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Kiyoshi Kurosawa (c) D.R. KYOSHI KUROSAWA
ET TATSUYA FUJI

Réalisateur et acteur
Entretien réalisé
à Tokyo en janvier 2003
Par Stephen SARRAZIN
Traduction de Yoshiko Okura
Merci à Harumi Noshita de Maison
et Miyuki Yoshihara de Uplink


NOH FUTURE

Déterminé à maintenir une activité qui rivalise presque avec celle de Takashi Miike, Kyoshi Kurosawa passe d'un producteur à l'autre, toujours animé par le besoin de tourner. Pour Bright Future, de loin son meilleur film depuis des années, dans lequel Kurosawa se retrouve face à trois comédiens, trois nouvelles collaborations, qui de toute évidence, l'ont inspiré à réviser ses thèmes et aller de l'avant. Exemple de l'état chaotique de la production actuelle au Japon, Bright Future met en scène deux immenses comédiens, Tatsuya Fuji et Tadanobu Asano, et l'idole télé du moment, Jo Odagiri, qui a le mérite de se distinguer par rapport aux précédents " talentos " (idoles de télé) que nous croisions chez Kurosawa depuis cinq ans. Cependant, le film est tourné en vidéo numérique, et produit par Uplink, célèbre distributeur et éditeur de films d'avant-garde, co-producteur de films de Derek Jarman, Shu Lea Chang, réputé pour ses budgets minuscules. Des conditions que Kurosawa a connu plus d'une fois, notamment dans ses réalisations V-Cinema (sorties directes en vidéo).



  Kairo (c) D.R.

Objectif Cinéma : Kyoshi Kurosawa, votre nouveau film, Bright Future, est produit par une toute petite société de production, Uplink, qui joue un rôle de premier plan dans la diffusion du cinéma d'avant-garde, notamment une longue collaboration avec Derek Jarman. Ils ont aussi produit I.K.U de Shu Lea Chang. Mais les budgets sont minuscules. D'autre part, vous avez vendu les droits d'adaptation de Kairo à Hollywood, et nous attendons la version prévue par Wes Craven. Enfin, votre prochain film, une comédie (!) DoppelGanger, est réalisée sous l’égide d’un autre producteur. La société Suncent n'a plus le même impact, Office Kitano fait du Kitano, Shinya Kawai (producteur de Shunji Iwai, de Ring) aime les " jeunes "... Comment percevez-vous l'état de la production au Japon aujourd'hui ?

Kyoshi Kurosawa : C'est une situation complexe, qui demande toujours un talent de navigation. Ce que je peux vous dire, c'est que l'écart entre les productions dites indépendantes et celles des majors - bien qu'au Japon, ceci n'ait plus grand chose à voir avec l'idée de studios - se réduit. Par exemple, nous voyons des films indépendants, avec de petits budgets, qui ont soudain un succès public. En général, c'est parce qu’une jeune star de la télé y tient le rôle principal. Du coup, la société de production investit plus encore dans le budget de promotion, et ce film indépendant bénéficie d'une sortie plus commerciale, plus de salles, etc. D'autre part, nous voyons des films commerciaux, avec des budgets importants pour le Japon, être sélectionnés dans des festivals internationaux, et leurs réalisateurs sont presque perçus comme des auteurs. C'est un phénomène fort intéressant. Si nous abordons la question strictement du point de vue budget, et que nous comparons la situation du Japon à celle de l'Amérique ou de l'Europe, pratiquement tous les films Japonais, sauf quelques exceptions, sont des films à petit budget. Un film peut coûter 3,000,000.000 US ou 300,000 US, on mettra en général près de cinq semaines à le tourner. C'est très difficile d'être disponible, pour l'équipe technique, les acteurs, etc. de se libérer pour plus de 5 semaines !