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L'Empire des sens (c) D.R.

Objectif Cinéma : M.Fuji, vous avez eu une longue carrière prestigieuse, vous avez commencé à l'époque ou le système des studios etait encore actif. Vous étiez chez Nikkatsu, vous avez travaillé avec des réalisateurs de Shochiku, etc. puis des indépendants. Quelle est la différence aujourd'hui, de votre point de vue, dans la manière de faire des films au Japon ?

Tatsuya Fuji : Pour les acteurs, le changement le plus important consécutif à la chute des studios est le suivant : un acteur au Japon ne peut pas survivre en tournant uniquement pour le cinéma. En tant que professionnel, l'autre aspect fondamental qui m'importe est de donner un plaisir au public, je joue pour cette raison, pour toucher le public. Mais pour survivre au cours de ma carrière, les acteurs de ma génération, ceux qui ont suivi durent alterner entre cinéma, télévision, publicités. Ce fut au départ une étape, une transition difficile, car il y exista une époque où des acteurs pouvaient faire une carrière uniquement au cinéma. La réalité est tout autre aujourd'hui, certains choix s'imposent économiquement, selon les rôles. Mais ce tournage avec Kyoshi Kurosawa fut une grande joie.


Objectif Cinéma : Avez-vous, chacun de vous, la nostalgie de cette époque lorsque le Japon avait encore ses grands studios et son star système au cinéma ?

Kyoshi Kurosawa : Absolument ! Ça me manque. Il y eut un temps au Japon où c'était très clair, la distinction entre les stars du cinéma et celles de la télévision.

Aujourd'hui dans le monde, on voit cette force des stars, et comment tant de films arrivent à se faire uniquement sur l'accord et le nom d'une star. J'aimerais connaître ce genre d'expérience, à la fois du point de vue artistique, car il est évidemment possible de faire de grands films avec de grandes stars, mais aussi du point de vue commercial, d'une rencontre avec le grand public. Je crois que nous pouvons trouver au Japon de nombreux acteurs qui ont ce charisme, cette qualité de star, à l’instar de Tatsuya Fuji, mais le milieu du cinéma au Japon ne semble plus préoccupé par cette magie.


  Bright Future (c) D.R.

Objectif Cinéma : M.Fuji, comment voyez-vous les premiers rôles, le leading man dans le cinéma japonais?

Tatsuya Fuji : J'ai le sentiment que les choses n'ont pas tellement changé.


Objectif Cinéma : Pourtant dans ce film, Bright Future, on a l'impression que Kyoshi Kurosawa nous montre trois générations de leading men, la vôtre, celle des années 70, celle de Tadanobu Asano qui émergea dans les années 90, et celle de l'avenir, avec Jo Odagiri.

Tatsuya Fuji : Oui c'est vrai, mais croyez vous que la qualité des rôles, la qualité des scénarios ait énormément changé avec chaque génération ? Ce qui change rejoint peut-être ce que je disais auparavant sur le passage du cinéma à la télévision. La perte d'aura lorsqu'un acteur de cinéma devient trop présent à la télévision... Les jeunes spectateurs de films Japonais contemporains ne sont plus cinéphiles, les acteurs qu'ils connaissent au cinéma sont ceux qu'ils retrouvent à la télévision.