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Objectif
Cinéma : Croyez-vous
qu'il y ait des acteurs japonais, dans les feuilletons télé,
qui puissent évoquer des grands acteurs du passé.
Ce lien, cette connection existe-t-elle encore d'après
vous ? Regardons le cas d'un acteur comme George Clooney,
un rapprochement avec Clark Gable nous semble évident
aujourd'hui. Je doute qu'un tel parallèle soit possible
au Japon.
Kyoshi Kurosawa : Vous avez
raison, et je crois que ceci s'explique par le fait que les
acteurs tournent dans de nombreux feuilletons télé
chaque année : nous les voyons changer de rôle
à chaque saison, et peu a peu, la télévision
nous révèle qui est la personne derrière
l'acteur. Le rôle s'efface. Puis nous zappons sur un
talk show, nous voyons ce même acteur en entretien,
et il n'y a plus de différence avec le personnage des
feuilletons. Je crois qu'au Japon, la force d'écriture
s'impose dans les feuilletons, plutôt qu'au cinéma.
Et j'aime travailler avec des acteurs venus de la télé,
je crois qu'il existe d'excellents feuilletons au Japon. Mais
lorsque je travaille avec les acteurs, je veux les transformer,
je veux que le public découvre quelqu'un de nouveau,
que ce ne soit des retrouvailles comme à la télé.
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Objectif
Cinéma : Parlons de
Bright Future. Votre film m'est apparu comme une synthèse
de thèmes croisés dans vos derniers films, (Cure,
Charisma, Serpent's path, Licence to Live)
les parents qui perdent un enfant, des films qui se trouvent
de nouveaux pères, la présence du monstrueux
dans nos sociétés, les fantômes qui hantent
la technologie, etc. Vous aviez envie de cette synthèse
en écrivant le scénario ?
Kyoshi Kurosawa : (rires)
Il y a une part de moi qui est ravie que vous le constatiez,
très contente que vous arriviez ainsi à reconnaître
ce qui se joue dans mes films. D'autre part, je le regrette
un peu, et je me demande si ces thèmes sont les limites
de mon univers ! Ce n'etait pas du tout une intention délibérée.
Le producteur, le patron de Uplink, M.Asai, ne m'a passé
une commande, il ne voulait pas de film d'horreur, ou de film
yakuza. Il avait envie de travailler avec moi et m'a dit " faites
ce que vous voulez ". Alors quand j'écris
un scénario original, comme vous l'indiquez, ces motifs,
ces thèmes surgissent malgré moi. Mais c'est
bien que vous me le disiez, car dans mon prochain film, je
vais m'efforcer d'aller vers d'autres idées qui m'intéressent
!
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Objectif
Cinéma : Je pensais
en fait que ce film était plutôt une somme, un
film qui annonce un virage prochain. Vous maîtrisez
complètement votre univers dans ce film, à commencer
par la figure du père. C'est un personnage fondamental
dans l'histoire des gendai geki (drames modernes), et nous
en avons croisé de formidables dans vos films, interprétés
par Aikawa Sho, ou Koji Yakusho. Cette fois, c'est vous, Tatsuya
Fuji. Connaissiez-vous les autres films de Kyoshi Kurosawa ?
Tatsuya Fuji : Hélas
non.
Kyoshi Kurosawa : On croise
encore aujourd'hui, à la télévision,
ces archétypes de pères, chef de famille, sévère,
ou encore lâche, faible... Mais le personnage que joue
Tatsuya Fuji dans mon film est tres différent.
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