Objectif Cinéma :
Combien de copies sont en ce moment
en circulation ?
Bernard Bénoliel :
Je ne connais pas le chiffre exact, les statistiques du service
nous rendent compte des mouvements sur 2 mois : généralement,
c’est entre 150 et 200 copies qui circulent en deux mois.
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Objectif
Cinéma : Y a-t-il
une centralisation des informations sur les possesseurs de
droits, qui permettrait de faciliter la recherche des ayants
droits ?
Bernard Bénoliel :
Non. Normalement, un service est habilité à
faire cela, c’est le Registre Public du C.N.C. Cela dit, les
ayant droits n’ont pas l’obligation légale de donner
l’information au Registre Public. Mais si le Registre Public
n’a pas l’information, il a l’information de l’ancien ayant-droit,
et c’est déjà ça : l’ancien ayant
droit sait peut-être où est le nouveau... Mais
cela tourne très vite au jeu de piste. La Cinémathèque
peut aider, si la question porte sur certains titres
qu’elle a l’habitude de diffuser, elle peut alors savoir qui
est l’ayant droit, mais ce n’est pas sa vocation. Et les catalogues
tournent tellement vite… Pour le demandeur, c’est parfois
une véritable chasse au Snark. Lorsque je vois qu’un
demandeur a parfois fait le tour de la planète pour
retrouver un ayant droit, on lui propose alors la " lettre
de décharge " . C’est une formule officielle
et canonisée, qui garantit que la Cinémathèque
ne peut pas être tenue pour responsable, et que si l’ayant
droit se manifeste à posteriori, c’est le demandeur
qui le règlera. D’autre part, celui-ci indique dans
la lettre la liste des démarches entreprises pour essayer
de retrouver l’ayant droit. C’est parfois ubuesque :
je me souviens que les demandeurs d’une copie de Zelig
(Woody Allen), film relativement récent, n’ont jamais
pu retrouver l’ayant droit ! On leur a donc proposé
la lettre de décharge.
Objectif Cinéma :
La création du département
a-t-il fait évoluer les mentalités vis-à-vis
des questions de la valorisation du patrimoine ?
Bernard Benoliel : Oui,
relayé par le travail de festivals souvent dirigés
par des cinémathèques elles-mêmes ;
je pense à Bologne, où le cinéma muet
est à l’honneur. Cela devient une raison supplémentaire
de visibilité. En deux ans, le nombre de films issus
des collections de la Cinémathèque Française
et demandés pour le festival du cinéma muet
s’est véritablement développé. Il ne
faut jamais dire " cinéma muet "…
Récemment, le Forum des Images m’a demandé La
Guerre du Feu de Jean-Jacques Annaud J’ai accepté,
tout en leur suggérant de passer juste avant une version
de La Guerre du Feu de 1914, une autre adaptation du
roman de Rosny Ainé en deux bobines. C’est peut-être
anecdotique, mais en même temps j’ai glissé un
peu de cinéma muet. Tout comme pour le cinéma
" régional ", le cinéma
muet n’est pas " muet ", c’est du cinéma.
Il faut le montrer partout, dans les festivals, dans les multiplexes,
dans les salles de cinéma, c’est comme ça qu’il
vit.
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