Fondé en 1986 à l’initiative de Jean-Paul Gillet, cadre de France Télécom, Ortech est un organisateur indépendant de salons professionnels dédiés aux nouvelles technologies. Implantée à Paris, cette société est par exemple à l’origine du salon Imagina, qui propose depuis 1987 à Monaco des expositions et des conférences sur le thème des images de synthèse.

Cette année, en parallèle d’Imagina, Ortech a mis sur pied au Grimaldi Forum à Monaco une nouvelle manifestation dédiée exclusivement au cinéma numérique : l’International Digital Film Forum (iDIFF). Du 3 au 6 février, une centaine de professionnels se sont rendus dans la Principauté pour suivre le triptyque - conférences, projections et exposition - élaboré par Etienne Traisnel.

Objectif Cinéma : Etienne Traisnel, vous êtes en charge de l’organisation d’iDIFF. Comment vous est venue l’idée d’organiser cette manifestation consacrée au cinéma numérique ?

Etienne Traisnel : Les entreprises qui se sont lancées dans l’aventure du numérique avaient besoin d’un salon pour informer les professionnels du cinéma. Les concepteurs de caméras numériques comme Thomson, Sony ou Panasonic, les prestataires de post-production comme Eclair ou Digimase et les fabricants de projecteurs numériques comme Barco estiment qu’il y a un manque d’informations autour de leurs produits ou de leurs prestations. Ortech a l’habitude d’organiser des évènements centrés sur la technologie numérique, il était donc logique que nous relayions cette demande des industriels.


Objectif Cinéma : Pourquoi avoir choisi Monaco comme point d'attache ?

Etienne Traisnel : Déjà pour bénéficier de l'expérience d'Imagina, qui se déroule aussi à Monaco. Il nous semblait intéressant de créer des passerelles entre ce salon de référence et iDIFF. L'une de nos conférences portait ainsi sur les effets spéciaux et était réalisée en partenariat avec Imagina. Ensuite parce que Monaco est une petite ville où l'on peut se rendre du lieu de conférence à l'hôtel à pied. Une donnée spatiale qui correspondait parfaitement avec notre volonté de faire de ce forum un véritable lieu de rencontres.

Objectif Cinéma : Est-ce qu’iDIFF s’est révélé compliqué à mettre en place ?

Etienne Traisnel : Pas du tout. Le projet est né durant le dernier festival de Cannes et n’a jamais été remis en cause. Globalement, il a été facile de trouver des conférenciers. Quelques professionnels invités n’ont pas pu venir, mais c’était uniquement pour des raisons de calendrier. Dans le monde du cinéma, que ce soient les réalisateurs ou les directeurs photos, le numérique intéresse beaucoup. Il y a une forte envie de se tenir au courant.


Objectif Cinéma : Certes, mais les distributeurs et les exploitants de salles ne se sont pas rendus à votre forum...

Etienne Traisnel : C’est vrai, mais ce n’est que partie remise. A l’heure actuelle, les exploitants de salles ne sont pas intéressés. Ces dernières années, ils ont beaucoup investi dans la construction de multiplexes et dans la rénovation de leur parc de projecteurs 35mm. Ils n'ont pas envie de débourser à nouveau des sommes importantes pour installer du matériel numérique. Cette relative jeunesse des installations cinématographiques françaises risque d'ailleurs de ralentir le développement du numérique dans l'Hexagone. En effet, on constate que les pays les plus en avance en matière de numérique sont ceux qui ont les installations cinématographiques les plus dégradées. Les exploitants locaux ont moins de scrupules à remplacer des projecteurs vétustes.