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Olivier Ducastel et Jacques Martineau (c) D.R. OLIVIER DUCASTEL
ET JACQUES MARTINEAU

Réalisateurs
Entretien réalisé
en février 2003 à Paris
Par Cyril ROTA


Depuis leur rencontre il y a quelques années, Olivier Ducastel et Jacques Martineau ne se quittent plus. Vivant en harmonie dans un vaste appartement du 20ème arrondissement, ils pratiquent ensemble un cinéma indépendant et personnel, avec le sens de l’échange et un équilibre étonnant. Leur filmographie, très cohérente, poursuit une quête intime de l’identité. Avec Ma Vraie vie à Rouen leur troisième projet commun, ils abordent le thème de l’adolescence avec pudeur et sensibilité.


  Ma vraie vie à Rouen (c) D.R.

Objectif Cinéma : Comment vous est venue l’envie d’écrire sur l’adolescence ?

Olivier Ducastel : Je trouve qu’il y a quelque chose d’assez proche entre la période de l’adolescence et la quarantaine dans laquelle nous nous trouvons, car ce sont deux moments de passage de la vie. En repensant à notre propre adolescence, bien qu’elle soit maintenant assez lointaine, nous avons essayé de travailler à ce qui en fait la permanence au fil du temps. En effet, certaines épreuves que l’on traverse à cet âge de la vie sont les mêmes aujourd’hui qu’il y a vingt-cinq ans, et le sont depuis toujours.


Objectif Cinéma : Le procédé employé dans Ma Vraie vie à Rouen implique une nouvelle forme de narration, et par conséquent de mise en scène. Comment avez-vous abordé les choix esthétiques et notamment le cadrage, en tenant compte de ces contraintes ?

Jacques Martineau : Le plus compliqué était peut-être la question du cadre, car comme ce sont les personnages qui sont censés filmer, et qu’ils ne sont pas des professionnels de l’image, nous avons essayé de trouver un juste milieu entre la maladresse induite par le procédé et quelque chose qui serait regardable par un spectateur ayant payé sa place de cinéma.

Ma vraie vie à Rouen (c) D.R.

Olivier Ducastel : Nous avons travaillé avec notre chef opérateur habituel qui, comme dans un tournage traditionnel, s’occupait du cadre et de la lumière. On a essayé de retranscrire à l’image une certaine progression dans la maîtrise de la caméra par le personnage d’Etienne.

L’originalité du travail du chef opérateur sur ce film, c’est que, se trouvant toujours à coté de l’acteur qui est censé tenir la caméra, il s’est retrouvé vraiment au cœur du jeu des comédiens, il était le récepteur direct de l’émotion. D’ailleurs nos indications de cadrage tenaient presque de la direction d’acteurs, car il est censé traduire à l’image la maladresse des personnages tenant la caméra, par exemple.


Objectif Cinéma : Comment se sont déroulés les débuts du jeune Jimmy Tavarès, qui n’avait jamais tourné, par rapport aux autres comédiens professionnels, et notamment face à une comédienne césarisée comme Arianne Ascaride ?

Jacques Martineau : Ce n’était pas si compliqué car il a un naturel d’acteur incroyable. De plus, comme nous avons tourné dans l’ordre chronologique, nous avons demandé aux autres comédiens de jouer une certaine maladresse face à la caméra, puisqu’ils ne sont pas censés avoir l’habitude d’être filmés. Du coup, celle, réelle, de Jimmy était moins perceptible. Et puis, au fur et à mesure du tournage, il s’est senti plus à l’aise, donc ça allait dans le sens de la fiction. Il faut dire également que les autres acteurs l’ont beaucoup aidé, ils ont été très aimants avec lui.