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Ma vraie vie à Rouen (c) D.R.

Jacques Martineau : J’ajouterais que souvent, les choix d’écriture sont aussi des choix de réalisation. La dichotomie entre l’auteur et le metteur en scène est plus formelle que réelle, c’est surtout une question de lutte économique pour la reconnaissance des droits.

Pour Ma Vraie vie à Rouen, c’est moi qui ai eu l’idée du dispositif. J’ai retrouvé un début de scénario d’Olivier que j’ai eu envie de développer en offrant à l’ado, qui en était le protagoniste, une caméra vidéo. Après, je lui ai suggéré que le film ne soit composé que de fragments filmés par cette caméra. Si ça n’est pas un choix de mise en scène, je ne sais pas ce que c’est !

Au moment de lui présenter la première version, j’avais quand même un peu peur de sa réaction, qu’il se dise « mais tout est déjà là, qu’est-ce que j’ai à faire là-dedans ?»,   mais finalement, ça lui a plu et on l’a retravaillé ensemble.


Objectif Cinéma : Il semble que le jeune héros, Etienne, découvre son corps et son pouvoir de séduction en même temps que le spectateur, notamment dans ces plans où on le voit se filmer les aisselles, le torse, et aussi quand il apparaît nu avec sa médaille. Pourrait-on dire qu’il vit une relation passionnelle, quasi amoureuse avec sa caméra ?

  Ma vraie vie à Rouen (c) D.R.

Jacques Martineau : C’est vrai que je n’y avais jamais pensé comme ça, mais pourquoi pas.

Olivier Ducastel : Il y a effectivement une vraie évolution du personnage sur l’image qu’il a de lui, son acceptation. Quand il filme des parties de son corps, par exemple, il ne se rend pas compte de la charge érotique que cela peut avoir, mais c’est ça qui est amusant. C’est très innocent.

Jacques Martineau : Moi j’aime beaucoup ces plans qu’il fait impulsivement, c’est quelque chose qu’on a tous fait, au moins devant un miroir, sauf que lui, son miroir, c’est la caméra.


Objectif Cinéma : Avec cet aspect charnel et le réalisme nécessaire du procédé, n’avez-vous jamais eu peur de tomber dans le voyeurisme ?

Jacques Martineau : On n’y a pas vraiment pensé.

Olivier Ducastel : Disons qu’on s’était mis des bornes. A la fois, on pensait qu’il fallait que cet aspect là apparaisse, car la découverte de son corps, de sa sexualité est vraiment un point important de l’adolescence, et en même temps on recherchait une certaine pudeur.

On aurait pu aller beaucoup plus loin dans le voyeurisme, c’est facile d’imaginer ce qu’aurait pu faire un ado plus trash avec cette caméra.

Ma vraie vie à Rouen (c) D.R.

Jacques Martineau : Ca m’a beaucoup touché quand un ami m’a dit qu’il trouvait le film très beau parce qu’il était érotique, mais pas voyeur.

Olivier Ducastel : Il faut dire aussi que ce n’est pas un apprenti cinéaste, c’est un sportif qui a une petite caméra, donc il ne nous a pas paru nécessaire qu’il ait des obsessions sexuelles vis-à-vis des images.

Jacques Martineau : Le film parle du désir qui naît, qu’on n’arrive pas forcément à formuler, qui n’est pas construit. S’il était capable de faire des mises en scène pornographiques avec sa caméra, ce n’était plus ça.

Olivier Ducastel : Oui, ce n’est pas du tout le personnage du film, et sans doute même pas lui plus tard. Sa caméra lui sert à formuler les choses. Une fois qu’il sera passé à l’acte, elle l’intéressera beaucoup moins.

Jacques Martineau : Il y a une grosse différence entre avoir des fantasmes, mettre en scène ces fantasmes, ce que tout adolescent fait dans l’intimité de sa chambre, et les filmer, car c’est une pratique qui demande réflexion, et donc induit leur acceptation, on n’est alors plus dans l’inconscient.

Par exemple, il y a des plans qui me font beaucoup rire où il filme des pompiers. C’est l’image d’un désir mais très inconscient.




Objectif Cinéma
 : Point de vue sur Ma vraie vie à Rouen




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Olivier Ducastel


2001 Loup y es-tu ? 
2001 Ma vraie vie à Rouen avec Ariane Ascaride, Jimmy Tavares
1999 Drôle de Félix avec Sami Bouajila, Patachou
1997 Jeanne et le garçon formidable avec V. Ledoyen, M. Demy
1987 Le Goût de plaire d'Olivier Ducastel avec Jacques Bonnaffé

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Jacques Martineau


2001 Loup y es-tu ?
2001 Ma vraie vie à Rouen avec Ariane Ascaride, Jimmy Tavares
1999 Drôle de Félix avec Sami Bouajila, Patachou
1997 Jeanne et le garçon formidable avec V. Ledoyen, M. Demy