BAISING
IN THE RAIN
C'est devenu une habitude, depuis bientôt dix ans, je
rencontre Shinya Tsukamoto pour un entretien. Un personnage
qui a assez peu changé au cours de ces années,
très doux, drôle, le contraire de la violence
qu'on associe à son cinéma. Tsukamoto fut l'un
des premiers cinéastes Japonais de cette relève
apparue en 1989 à trouver un soutien critique en Europe
et en Amérique. Treize ans après Tetsuo,
son dernier film A Snake of June remportait le prix
de la critique à Venise. Hollywood s'est intéressé
à lui, Hong Kong et Tsui Hark se sont intéressés
à lui, et pourtant son mode de production, ses budgets
ont très peu évolué. Plus de liberté,
mais des soucis sur l'avenir de la distribution du cinéma
Japonais à l'étranger...
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Objectif Cinéma
: Snake of June
vient après Soseiji (Gemini), que vous
aviez réalisé pour Toho. Aviez-vous envie de
revenir au cinéma indépendant ? Est-ce que le
succès de Soseiji vous a permis d'enfin réaliser
Snake of June ?
Shinya Tsukamoto
: Oui, j'avais envie cette fois de faire complètement
ce qui me plaisait. Ceci dit, on me propose à l'occasion
des commandes, comme le fut Soseiji, que j'ai accepté,
et d'autres que je refuse. Snake of June est un projet
qui me tenait à cœur depuis des années. Soseiji
a connu un succès raisonnable au box-office, rien d'énorme,
mais Toho était satisfait. Je pouvais passer à
Snake of June l'esprit calme.
Objectif Cinéma :
Vous a-t-on proposé
d'autres films à plus gros budget, après Soseiji
? J'avais trouvé très intéressant que
Sogo Ishii réalise Electric Dragon, un film
quasi expérimental avec Tadanobu Asano et Masatoshi
Nagase (inédit en France) après avoir fait Gojoe
(présenté à Gérarmer). Est-il
toujours un réalisateur qui vous intéresse ?
Shinya Tsukamoto
: D'autres propositions me sont en effet parvenues, mais elles
ne me convenaient pas. Entre les films, j'aime cependant travailler
avec d'autres réalisateurs, en tant qu'acteur. Je ne
l'ai jamais fait pour Sogo Ishii, mais c'est quelqu'un que
j'admire. Pour les réalisateurs de ma génération,
pour les indépendants, il est le modèle, une
référence. Il commença à tourner
des films dès le lycée. Je vois assez peu de
films, vous savez, mais je m'intéresse toujours à
son cinéma.
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Objectif Cinéma
: Tetsuo /
Bullet Ballet / Snake of June forment-ils une
trilogie du noir & blanc & de l'érotisme ?
Et qu'est qui vous attire dans la saison des pluies (le mois
de juin) ?
Shinya Tsukamoto
: Je n'avais pas imaginé ces films en tant que trilogie,
mais je comprends très bien ce que vous dites. Je pense
du coup que nous pourrions aussi en déceler une autre,
thématique, qui regrouperait Tetsuo II / Tokyo
Fist / Bullet Ballet, sur les personnages
de maris, les histoires de couples. Cette fois, mon film se
passe sous la pluie, une nouvelle texture pour moi. Mais c'est
lié davantage a un souvenir d'enfance que j'ai cité
comme germe du scénario : lorsque j'étais à
l'école primaire, j'ai fait un dessin d'un escargot
sur la feuille d'un arbre, sous la pluie. Ce dessin remporta
un prix, on parla de moi dans le journal. Ma première
heure de gloire ! C'est cette image de l'escargot sur la feuille
qui ouvre le film.
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