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  Grains de sable (c) D.R.

Après, concernant la qualité du master, il m’est arrivé de sortir des films avec des défauts, mais il faut dire que parfois c’est impossible de faire autrement quand le master est abîmé. Alors les journaux spécialisés s’en font l’écho en disant que l’image est exécrable, mais ils ne connaissent pas l’état du matériel de départ. Une restauration coûte beaucoup d’argent, et pour un petit éditeur comme moi, cela n’est pas envisageable !

J’ai sorti Grains de Sable et Petites fièvres des vingt ans, deux films japonais de Ryosuke Hashiguchi qui sont concernés par ce problème. Si je ne les avais pas sortis, on ne pourrait pas les voir en DVD aujourd’hui. Je fais le choix de leur donner la possibilité d’exister, même s’ils ne sont pas présentés dans une qualité optimale, car il m’est impossible de faire mieux. Pour compenser, on ajoute des bonus.

Le problème aujourd’hui, c’est que la majorité de la clientèle DVD s’intéresse avant tout aux performances techniques des appareils et donc des films. Cette attitude est renforcée par la presse spécialisée qui ne parle que de ça. Le Home Cinéma devient un peu l’équivalent du Tunning automobile. Ce qui intéresse certaines personnes, ce n’est pas le film, mais d’en avoir plein les oreilles !

Ces magazines ne mettent pas du tout en avant la cinéphilie, ce sont systématiquement des blockbusters comme Spider-man qui font la une. Heureusement, ça commence un peu à changer avec Chantons sous la pluie ou les films de la Hammer, dont les DVD, extraordinairement bien faits, ont été bien couverts dans la presse. Mais tout cela est encore très timide.


Chantons sous la pluie (c) D.R.

Objectif Cinéma : Arrivez vous facilement à faire distribuer vos films ?

Bernard Alapetite : J’ai eu quelques problèmes avec la Fnac qui ne voulait pas sortir certains de mes DVD. Il faut savoir qu’en France, une seule personne décide si un film peut y être distribué en vidéo ou pas, car si votre film n’est pas disponible dans cette enseigne, il n’a aucune existence sur le marché.

De plus, il est très difficile aujourd’hui de trouver un distributeur compétent. Et quand on y arrive, celui-ci doit trouver une oreille compétente et c’est encore plus difficile. Dans les Fnac, les gens qui s’occupent de l’approvisionnement ne s’y connaissent pas toujours très bien en matière de cinéma. Dès qu’on dépasse le cadre de l’actualité ou du très grand public, ça devient compliqué. Malheureusement, on est obligé de passer par ce filtre pour vendre les films, parce que ces gens font la pluie et le beau temps dans leur rayon.

Cela me fait toujours rire quand la Fnac met en avant son slogan « Agitateur d’idées » alors que ses responsables refusent de distribuer certains films parce qu’ils sont en VO sous-titrée et qu’il n’y a pas de version française. Il faut dire qu’en plus de ça, c’est fatigant de gérer un stock, donc, moins ils ont de titres, mieux ils se portent. Leur jeu, c’est juste de faire tourner les films qui se vendent bien : ils ne cherchent pas du tout à avoir un « fond ». Sept mois après sa sortie, on trouvera difficilement une très grosse vente dans leurs rayons. Je cherchais par exemple le DVD de Billy Eliott pas plus tard que la semaine dernière, et j’ai dû faire trois Fnac pour le trouver ! Alors qu’on ne jette pas de la poudre aux yeux en parlant de politique culturelle…


  Nostradamus (c) D.R.

Objectif Cinéma : Etes-vous favorable au rayon gay, comme on peut en trouver de plus en plus dans les Fnac et Virgin ?

Bernard Alapetite : Non, pas du tout, parce qu’avant d’être gay ou japonais, un film est un film.


Objectif Cinéma : Et vous ne croyez pas que ça peut être un bon moyen pour le consommateur de se repérer dans le magasin ?

Bernard Alapetite : Je ne vais pas cracher dans la soupe, je bénéficie certainement de ce système. Néanmoins je trouve ça dommage, car je suis contre le communautarisme. Je sors des films gays parce que je suis prisonnier de ce créneau. Mon idée n’est pas d’abandonner les films gays mais d’essayer de varier les types de sorties. Nous venons d’éditer Nostradamus, un film tiré d’une série télévisée à succès des années soixante, et Le Tribunal de l’impossible, avec de grands acteurs de télé comme Rosy Varte, Jean Topart, François Maistre, mais c’est un échec commercial patent.

J’aime aussi beaucoup le cinéma asiatique, mais c’est très difficile de sortir ces films car des éditeurs sont déjà en place dans ce domaine, et ils ne vous font pas de cadeau !