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À travers un plan, je montre
une chose indispensable au récit ou au personnage,
et si je mets la caméra à un endroit précis,
c'est pour une raison précise, que je ne connais
pas toujours d'ailleurs (rires). C'est parfois vraiment
du ressenti. Je sais que la caméra est à sa
bonne place mais je l'ai trouvé de façon empirique,
en me déplaçant, en cherchant avec un viseur,
etc.
Objectif Cinéma
: Vous n'avez pas d'idées
préconçues quand vous arrivez sur le plateau
?
Lucas Belvaux
: Si, mais elles ne sont pas toujours bonnes
Objectif Cinéma :
Votre découpage est-il
assez précis ?
Lucas Belvaux
: Oui, mais je ne le respecte pas toujours. Parfois il faut
changer le décor parce qu'il ne se prête pas
au découpage, ou bien le temps dont on dispose oblige
à le changer. Parfois c'est mieux. Pour une séquence
d'Un couple épatant, je n'avais pas le temps
de faire tous les plans, j'en ai fait deux fois moins et
c'était bien mieux. Ce découpage d'urgence
était meilleur que le découpage d'origine.
La contrainte amène souvent des choses intéressantes.
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Objectif Cinéma
: Le choix de tourner à
Grenoble a-t-il été provoqué par la
coproduction avec la région Rhône-Alpes ?
Lucas Belvaux
: Non, je voulais tourner à Grenoble. Le scénario
a été écrit en pensant à cette
ville.
Objectif Cinéma
: Pourquoi cette ville ?
Lucas Belvaux
: On y passe en vingt minutes du centre ville à la
montagne, la frontière est à une heure de
voiture, et c'est une ville qui, sociologiquement, permettait
les croisements entre tous ces personnages. On dit que c'est
la ville la plus intelligente de France, on y trouve beaucoup
d'entreprises de haute technologie. Il y existe aussi une
bourgeoisie à l'image du couple interprété
par François Morel et Ornella Muti, une bourgeoisie
très détendue mais avec pas mal d'argent,
qui aime la montagne et pratique facilement du sport.
Architecturalement, Grenoble est une ville passionnante.
On y traverse sept ou huit siècles d'architecture.
J'aimais bien aussi le fait que ce ne soit ni une ville
trop petite, (tout le monde ne se connaît pas), ni
une ville trop grande (on peut s'y croiser). Il n'y avait
pas tant de villes en France qui réunissait tous
ces avantages.
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Objectif Cinéma
: La ville est identifiée,
mais on a l'impression qu'il s'agit d'une ville imaginaire,
impression renforcée parce que vous avez tourné
aussi en région parisienne
Lucas Belvaux
: C'est vrai, mais peut-être plus que cela, le fait
de faire des films axés sur les personnages et sur
l'intime donne moins d'importance à la ville. Si
je voulais raconter Grenoble, je ne raconterais pas cette
histoire-là. En même temps, les décors
existent et racontent des choses. Je ne fais pas un cinéma
très réaliste finalement, mais ce qu'on voit
sur l'écran est quand même assez vrai. C'est
toute la différence entre la vérité
et la réalité !
Objectif Cinéma
: Est-ce qu'il était
prévu que Après la vie commence et
se termine en altitude ?
Lucas Belvaux
: Pour Après la vie, c'est arrivé dans
un deuxième temps. L'endroit définitif de
la résolution de Après la vie s'est
décidé pendant les repérages. Telle
qu'elle était écrite, la fin devait se passer
le long d'une rivière en été. En faisant
les repérages, j'ai changé d'avis, j'ai eu
l'envie d'une présence de la ville. Comme c'est la
fin de la trilogie et que la ville était importante,
j'ai eu envie qu'on la retrouve dans son entièreté,
avec de l'espace. C'est un retour à la vie et dans
le monde.