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Objectif
Cinéma : Comment
vous situez-vous par rapport à la question des " exclusivités ",
en quoi est-ce une dimension importante de l’identité
du festival de Belfort ?
Bernard Bénoliel :
La question des exclusivités m’importe peu. Le
film peut être vu dans dix-huit festivals ou dans un
seul, il n’a de toute façon pas été vu
par les spectateurs de Belfort. On travaille juste à
conserver l’identité d’EntreVues, c’est-à-dire
un travail de recherche, très en amont : par exemple,
Wesh Wesh, qu’est-ce qui se passe ? a été
vu à Belfort pour la première fois l’année
dernière, et il reçoit aujourd’hui le prix Louis
Delluc… Mais ce n’est pas une course à l’exclusivité
dans le seul but de mettre partout un tampon " première
mondiale ". Nous y faisons attention, mais ce n’est
pas un critère déterminant. Les sélectionneurs
Frank Bauvais et Dominique Marchais sont très attentifs
à ce travail de recherche, mais ce n’est pas une manière
de se positionner par rapport à d’autres festivals
ou d’impressionner la presse ; c’est tout simplement
le signe qu’on fait bien notre travail " de saumon ",
et qu’on remonte le courant pour chercher en amont ce qu’on
peut y trouver.
Objectif Cinéma :
Comment se gère la " double casquette "
de délégué général du festival
EntreVues et de directeur d’un département de la Cinémathèque
Française ?
Bernard Bénoliel :
Ce sont les deux faces d’une même pièce. De plus
en plus, j’ai le sentiment que ce que j’apprends à
la Cinémathèque nourrit Belfort, et que ce que
je fais à Belfort aide la Cinémathèque,
en termes d’image, de circulation, de programmation… Pour
moi c’est devenu quasi-consubstantiel… Je fais l’un et l’autre,
sans qu’il y ait de différences. En plus, du point
de vue de la Cinémathèque, tout est clairement
accepté et affiché : je ne travaille ni
dans l’ombre, ni dans la clandestinité… Il est évident
que des programmations Paul Léni (cette année)
ou Sternberg (l’année dernière) ne me viendraient
pas forcément à l’esprit si je n’avais pas ces
discussions à la Cinémathèque sur les
tirages, les restaurations, la sauvegarde…
On peut prendre l’exemple de Paul Léni : je savais
que la Cinémathèque avait dans ses collections
trois de ses réalisations, Le Dernier Avertissement,
L’Homme qui rit, Le Cabinet des Figures de Cire…
Claudine Kaufmann, responsable des collections films, m’a
alors appris qu’elle venait de sauvegarder un de ses tous
premiers films, Escalier de service. Je l’ai visionné,
et tout en le trouvant intéressant, j’ai pensé
qu’il n’était pas programmable seul. Cela m’a donné
par contre l’idée de programmer les trois autres.
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Objectif
Cinéma : Les autres
départements de la Cinémathèque participent-t-ils
aussi à la réalisation du festival ?
Bernard Bénoliel :
Cela arrive. Olivier Père, qui travaille au service
programmation de la Cinémathèque, est engagé
contractuellement par EntreVues pour m’aider dans la recherche
de copies. Lorsqu’une rétrospective (cette année,
Michael Cimino) est programmée à la fois à
Belfort et à la Cinémathèque, le travail
de recherche des copies est bien évidemment valable
pour les deux manifestations.
Cela s’est passé de la même manière l’année
dernière avec Skolimowski : s’il est venu à
Belfort et à la Cinémathèque, c’est parce
que les deux évènements étaient conjoints,
l’un à la suite de l’autre. Il était donc davantage
motivé pour venir. Mais cela fonctionne aussi parce
que je travaille au quotidien avec Jean-François Rauger
(directeur de la programmation de la Cinémathèque,
ndr). Nous sommes très amis et les choses circulent
vraiment entre nous. Même si on a pas forcément
les mêmes goûts et les mêmes intérêts,
on se reconnaît forcément sur l’essentiel. La
communion cinéphilique classique est énorme,
c’est à partir d’elle que tout se concrétise.
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