JACKIE BUET Directrice du Festival International
de Films de Femmes
Entretien
réalisé
Par Nadia MEFLAH et Djilali BOUDJEMAA (auteur et dramaturge
algérien,
Le Théâtre El Moudja)
TOUTES LES VOIX
25 ans pour une femme, qu’est-ce que
c’est ? En Europe, l’âge moyen où une femme a son premier enfant
se situe aux alentours de 29 ans. Alors quoi ? Pas mère mais
déjà femme indépendante (les jeunes filles quittent le domicile
familial plus tôt que les jeunes fils). Pour la plupart travailleuses,
encore étudiantes pour certaines (plus rarement celles issues
de la classe ouvrière.) Les discriminations sociales, sexuelles
et politiques perdurent, voire s’accentuent (la Marche des
filles des cités, « Ni Putes Ni Soumises » (http://www.macite.net)
révèle un malaise profond de nos sociétés occidentales.) Le
cinéma au féminin serait ce cinéma d’une prise de position politique
esthétique et morale (dire son corps, son identité, son histoire)
pour dire un temps en cinéma.
Les 25 ans du Festival International de Films de Femmes nous
offre l’occasion de discuter avec Jackie Buet sur les enjeux
de cette manifestation mais aussi sur sa continuité (avec notamment
la création de la nouvelle section Numérique au Féminin).
Objectif Cinéma
: Le festival fête ses 25 ans
cette année. Avez-vous commencé à constituer la mémoire de toutes
ces années ?
Jackie Buet :
Il existe les archives du festival que nous avons constitué
en fond. C’est le fond Iris (1) qui a pour vocation de garder
les archives des femmes cinéastes du monde entier, sur différents
supports : papier, photos et vidéo, avec la création d’une base
de données qui va apparaître très prochainement sur Internet.
C’est aussi un centre de documentation et d’information.
Djilali Boudjemaa
: En Algérie où je vis, il n’y
a que très peu de moyens (voire pas du tout) pour dire et représenter
ce que nous vivons depuis plus d’une décennie. Il existe certains
courts-métrages amateurs, le théâtre algérien très vivant et
actif s’est emparé de la question, mais rien ne s’est vraiment
fait en matière de cinéma. Que peut le cinéma de femmes, et
notamment le Festival International de Films de Femmes sur la
question de la violence ?
Jackie Buet :
La rue algérienne connaît plusieurs tendances me semble-t-il.
Se côtoient des jeunes femmes habillées à la mode occidentale
; comme émancipées, mais dont on ne sait pas ce qu’elles vivent
vraiment à l’intérieur des murs, à côté des femmes voilées
dont on ne voit pas le visage, sans qu’elles le vivent mal
nécessairement. Mais, pour nous, c’est une énigme, la société
algérienne. A part Rachida de Yamina Bachir-Chouikh,
ou, quelquefois, des échos, nous n’avons pas beaucoup d’informations.