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Objectif Cinéma :
Par rapport à l’autocritique
des personnages, par rapport à votre parcours aussi
de critique de cinéma, n’est-ce pas dans le regard
du personnage, le vôtre ? On voit là une
mise en abîme au sens littéral, globalité
cohérente et régulière…
Pascal Bonitzer
: Non mais je ne cacherais pas que je suis un peu égo-maniaque,
et que le personnage principal de mes films est un reflet
décalé de moi-même. Ce ne sont pas pour
autant des films autobiographiques, même si en fait
je me sers, ne serait-ce que pour être rassuré,
de la crédibilité ou de la réalité
de ce que je raconte et dont je suis jamais sûr, comme
des souvenirs personnels pour certains épisodes.
Objectif Cinéma :
Mais est-ce que le cinéma
est une manière de poursuivre ce travail de critique
ou est-ce que c’est une façon de survivre au métier
de critique que vous avez pratiqué pendant des années ?
Pascal Bonitzer
: Je ne suis pas le seul à être passé
de la critique à la mise en scène, simplement
mon parcours a été beaucoup plus long.
Quand vous parlez d’autocritique, vous savez que c’était
en fait le titre initial de mon premier film, celui qui s’est
appelé Encore. Quand je l’ai proposé
à l’avance sur recettes, il s’appelait Autocritique.
Évidemment par allusion au fait que je l’avais été,
et par rapport au fait que le personnage était censé
être un ancien communiste.
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Objectif Cinéma :
Quel est le rapport entre l’autocritique et le fait que le
personnage soit un ancien communiste ?
Pascal Bonitzer
: L’autocritique était un exercice obligé à
l’époque stalinienne, celui qui déviait de la
ligne qui avait perdu la voix droite, il était contraint
de faire son autocritique devant la section... Le terme est
un terme répertorié du vocabulaire communiste
de l’époque à la fois sanglante et glorieuse.
Je l’utilisais ironiquement par rapport à cela. Il
se trouve que j’ai vécu dans une famille communiste.
Mon père était communiste et cela a aussi une
résonance autobiographique particulière. Ce
n’est pas un hasard si le personnage dans mon film est censé
être communiste.
L’un des dangers auquel je suis confronté dans le genre
d’histoire que je raconte, c’est une certaine intemporalité.
Cela peut se passer maintenant, cela pourrait se passer à
une autre époque et cela m’embête. J’ai donc
besoin d’ancrer les évènements et les personnages
dans la réalité d’aujourd’hui. Communiste aujourd’hui,
à l’époque des 3,5% de Robert Hue, était
une façon de rattacher le personnage de Bruno (Daniel
Auteuil dans Petites coupures) à aujourd’hui,
en même temps que d’accentuer un côté dérisoire,
avec ces quelques running gags comiques, quand on lui
demande à deux ou trois reprises comment il peut être
communiste aujourd’hui.
Objectif Cinéma :
Ce qui explique et incarne les petites coupures qu’il reçoit
et le choix du titre…
Pascal Bonitzer :
Il y a effectivement un leitmotiv verbal, c’est un comique
de répétition et un des traits du running
gag.
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