Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
  Henri Langlois (c) D.R.
Objectif Cinéma : Vous sollicite-t-on pour des rétrospectives " clé en main " ?

Bernard Bénoliel : Le service de la diffusion culturelle n’est pas un self-service, nous ne sommes pas là pour faire le travail à la place des programmateurs. C’est à eux de travailler en amont. Ils auront alors une idée claire de ce qu’ils désirent, et qui a une idée claire a une demande claire. Cela dit, comme je connais les films qui ont des éléments de conservation, ou qui ont été restaurés et sauvegardés, je peux parfois leur glisser quelques titres et faire en sorte que certains films, qui ne sortiraient pas autrement, puissent voyager…


Objectif Cinéma : La Cinémathèque s’offre en référence pour le patrimoine ? Les demandes doivent être nombreuses…

Bernard Bénoliel : Bien sûr. La Cinémathèque a une aura plus grande que sa réalité : c’est à la fois une force, et parfois aussi une difficulté au quotidien. Les gens pensent que les collections de la Cinémathèque Française représentent toute l’Histoire du Cinéma. Lorsqu’on leur annonce ce qu’on a dans les collections, on se heurte parfois à une incompréhension : ils pensent qu’on leur cache des choses. Cela dit, il arrive qu’on cache effectivement des choses parce qu’on a nos raisons : nous sommes des archives, non un self-service encore une fois. Toute la difficulté est là : comment arriver à répondre à une attente, qui est pour une part imaginaire, pour une part réelle ? Et comment, dès lors, peut-on répondre à cette attente ? Il y a différentes manières, mais la première, c’est de répondre à tout le monde. Tout le monde a droit à une réponse, même négative. La deuxième chose, c’est de répondre que nous n’avons pas cette copie dans nos collections, et qu’il vaut mieux s’adresser au distributeur en priorité. Ou encore de renvoyer aux collections des Archives du Film, et aux ayants droits qui possèdent peut-être une copie du film. Cela devient un jeu de piste pour les diriger ou les orienter.


The River (c) D.R.

Objectif Cinéma : Et vous répondez véritablement à tout le monde ?

Bernard Bénoliel : Oui, c’est la difficulté. Lorsque d’un côté la Cinémathèque de Toulouse nous adresse une demande, et que de l’autre un particulier réclame un film en vidéo, nous répondons aux deux, mais pas de la même façon. Nous prêtons la copie demandée à Toulouse, et nous expliquons au particulier que nous ne sommes pas un vidéo-club. Nous lui donnons alors l’adresse de la Bifi (Bibliothèque du Film) ou de vidéo clubs spécialisés - s’il habite Paris. La Cinémathèque n’a pas vocation de satisfaire les désirs de tout le monde, et en même temps, on a l’impression, à bien regarder la façon dont sont formulées les demandes, que la Cinémathèque peut tout. Donc il faut aussi entretenir cette dimension d’imaginaire, qui fait une institution : ce n’est pas seulement ce qu’elle est capable de faire, mais le pouvoir que les autres lui prêtent. C’est ce qui fait aussi vivre une institution, c’est ce qui la rend forte, par rapport à ceux qui souhaitent qu’elles disparaissent, par rapport à la tutelle. C’est aussi ce qui la fait exister de manière identitaire et autonome. Si on ne peut pas toucher à la Cinémathèque Française, c’est parce qu’elle est réellement puissante, par ses collections bien sûr, mais aussi parce qu’elle est symboliquement forte. Si elle perd du symbolique et de la puissance imaginaire, elle est prenable. Donc, voilà pourquoi il faut répondre à tout le monde !


Objectif Cinéma : Quels rapports entretient le Département avec les autres services de la Cinémathèque ?

Bernard Bénoliel : Quand nous diffusons telle ou telle copie, notre travail est de nous assurer que ce film n’est pas ou ne va pas être programmé par la Cinémathèque au moment même où il doit être diffusé à l’extérieur. C ‘est donc un travail de concertation et de cohérence sur la programmation pour éviter d’être deux sur une même copie.

La relation avec le service des collections films est très importante. Je suis en contact régulier avec Claudine Kaufmann pour être au courant des restaurations et des sauvegardes récentes, savoir ce qu’elle a vu d’intéressant, ce qui est diffusable, s’il y a des inter-titres français dans telle copie, anglaise, allemande…

En fin d’année, je fais un peu le " best of " des sorties. Je peux alors dire à Claudine que la copie de tel film de Capra, sortie 10 fois cette année, est abîmée, ou que telle copie de The River de Borzage est vraiment épuisée et nécessite de se remettre en contact avec la Cinémathèque Suisse pour en tirer une nouvelle.

En fonction des titres pour lesquels je sais que nous avons du matériel de tirage, je lui fais une liste des " gagnants ", et je lui envoie pour qu’elle fasse des retirages de copies nouvelles. Une fois qu’on a les matrices, que ce soit un contretype ou un marron, on peut tirer les copies dont on a besoin.

Le département de la Diffusion est nourri en amont par le travail des Collections films et celui, très important, du département des Enrichissements (les nouveaux dépôts, autrement dit les copies déposées par des personnes privées ou distributeurs en fin de droit). En aval, je fais remonter toutes les informations possibles aux collections films.