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Peut-être (c) D.R. FRANCOIS EMMANUELLI
Chef décorateur
Entretien réalisé le 24 octobre 2002
Par Alexandre TSEKENIS


Chef décorateur depuis le début des années 1990, François Emmanuelli a fait ses premières armes dans un autre domaine que le cinéma. Travaillant principalement pour les réalisateurs de sa génération, il est passé des décors naturels au décor en studio, des petits budgets au " gros films " (le Paris ensablé de Peut-être), du film contemporain au film d’époque, comme Le mystère de la chambre jaune, le roman de Gaston Leroux transposé dans les années 1930 par Didier Podalydès, actuellement en montage.


  Les Arcandiers (c) D.R.

Objectif Cinéma : Comment êtes-vous arrivé au décor de cinéma ?

François Emmanuelli : Après deux années de fac d’arts plastiques, j’ai fait l’école des Arts Appliqués. J’en suis sorti avec un diplôme de sculpteur maquettiste - on dit aussi plasticien volume. En 1985, j’ai monté avec un copain une boîte de fabrication d’objets publicitaires, des maquettes ou des objets surdimensionnés. Puis j’ai rejoint les Productions de l’Ordinaire qui faisaient de la scénographie d’exposition mais également de la production de film.

Je ne pensais pas du tout entrer dans le milieu du cinéma, il me paraissait inaccessible, en tout cas pas fait pour moi. Chez Lazennec Productions, Manuel Sanchez, qui préparait Les arcandiers m’a contacté en me disant qu’il n’y aurait que peu de travail. En réalité, j’ai beaucoup souffert. Jusque-là, j’avais travaillé dans une entreprise. Avec le cinéma, je découvrais un tout autre sens, de l’argent, de la gestion, des rapports humains. Je ne comprenais rien et trouvait le fonctionnement absurde.

Par la suite, j’ai découvert d’autres absurdités, comme les cartes professionnelles. Au moment d’Un air de famille, c’était mon septième film en tant que chef décorateur, mais n’ayant pas fait le cursus habituel d’assistanat, je n’avais toujours pas droit à cette carte. Et le CNC refusait toute dérogation. Cédric Klapisch a dû écrire en personne deux fois au CNC, dont une lettre au directeur, et ça s’est arrangé.


Le Péril jeune (c) D.R.

Objectif Cinéma : Dès votre troisième film, vous travaillez avec Cédric Klapisch, avec qui vous allez faire cinq films.

François Emmanuelli : Alain Rocca m’a présenté Klapisch pour faire Riens du tout, mais notre premier film ensemble fut Le péril jeune en 1993. C’était un tout petit budget décor, ou plutôt une charge colossale de travail pour une petite équipe.

Le tournage a été une machine bien huilée, bien lancée par Klapisch. Les membres de l’équipe avaient à peu près le même âge, ils avaient tous connus l’époque de référence du film : les années 70, et tous étaient parisiens, comme les personnages du film. Le piège était bien sûr de tomber dans les objets clichés des 70’s, ceux qui sont aujourd’hui dans les musées. On a visé la sous-culture, sans craindre de malaxer les époques. Pour ma part, c’est une phase que j’aime beaucoup, la recherche d’objets et d’accessoires.

Le décor du Péril jeune s’est fait quasiment sans préparation. Le plan de travail était si serré que je n’avais le temps de présenter aucun décor au réalisateur. Il montait l’escalier pour tourner quand moi je le descendais pour démonter le décor précédent. Le tournage a duré 5 semaines dans un immeuble destiné à la démolition, près de la République. On peut dire qu’on s’est vraiment démené comme des chiens, avec une énorme énergie, et dans une ambiance très joyeuse.