Objectif Cinéma :Comment avez-vous travaillé
les noms des acteurs qui apparaissent au générique
?
Olivier Kuntzel et Florence Deygas
: Tout est parti de l’idée principale que Olivier avait
du générique. Le personnage de Léonardo
Di Caprio devait se changer dès qu’il passait derrière
une ligne verticale. Par la suite, c’est naturellement devenu
le " jambage " des typographies. La jambe d’une lettre
s’allonge juste à temps pour permettre au personnage
de se cacher derrière. Par la suite, les interactions
typo-action se sont développées, par exemple avec
le " p " de Jeanne Oppewal qui devient une corde que
le fugitif attrape; ou, encore, les lettres du nom du chef opérateur,
Janusz Kaminski qui deviennent des portes lumineuses derrière
lesquelles il court. Nous n’avons cependant pas voulu être
systématique et illustrer à chaque fois la fonction
de chaque nom. Nous pensons que ce genre de défi peut
plomber les idées. Il fallait donc trouver un équilibre
pour rester le plus fluide possible. Par ailleurs, nous avons
préféré avoir une typographie simple et
sobre, en contraste avec les personnages qui sont, eux, très
rustiques, taillés dans des tampons et animés
à la main.
Objectif Cinéma : La
musique est un élément important qui fonctionne
très bien avec le générique. Comment avez-vous
travaillé avec la musique de John Williams ? Aviez-vous
une idée de la musique avant de procéder à
l’animation ?
Olivier Kuntzel et Florence Deygas
: Au début, nous avons travaillé le générique
comme un vidéo clip, avec une autre musique, qui n’était
pas idéalement assortie aux intentions que nous étions
en train de mettre dans la séquence. Un jour, nous avons
reçu en mp3 le résultat d’un enregistrement de
la musique de John Williams, qui était faite sur mesure
d’après notre montage. Le résultat était
tout simplement magique. Chaque invention visuelle était
non seulement comprise mais magnifiée. Ce n’était
plus alors un vidéo clip, mais une vraie bande originale
écrite pour illustrer une narration.
Objectif Cinéma
: Vous êtes tous les deux
polyvalents. Vous avez touché un peu à tout, au
clip, à la pub et au cinéma. Après dix
ans de parcours, où vous sentez- vous définitivement
le plus à l’aise ? Olivier Kuntzel et Florence Deygas
: Peu importe. Le principal pour nous, c’est ce qu’on raconte
: une bonne histoire avec de bons personnages. Nous n’avons
pas de difficultés à passer d’un tournage avec
80 personnes autour de nous à un travail qui ne demande
qu’une liasse de papier et une table à dessin. Par contre,
définitivement, nous nous sentons beaucoup plus performants
quand nous avons la liberté et la confiance. Dans chaque
secteur, il y a évidemment des bons et des mauvais souvenirs.
Le clip n’est pas forcément synonyme de liberté.
Objectif Cinéma
: Avez-vous des projets et
des envies ? Je sais que vous vous intéressez au court-métrage...
Olivier Kuntzel et Florence Deygas
: Effectivement, nous avons réalisé quelques
courts-métrages, mais nous développons surtout
un personnage, Winney né en 1920, dont nous avons hérité
des droits, et qui est au cœur d'une histoire de long métrage,
écrit par Larry Wilson à Hollywood.