". Je pense que c’est l’une des raisons pour lesquelles elle m’a choisi : travaillant à la Cinémathèque, c’était à travers moi l’idée d’une perpétuation, la continuité de cette politique-là. En connaissant mes convictions et mon parcours personnel, Janine savait que j’allais privilégier d’un côté le patrimoine, et de l’autre, la compétition, le cinéma contemporain.