Bernard Bénoliel
 est un homme comblé : alors qu’il dirige depuis
 1998 le département de la Diffusion Culturelle de la
 Cinémathèque Française (service-interface
 entre la Cinémathèque et les sollicitations
 de l’extérieur pour des prêts de copies), Bernard
 Bénoliel a été " adoubé "
 il y a deux ans par Janine Bazin pour prendre sa succession
 à la tête du festival " Entrevues "
 de Belfort. L’édition 2002 ayant satisfait la double
 exigence de la qualité des programmations et de l’affluence,
 le choix à priori peu évident d’un pur produit
 de l’équipe Cinémathèque pour diriger
 le casse-tête qu’est l’organisation de tout festival
 se révèle des plus judicieux. Cette édition
 2002 comportait cependant une difficulté de taille,
 l’implantation du festival dans le multiplexe " Le
 cinéma des quais ", désormais seul
 espace dédié au cinéma dans cette ville
 de 50000 habitants. Mais par une force de conviction qui le
 caractérise sans doute assez justement, Bernard Bénoliel
 est parvenu à imposer une programmation à la
 hauteur de la réputation du festival. 
  
 En redéployant l’identité du festival de Belfort
 avec des sélections " hors-compétition "
 (hommages et rétrospectives), aussi audacieuses qu’exigeantes,
 Bernard Bénoliel a réalisé avec l’édition
 2002 de Belfort une véritable " leçon
 de programmation ", aux confluents de l’Ancien et
 du Nouveau, tout en resserrant un peu plus les liens qui unissent
 le festival franc-comtois et l’institution Cinémathèque
 Française. Entretien. 
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 Objectif
 Cinéma : Existe-t-il
 un projet de reprise à Paris des films sélectionnés
 à Belfort ? 
  
 Bernard Bénoliel : Nous
 n’avons pas travaillé sur ce projet car plusieurs personnes
 nous ont dit que ça ne marcherait pas. Mais si j’avais
 suivi systématiquement de tels avis, je n’aurais pas
 programmé non plus les films du Groupe Medvedkine !
 Donc, il ne faut pas en tenir compte, mais réfléchir
 de nouveau à cela : reprendre le palmarès
 à la Cinémathèque sur une journée
 ou un week-end, ou trouver le bon partenariat avec un cinéma.
 Notre ambition est, bien entendu, de faire en sorte que les
 films présentés en compétition à
 Belfort soient vus ensuite ailleurs. Je n’ai pas d’inquiétude
 pour certains films comme Les jours où je n’existe
 pas de Jean-Charles Fitoussi (Grand Prix 2002 à
 Belfort) qui sort en salles en mars 2003. En revanche, je
 ne suis pas sûr que des films plus fragiles ou étrangers
 trouvent un débouché. 
  
  
 Objectif Cinéma :
 Il existe un lien fort entre le festival de Belfort et la
 Cinémathèque… 
  
 Bernard Bénoliel :
 J’en suis tout à fait ravi. Ce lien m’est antérieur.
 Janine Bazin, par sa cinéphilie, sa filiation, son
 goût, a noué ce partenariat, qui n’a d’ailleurs
 jamais été formulé ni contractualisé
 comme un partenariat. C’est vraiment elle qui a noué
 cette relation avec la Cinémathèque. À
 tel point que lorsque la Cinémathèque a fêté
 ses 60 ans en 1996, elle les a aussi fêtés à
 EntreVues, avec un programme démentiel : 60 films issus
 des collections de la Cinémathèque, chacun de
 ses membres écrivant un texte sur un film pour le catalogue.
 Janine a aussi donné une partie de l’identité
 de la programmation du festival : la dimension patrimoniale,
 " les chantiers de la mémoire ",
 ce qu’elle a appelé " vivre la mémoire
 du cinéma ". Je pense que c’est l’une des
 raisons pour lesquelles elle m’a choisi : travaillant
 à la Cinémathèque, c’était à
 travers moi l’idée d’une perpétuation, la continuité
 de cette politique-là. En connaissant mes convictions
 et mon parcours personnel, Janine savait que j’allais privilégier
 d’un côté le patrimoine, et de l’autre, la compétition,
 le cinéma contemporain. 
  
  
  
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