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Objectif Cinéma :
Vous avez connu un grand
succès critique et commercial avec votre premier film,
Jeanne et le garçon formidable, il y a déjà cinq ans.
Est-ce que vous n’avez pas envie de refaire un film plus
« grand public » ?
Jacques Martineau : Si,
mais c’est dommage, parce que pour nous, Ma Vraie vie
à Rouen est un film grand public, mais c’est vrai que
sa sortie ne lui permettra sans doute pas de toucher beaucoup
de monde.
Olivier Ducastel :
C’est ça qui est regrettable avec le système des sorties
aujourd’hui : les carrières des films sont programmées
à l’avance. Ils sont mis sur des routes et ils ne peuvent
pas en sortir. Ma Vraie vie à Rouen est sur une départementale
et il a peu de chances de se retrouver sur une autoroute.
On espère que notre prochain projet, Loup y es-tu ?,
qui contient plus d’ingrédients « commerciaux »,
touchera un public plus large. Déjà ce sera un film pour
enfants, et nous y tenons beaucoup car je trouve dommage
que ce type de cinéma ne soit représenté que, soit par l’animation,
type Walt Disney, les mangas japonais, ou alors Harry
Potter. Nous voudrions essayer autre chose, car il y
a un potentiel qui n’est pas exploité.
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Objectif Cinéma :
Vous êtes un duo de réalisateurs,
il n’y en a pas tant que ça, vous êtes deux hommes qui vivez
en couple, ce qui est déjà en soi assez inédit dans le paysage
du cinéma français, est-ce qu’il vous est facile d’allier
votre vie privée et professionnelle, en quoi cette situation
interfère-t-elle sur le tournage ?
S’il y a des disputes sur
le plateau, par exemple, ce n’est pas comme avec un autre
technicien. Est-ce que vous arrivez toujours à faire la
part des choses ?
Jacques Martineau :
C’est vrai qu’on est toujours en train de travailler ensemble
mais ça nous convient très bien. Des disputes, on en a très
peu. Il y en a eu une la veille du premier jour de tournage
de Ma Vraie vie à Rouen. Pendant la nuit, j’ai très
mal dormi : je remuais dans tous les sens, c’était
horrible. Le matin, Olivier m’a fait une scène, il m’a menacé
de faire chambre à part pendant le tournage !
Ce matin-là, l’équipe nous a trouvé de très mauvaise humeur,
mais sinon ça se passe très bien. Entre nous, il n’y a pas
de prise de pouvoir car tout est très concerté, on fait
les repérages ensemble, on discute avec les techniciens
ensemble, donc il n’y a aucune raison pour qu’une fois arrivés
sur le plateau, l’un de nous deux fasse un coup de force.
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Olivier Ducastel :
On peut aussi avoir des relations de couple qui ne soient
pas conflictuelles, ça existe encore ! Il nous arrive de
nous chamailler sur des détails mais plutôt sur le mode
humoristique.
C’est vrai qu’avec Jeanne et le garçon formidable,
il y avait un petit risque car on ne se connaissait pas
depuis longtemps, mais j’avais déjà vécu longtemps avec
quelqu’un et je savais que je n’étais pas dans un état d’esprit
d’opposition. Pour moi, « relation de couple »
et « conflictuel », ça ne peut pas aller ensemble,
et en ce qui nous concerne, ça n’est vraiment pas le cas.
En plus, j’ai très vite compris que Jacques était une « bonne
pâte ».
Jacques Martineau :
Quand j’écris un scénario, à aucun moment, je ne pense « c’est
mon projet », et c’est pareil pour Olivier lorsqu’il
prépare la mise en scène. Pour moi c’est un vrai plaisir
de faire lire des choses à Olivier, de lui demander quelles
idées cela lui évoque, comment il imagine la mise en scène,
etc. C’est un vrai jeu entre nous.
Objectif Cinéma :
Vous fonctionnez donc toujours
de cette façon-là : scénario de Jacques, réalisation
d’Olivier ?
Olivier Ducastel :
Oui, on peut dire que c’est le schéma de base. En tout cas,
pour Jeanne…, c’est comme ça que cela s’est passé,
car quand j’ai rencontré Jacques, le scénario existait déjà.
Mais nous l’avons un peu retravaillé ensemble et il a participé
au tournage bien sûr. Pour Drôle de Félix et Ma
Vraie vie à Rouen, le générique réunit nos deux noms
car les limites sont de moins en moins perceptibles, c’est
vraiment un projet commun et chacun, selon ses spécificités,
participe à son élaboration.