Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Jacques Tarnero (c) D.R. JACQUES TARNERO
Réalisateur
Par Laurence BONNECARRERE
et Stéphane DURIN
de l’équipe de Cinélycée.com


Jacques Tarnero, philosophe et sociologue, a consacré ses travaux au décryptage des formes contemporaines du racisme et de l'antisémitisme. Avant Décryptage, une analyse des représentations du conflit israélo-palestinien (2003) qu’il a co-réalisé avec Philippe Bensoussan, il avait réalisé le documentaire Autopsie d’un Mensonge, le négationnisme (2000).




  Décryptage (c) D.R.

Ciné Lycée : Décrypter, c’est s’efforcer de découvrir, dans des images chiffrées, un sens. Est-ce bien de cela qu’il s’agit ?

Jacques Tarnero : On a eu du mal à trouver le titre. L’idée du film, c’était de faire un commentaire du commentaire (du confit israélo-arabe). Mais on aurait pu nous dire : vous commentez les commentaires, mais vous omettez les faits. Or, dans le film, il y a les deux. A la fois les faits, et le commentaire des commentaires. On est arrivé, pour finir, à l’idée de " Décryptage ". L’essentiel, c’est cette volonté de lire entre les lignes, de lire au travers de ce que l’on voit, de proposer une autre lecture de ce qui est donné à entendre, à voir ou à lire. Parce que nous estimons que ce que l’on lit, ce que l’on voit à la TV etc.. est un discours codé. Codé idéologiquement. Notre projet est de montrer comment le commentaire produit sur le conflit est d’abord idéologique. Il renvoie aux faits, mais il constitue d’abord une production idéologique sur les faits.


Ciné Lycée : On pourra nous dire que vous faites vous-mêmes ce que vous dénoncez chez les autres.

Jacques Tarnero : Oui, en un sens : on propose une contre lecture. On nous a reproché l’aspect pamphlétaire du film : je l’assume pleinement. C’est un éditorial, un pamphlet avec une analyse, et une grille de lecture de ce qui nous est donné à voir.


Décryptage (c) D.R.

Ciné Lycée : C’est un essai ?

Jacques Tarnero : Oui . C’est l’équivalent en film d’un essai. Ce n’est pas un documentaire, ce n’est pas un film historique. Je le dis d’entrée de jeu. C’est une opinion, qui est le produit d’une indignation. Le point de départ, c’est quelque chose de très intime : l’aspect insupportable de la volonté de faire d’Israël le nouvel Etat nazi, de faire des israéliens des Pieds-noirs, avec cette vision angélique du camp opposé, une vision dépourvue de tout esprit critique.


Ciné Lycée : Pourquoi un film, plutôt qu’un article, ou un livre ?

Jacques Tarnero : Nous avons voulu montrer. Parce que ce sont en grande partie des images qui sont en cause dans ce système que nous dénonçons. Nous avons voulu être en phase avec ce qui est en jeu.


Ciné Lycée : Au début du film, vous distinguez le drame et la tragédie. Dans un drame, il y a des bons et des méchants, il y a ceux qui ont raison, et ceux qui ont tort. Dans une tragédie, ce n’est pas le cas. Antigone a raison, mais Créon n’a pas tort. Le conflit israélo-palestinien est donc une tragédie ?

Jacques Tarnero : Oui. Je ne fais pas d’Israël un Etat où ne coule que du lait et du miel. Oui c’est une tragédie . Je n’idéalise pas Israël. A aucun moment je ne dis :les palestiniens sont les méchants, les israéliens sont les bons. Oui, il faut critiquer Israël .Oui, il y a un débat violent, âpre dans la société israélienne. Israël n’est pas un Etat au dessus de tout soupçon. Mais il y a des limites : la diffamation , le mensonge, la caricature, l’outrance, non !