Rencontre avec Vincent Glenn et Christopher
Yggdre, respectivement réalisateur et co-auteur du
film Davos-Porto Alegre. Vincent Glenn est un documentariste,
issus des rangs de l'Ecole Nationale Louis Lumière
en 1989, dont plusieurs films ont été diffusés
sur Arte. Il s’intéresse particulièrement aux
questions relevant de la globalisation économique.
Christopher Yggdre est journaliste et auteur. Il écrit
dans la revue Les périphériques vous parlent
et participe au groupe musical et théâtral
Génération Chaos. Il vient de participer
à la fondation d’une coopérative appelée
Co-errances regroupant des maisons d’éditions, boîtes
de productions, revues.
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Objectif Cinéma :
Avant d’évoquer des
questions d’économie et de société, j’aimerais
tout d’abord qu’on aborde des questions de cinéma.
Pour commencer, cette question toute simple, basique :
comment est venue l’idée de ce film ? Comment
est né ce projet ?
Vincent Glenn :
Le point de départ, c’est la rencontre avec Christopher,
à l’occasion d’une manifestation au cinéma Méliès
à Montreuil, dont le thème était :
guerre économique et commerce équitable. On
était convaincu que la question de la guerre économique
se posait réellement, et qu’elle nous mettait tous
en position de concurrents potentiels, où le but est
d’éliminer l’autre plutôt que de vivre ensemble.
On est donc parti de là ; ça faisait des
années qu’on voyait ça : par exemple le
terme de ressources humaines, impliquant l’idée qu’il
faut alimenter le moteur économique avec de la chair
humaine si besoin. Et ce moteur, c’est la guerre, et l’on
n’a pas tellement d’autre choix d’être dans la guerre.
L’homme est conçu comme simple alimentation de cette
guerre. Alors on s’est demandé si l’économie
était nécessairement quelque chose de guerrier,
et l’on voyait bien que non, des gens proposaient une autre
façon de faire l’économie. Cela, c’est la toile
de fond de cette rencontre. On organisait ces rencontres en
s’appuyant sur des projections de film au Méliès.
Christopher a dit un peu innocemment : " Et pourquoi
on n’irait pas à Porto Alegre ? " car
on était à quelques mois du premier forum social
mondial. Pourquoi ne pas aller filmer cette information là
et la rapporter au public du Méliès ?
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Objectif Cinéma :
Donc ce projet n’était pas au départ extrêmement
planifié, mais il est parti spontanément d’une
idée toute simple ?
Christopher Ygddre :
Les choses se sont faites chemin faisant.
Objectif Cinéma :
Y avait-il une volonté
de relever le défi de l’ actualité telle qu’elle
se présentait, à savoir la simultanéité
des deux forums, la prendre au pied de la lettre ?
Vincent Glenn :
Oui, mais en sachant qu’on était partie prenante de
cette actualité, compte tenu des engagements des uns
et des autres. Avant de prendre le départ, il y avait
la construction d’un projet, l’envie de raconter quelque chose
plus que l’envie de restituer ce qu’il allait se passer là-bas.
Car il est très difficile, en termes d’image et en
termes de cinéma, de rendre compte d’une rencontre.
C’est quasi impossible. Le but était de raconter une
histoire.
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