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Objectif
Cinéma : Vous sollicite-t-on
pour des rétrospectives " clé en main " ?
Bernard Bénoliel :
Le service de la diffusion culturelle n’est pas un self-service,
nous ne sommes pas là pour faire le travail à
la place des programmateurs. C’est à eux de travailler
en amont. Ils auront alors une idée claire de ce qu’ils
désirent, et qui a une idée claire a une demande
claire. Cela dit, comme je connais les films qui ont des éléments
de conservation, ou qui ont été restaurés
et sauvegardés, je peux parfois leur glisser quelques
titres et faire en sorte que certains films, qui ne sortiraient
pas autrement, puissent voyager…
Objectif Cinéma : La
Cinémathèque s’offre en référence pour
le patrimoine ? Les demandes doivent être nombreuses…
Bernard Bénoliel :
Bien sûr. La Cinémathèque a une aura plus
grande que sa réalité : c’est à
la fois une force, et parfois aussi une difficulté
au quotidien. Les gens pensent que les collections de la Cinémathèque
Française représentent toute l’Histoire
du Cinéma. Lorsqu’on leur annonce ce qu’on a dans les
collections, on se heurte parfois à une incompréhension :
ils pensent qu’on leur cache des choses. Cela dit, il arrive
qu’on cache effectivement des choses parce qu’on a nos raisons :
nous sommes des archives, non un self-service encore une fois.
Toute la difficulté est là : comment arriver
à répondre à une attente, qui est pour
une part imaginaire, pour une part réelle ? Et
comment, dès lors, peut-on répondre à
cette attente ? Il y a différentes manières,
mais la première, c’est de répondre à
tout le monde. Tout le monde a droit à une réponse,
même négative. La deuxième chose,
c’est de répondre que nous n’avons pas cette copie
dans nos collections, et qu’il vaut mieux s’adresser au distributeur
en priorité. Ou encore de renvoyer aux collections
des Archives du Film, et aux ayants droits qui possèdent
peut-être une copie du film. Cela devient un jeu de
piste pour les diriger ou les orienter.
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Objectif
Cinéma : Et vous
répondez véritablement à tout le monde ?
Bernard Bénoliel :
Oui, c’est la difficulté. Lorsque d’un côté
la Cinémathèque de Toulouse nous adresse une
demande, et que de l’autre un particulier réclame
un film en vidéo, nous répondons aux deux,
mais pas de la même façon. Nous prêtons
la copie demandée à Toulouse, et nous expliquons
au particulier que nous ne sommes pas un vidéo-club.
Nous lui donnons alors l’adresse de la Bifi (Bibliothèque
du Film) ou de vidéo clubs spécialisés
- s’il habite Paris. La Cinémathèque n’a pas
vocation de satisfaire les désirs de tout le monde,
et en même temps, on a l’impression, à bien
regarder la façon dont sont formulées les
demandes, que la Cinémathèque peut tout.
Donc il faut aussi entretenir cette dimension d’imaginaire,
qui fait une institution : ce n’est pas seulement
ce qu’elle est capable de faire, mais le pouvoir
que les autres lui prêtent. C’est ce qui fait aussi
vivre une institution, c’est ce qui la rend forte, par rapport
à ceux qui souhaitent qu’elles disparaissent, par
rapport à la tutelle. C’est aussi ce qui la
fait exister de manière identitaire et autonome.
Si on ne peut pas toucher à la Cinémathèque
Française, c’est parce qu’elle est réellement
puissante, par ses collections bien sûr, mais aussi
parce qu’elle est symboliquement forte. Si elle perd du
symbolique et de la puissance imaginaire, elle est prenable.
Donc, voilà pourquoi il faut répondre à
tout le monde !
Objectif Cinéma :
Quels rapports entretient le Département
avec les autres services de la Cinémathèque ?
Bernard Bénoliel :
Quand nous diffusons telle ou telle copie, notre travail
est de nous assurer que ce film n’est pas ou ne va pas être
programmé par la Cinémathèque au moment
même où il doit être diffusé à
l’extérieur. C ‘est donc un travail de concertation
et de cohérence sur la programmation pour éviter
d’être deux sur une même copie.
La relation avec le service des collections films est très
importante. Je suis en contact régulier avec Claudine
Kaufmann pour être au courant des restaurations et
des sauvegardes récentes, savoir ce qu’elle a vu
d’intéressant, ce qui est diffusable, s’il y a des
inter-titres français dans telle copie, anglaise,
allemande…
En fin d’année, je fais un peu le " best
of " des sorties. Je peux alors dire à
Claudine que la copie de tel film de Capra, sortie 10 fois
cette année, est abîmée, ou que telle
copie de The River de Borzage est vraiment épuisée
et nécessite de se remettre en contact avec la Cinémathèque
Suisse pour en tirer une nouvelle.
En fonction des titres pour lesquels je sais que nous avons
du matériel de tirage, je lui fais une liste des
" gagnants ", et je lui envoie pour
qu’elle fasse des retirages de copies nouvelles. Une fois
qu’on a les matrices, que ce soit un contretype ou un marron,
on peut tirer les copies dont on a besoin.
Le département de la Diffusion est nourri en amont
par le travail des Collections films et celui, très
important, du département des Enrichissements (les
nouveaux dépôts, autrement dit les copies déposées
par des personnes privées ou distributeurs en fin
de droit). En aval, je fais remonter toutes les informations
possibles aux collections films.