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Shinya Tsukamoto (c) D.R. SHINYA TSUKAMOTO
Réalisateur
Entretien réalisé
à Tokyo, en décembre 2002
Par Stephen SARRAZIN

Traduction de Sakurako UOZUMI
Merci à Kiyo JOO


BAISING IN THE RAIN

C'est devenu une habitude, depuis bientôt dix ans, je rencontre Shinya Tsukamoto pour un entretien. Un personnage qui a assez peu changé au cours de ces années, très doux, drôle, le contraire de la violence qu'on associe à son cinéma. Tsukamoto fut l'un des premiers cinéastes Japonais de cette relève apparue en 1989 à trouver un soutien critique en Europe et en Amérique. Treize ans après Tetsuo, son dernier film A Snake of June remportait le prix de la critique à Venise. Hollywood s'est intéressé à lui, Hong Kong et Tsui Hark se sont intéressés à lui, et pourtant son mode de production, ses budgets ont très peu évolué. Plus de liberté, mais des soucis sur l'avenir de la distribution du cinéma Japonais à l'étranger...



  A Snake Of June  (c) D.R.

Objectif Cinéma : Snake of June vient après Soseiji (Gemini), que vous aviez réalisé pour Toho. Aviez-vous envie de revenir au cinéma indépendant ? Est-ce que le succès de Soseiji vous a permis d'enfin réaliser Snake of June ?

Shinya Tsukamoto : Oui, j'avais envie cette fois de faire complètement ce qui me plaisait. Ceci dit, on me propose à l'occasion des commandes, comme le fut Soseiji, que j'ai accepté, et d'autres que je refuse. Snake of June est un projet qui me tenait à cœur depuis des années. Soseiji a connu un succès raisonnable au box-office, rien d'énorme, mais Toho était satisfait. Je pouvais passer à Snake of June l'esprit calme.


Objectif Cinéma : Vous a-t-on proposé d'autres films à plus gros budget, après Soseiji ? J'avais trouvé très intéressant que Sogo Ishii réalise Electric Dragon, un film quasi expérimental avec Tadanobu Asano et Masatoshi Nagase (inédit en France) après avoir fait Gojoe (présenté à Gérarmer). Est-il toujours un réalisateur qui vous intéresse ?

Shinya Tsukamoto : D'autres propositions me sont en effet parvenues, mais elles ne me convenaient pas. Entre les films, j'aime cependant travailler avec d'autres réalisateurs, en tant qu'acteur. Je ne l'ai jamais fait pour Sogo Ishii, mais c'est quelqu'un que j'admire. Pour les réalisateurs de ma génération, pour les indépendants, il est le modèle, une référence. Il commença à tourner des films dès le lycée. Je vois assez peu de films, vous savez, mais je m'intéresse toujours à son cinéma.


Tokyo Fist (c) D.R.

Objectif Cinéma : Tetsuo / Bullet Ballet / Snake of June forment-ils une trilogie du noir & blanc & de l'érotisme ? Et qu'est qui vous attire dans la saison des pluies (le mois de juin) ?

Shinya Tsukamoto : Je n'avais pas imaginé ces films en tant que trilogie, mais je comprends très bien ce que vous dites. Je pense du coup que nous pourrions aussi en déceler une autre, thématique, qui regrouperait Tetsuo II / Tokyo Fist / Bullet Ballet, sur les personnages de maris, les histoires de couples. Cette fois, mon film se passe sous la pluie, une nouvelle texture pour moi. Mais c'est lié davantage a un souvenir d'enfance que j'ai cité comme germe du scénario : lorsque j'étais à l'école primaire, j'ai fait un dessin d'un escargot sur la feuille d'un arbre, sous la pluie. Ce dessin remporta un prix, on parla de moi dans le journal. Ma première heure de gloire ! C'est cette image de l'escargot sur la feuille qui ouvre le film.