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Objectif Cinéma :
Qu’avez-vous fait pendant
les trois ans qui séparent la sortie de Drôle de Félix
et Ma Vraie Vie à Rouen ? Pourquoi avoir attendu
si longtemps avant de refaire un film ?
Jacques Martineau :
En fait on n’a pas vraiment attendu. Il faut préciser que
Ma Vraie vie à Rouen est terminé depuis le mois de
juillet 2002, mais les délais de sortie font qu’il sort
seulement maintenant.
Olivier Ducastel :
Nous avons aussi beaucoup accompagné la sortie de Drôle
de Felix, pendant près d’un an : en province, pour
des débats, puis dans des festivals gays aux Etats-Unis.
Parallèlement, on a développé un scénario qui s’appelle
Loup y es-tu ? avec les élèves du Théâtre National
de Strasbourg, mais nous n’avons pas obtenu tout le financement
pour le réaliser, car c’est un film assez ambitieux qui
nécessite beaucoup de moyens. C’est alors que Jacques a
eu l’idée de Ma Vraie vie à Rouen qui s’est finalement
fait assez rapidement.
Objectif Cinéma :
Pourtant quand on regarde quelqu’un comme François Ozon,
qui est un peu dans la même mouvance cinématographique que
vous, et qui sort un film par an depuis six ans, on est
donc tenté de se demander pourquoi vos films sont si espacés.
Jacques Martineau :
Je ne crois pas que ce soit exactement le même cinéma. Mais
cela dit, un film comme Ma Vraie vie à Rouen, même
s’il n’a pas des moyens techniques impressionnants est un
projet assez long à réaliser car il demande un tournage
très étalé, alors qu’un film comme 8 Femmes, par
exemple est beaucoup plus rapide à faire.
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Olivier Martineau :
Ce qui était compliqué pour 8 Femmes, c’était de
réunir les actrices, mais une fois qu’une date est arrêtée,
ça va très vite, d’autant plus qu’il a été tourné intégralement
en studio, ce qui est beaucoup plus rapide. Il faut savoir
aussi que François Ozon travaille avec les mêmes producteurs
depuis toujours, tandis que nous avons changé entre chaque
projet. Cela nous a pas mal ralenti car il faut le temps
de trouver le producteur, de le connaître, qu’il nous fasse
confiance, etc…
D’ailleurs nous espérons accélérer la cadence en retravaillant
avec notre producteur de Ma Vraie vie à Rouen :
Nicolas Blanc d’Agat Films, pour nos prochains projets :
Loup y-es tu ? et La Femme que j’aime.
Cela dit je ne sais pas comment fait François Ozon fait
pour travailler aussi vite !
Objectif Cinéma :
J’ai le sentiment que votre
parcours suit une ascension vers l’intimisme, et c’est généralement
plutôt l’inverse qui se produit chez les cinéastes. Jeanne
et le garçon formidable, votre premier film, est une
comédie musicale, avec des contraintes techniques plus grandes
que pour Drôle de Félix et à plus forte raison encore
que Ma Vraie vie à Rouen tourné en DV. S’agit il
d’un choix délibéré ?
Olivier Ducastel :
Oui et non, après Jeanne et le garçon formidable,
que nous avons eu beaucoup de plaisir à réaliser, on a eu
envie de plus de liberté. J’aime la comédie musicale et
j’espère qu’on en fera d’autres, mais c’est aussi très contraignant
d’un point de vue logistique. Ce genre de projet est également
très long à monter car il faut écrire la bande originale
avant de tourner le film, cela demande beaucoup d’argent,
etc. Après cette expérience, nous avons pris conscience
du fait que nous ne voulions pas faire uniquement des films
aussi « lourds », que nous voulions raccourcir
le temps entre le moment où l’on écrit le scénario et l’aboutissement
du projet.
C’était le cas avec Drôle de Félix et encore plus
avec Ma Vraie vie à Rouen, pour lequel il ne s’est
écoulé que six mois entre la première fois où l’on en a
parlé à un producteur et le début du tournage.
De plus, comme l’équipe était très petite, environ une douzaine
de personnes, il y avait un petit côté familial qui nous
plaisait beaucoup.