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Satoshi Kon (c) D.R. SATOSHI KON
Réalisateur
Entretien réalisé à Tokyo
en décembre 2002 par Stephen SARRAZIN

Traduction sur place par Sakurako UOZUMI, revue et corrigée par Stephen SARRAZIN et Anne HASAE. Sincères remerciements
à Kanako KOIDO de Klockworx


KAMAKURA, L’APRES-MIDI

J'aime beaucoup Satoshi Kon, son enthousiasme, sa générosité à partager ses élans de création, son dandysme, son intelligence. Incontestable metteur en scène, sa Chiyoko mérite de figurer aux côtés de Chihiro. Mais son petit studio, où se déroule cet entretien, n'est pas le Studio Ghibli. Il est d'ailleurs peu probable qu'un autre cinéaste d'animation au Japon atteindra un succès semblable à celui de Miyazaki. Néanmoins, si Berlin avait enfin le courage d'admettre que le dernier grand maître classique du cinéma japonais œuvrait dans l'animation, d'autres festivals hors des circuits de l'animation seraient avisés de garder l’œil sur Satoshi Kon.



  Perfect Blue (c) D.R.

Objectif Cinéma : Etiez-vous surpris de l'accueil international pour Perfect Blue ? Et est-ce que son succès vous a permis de prendre le temps de bien préparer Chiyoko ?

Satoshi Kon : Complètement ! Mais également ravi. Ceci dit, cela s'est traduit en termes de notoriété plutôt qu’en profits financiers! Mais cela nous donnait la preuve nécessaire auprès des producteurs, qu'un scénario original pour un film d'animation pouvait également réussir. Pratiquement tous les films animés aujourd'hui sont adaptes de séries télé ou mangas. Le scénario de Chiyoko a demandé beaucoup de temps, en raison de tous les détails historiques. Nous l'avons eu. Je rentre de Los Angeles, les gens de DreamWorks voulaient voir le film. Nous attendons maintenant, ils ont exprimé un intérêt pour les droits d'adaptation et de distribution aux USA.


Objectif Cinéma : Au départ, Chiyoko c'était votre idée, mais la structure, le film dans le film, ressemble aussi à celle de Perfect Blue. Est-ce le style de M.Murai ?

Satoshi Kon : Je dois vous rappeler que j'ai également participé au scénario de Perfect Blue, l'intrigue, le développement, etc. Mais Murai est quelqu'un qui vient de l'univers des médias, de la télévision, il affectionne cette idée du cinéma qui parle du cinéma, ou de la télévision. Dans les deux films, le milieu de la télévision est dominant.


Chiyoko Millenial Actress (c) D.R.

Objectif Cinéma : Dans l'entretien que vous avez fait avec le psychologue Masao Yokota, vous disiez que Chiyoko vous a permis de redécouvrir la culture Japonaise. De quelle culture vous sentiez vous plus proche, et avec quel aspect de la culture Japonaise avez-vous renouer ?

Satoshi Kon : Je ne sais pas s'il est juste d'employer le terme " renouer ". Disons que ma connaissance de la culture japonaise était avant tout celle de l'après-guerre, y compris l'histoire du pays depuis cette période. Mais avec Chiyoko, je me suis penché sur les périodes qui ont précédé cette époque. Je ne dirais pas que je suis devenu spécialiste des costumes d'époque, ni historien ! Mais pour les besoins du projet, nos recherches nous ont mené à regarder des classiques du cinéma japonais, à consulter des ouvrages de référence sur les kimonos, le maquillage, l'architecture, etc. Auparavant, comme vous le savez, je baignais dans un univers cinématographique qui était celui du suspense occidental.