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Objectif Cinéma :
Comment se déroulent les acquisitions
de films ?
Bernard Alapetite :
Curieusement, les producteurs ou les ayant droits des films
ne contactent jamais les éditeurs, c’est un mystère :
à croire qu’ils n’ont pas besoin d’argent ! Prenons le
cas d’Eban et Charley, un film américain :
d’abord je hante les sites web, surtout sur les festivals,
à la recherche de films qui pourraient m’intéresser. Alors
évidemment, la plupart du temps je ne les connais pas, donc
j’essaye de me faire une idée en regardant les photos et en
lisant le résumé. C’est un très bon exercice, qui fait travailler
votre imagination.
Ensuite, il me faut trouver l’ayant droit, et ce n’est pas
une mince affaire : je n’y parviens qu’une fois sur dix.
Alors je lui écris, et en général, il ne me répond jamais !
Dans le cas de Picture This !, qui détenait les
droits d’Eban & Charley, je dois reconnaître qu’ils
se remuent, car ils ont vendu leurs films dans beaucoup de
pays. Ce sont des producteurs mais surtout distributeurs de
films gays aux Etats-Unis. Ils m’ont proposé un prix relativement
honnête pour un film américain, car en général ils sont très
chers, même pour les films indépendants.
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Objectif Cinéma :
En dehors des droits du film,
combien coûte la production d’un DVD ?
Bernard Alapetite :
En ce qui concerne l’habillage, la fourchette se situe entre
30 000 et 80 000 francs. Ensuite il faut compter
entre 1 euro et 1,10 euros par DVD pour le pressage. Il
est fait dans une société allemande : CDA. Ils sont
tirés à 2000 exemplaires puis par tranche de 500.
Objectif Cinéma :
Il n’y a pas de budget pour la publicité ?
Bernard Alapetite :
Très peu. Je ne crois pas que la publicité fasse vendre,
en tout cas pas sur ce genre de film. Rien ne vaut un article
dans la presse. Si je compare ce que cela me coûte, par
rapport aux retombées, ça n’en vaut pas la peine.
Objectif Cinéma :
L’habillage de vos DVD est
en général très élégant, et les bonus plutôt fournis. Est-ce
que vous passez par une société auxiliaire pour les réaliser ?
Bernard Alapetite :
Tout à fait, on travaille avec Ulteama qui fait un boulot
extraordinaire, ce sont eux qui ont fait l’habillage de
L’Auberge Espagnole, ou d’Irréversible, par
exemple. Je leur confie le film, ils font l’habillage, je
n’ai qu’à regarder et chaque fois, le résultat est magnifique.
Nous mettons beaucoup d’argent dans cette étape, à l’inverse
de certains de nos concurrents qui ne font pas correctement
leur travail. C’est très grave, car ces gens-là ruinent
le potentiel du DVD. Si c’est pour faire de la vidéocassette,
c’est scandaleux !