NOH
FUTURE
Déterminé à maintenir une activité
qui rivalise presque avec celle de Takashi Miike, Kyoshi Kurosawa
passe d'un producteur à l'autre, toujours animé
par le besoin de tourner. Pour Bright Future, de loin
son meilleur film depuis des années, dans lequel Kurosawa
se retrouve face à trois comédiens, trois nouvelles
collaborations, qui de toute évidence, l'ont inspiré
à réviser ses thèmes et aller de l'avant.
Exemple de l'état chaotique de la production actuelle
au Japon, Bright Future met en scène deux immenses
comédiens, Tatsuya Fuji et Tadanobu Asano, et l'idole
télé du moment, Jo Odagiri, qui a le mérite
de se distinguer par rapport aux précédents
" talentos " (idoles de télé)
que nous croisions chez Kurosawa depuis cinq ans. Cependant,
le film est tourné en vidéo numérique,
et produit par Uplink, célèbre distributeur
et éditeur de films d'avant-garde, co-producteur de
films de Derek Jarman, Shu Lea Chang, réputé
pour ses budgets minuscules. Des conditions que Kurosawa a
connu plus d'une fois, notamment dans ses réalisations
V-Cinema (sorties directes en vidéo).
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Objectif
Cinéma : Kyoshi Kurosawa,
votre nouveau film, Bright Future, est produit par
une toute petite société de production, Uplink,
qui joue un rôle de premier plan dans la diffusion du
cinéma d'avant-garde, notamment une longue collaboration
avec Derek Jarman. Ils ont aussi produit I.K.U de Shu
Lea Chang. Mais les budgets sont minuscules. D'autre part,
vous avez vendu les droits d'adaptation de Kairo à
Hollywood, et nous attendons la version prévue par
Wes Craven. Enfin, votre prochain film, une comédie
(!) DoppelGanger, est réalisée sous l’égide
d’un autre producteur. La société Suncent n'a
plus le même impact, Office Kitano fait du Kitano, Shinya
Kawai (producteur de Shunji Iwai, de Ring) aime
les " jeunes "... Comment percevez-vous
l'état de la production au Japon aujourd'hui ?
Kyoshi Kurosawa : C'est une
situation complexe, qui demande toujours un talent de navigation.
Ce que je peux vous dire, c'est que l'écart entre les
productions dites indépendantes et celles des majors
- bien qu'au Japon, ceci n'ait plus grand chose à voir
avec l'idée de studios - se réduit. Par exemple,
nous voyons des films indépendants, avec de petits
budgets, qui ont soudain un succès public. En général,
c'est parce qu’une jeune star de la télé y tient
le rôle principal. Du coup, la société
de production investit plus encore dans le budget de promotion,
et ce film indépendant bénéficie d'une
sortie plus commerciale, plus de salles, etc. D'autre part,
nous voyons des films commerciaux, avec des budgets importants
pour le Japon, être sélectionnés dans
des festivals internationaux, et leurs réalisateurs
sont presque perçus comme des auteurs. C'est un phénomène
fort intéressant. Si nous abordons la question strictement
du point de vue budget, et que nous comparons la situation
du Japon à celle de l'Amérique ou de l'Europe,
pratiquement tous les films Japonais, sauf quelques exceptions,
sont des films à petit budget. Un film peut coûter
3,000,000.000 US ou 300,000 US, on mettra en général
près de cinq semaines à le tourner. C'est très
difficile d'être disponible, pour l'équipe technique,
les acteurs, etc. de se libérer pour plus de 5 semaines
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