Objectif Cinéma
: Vous initiez une nouvelle
section, le Numérique au Féminin. Est-ce un outil important
pour les cinéastes femmes ?
Jackie Buet :
Oh oui ! C’est très important pour des cinéastes de
pays « non riches », économiquement j’entend. Le prix
des caméras numériques baisse chaque jour, et nous allons
pouvoir être solidaires et leurs en envoyer. Nous l’avions
fait pour une cinéaste bosniaque, il y a plus de trois ans.
Pour 10 000 francs, on a une caméra qui enregistre parfaitement
bien. J’ai reçu cette année un très beau film d’une Brésilienne.
C’est une réalisatrice très militante du cinéma qui va vers
les populations des petits villages. Avec son mari caméraman,
ils ont créé un cinéma ambulant pour montrer des films brésiliens
aux Brésiliens. Ils ont filmé cet itinéraire. Ce sont des
expériences formidables.
Objectif Cinéma
: Est-ce que le mot féminisme
en 2003 n’est-il pas perçu comme un mot réac, ridicule, obsolète,
obscène, dépassé ?
Jackie Buet :
Il est tout cela à la fois ! Cela dépend qui l’emploie et
qui le juge. Car il y a plus encore à militer à notre époque,
ne serait ce que l’actualité des Femmes des Cités qui marchent
pour leur dignité.
Objectif Cinéma
: N’y a t-il pas eu un échec
de la transmission de la part des gens issus des mouvements
de libération, hommes comme femmes ? Jackie Buet :
Comment pouvons-nous faire par rapport à ce mouvement des
jeunes femmes de banlieues qui ne se réclament pas du féminisme,
notre histoire de nanas de plus de 45 ans ? Nous sommes en
difficulté car nous n’avons pas de lien avec ce mouvement
essentiel et très important.
Objectif Cinéma
: Qu’est-ce qui vous est renvoyé
à la figure ?
Jackie Buet :
Il y a eu une explosion après des décennies de silence et
de soupape. Dans le mouvement des femmes, il y a eu ce cri
de vie nécessaire dont il n’y a pas à rougir. Je voudrais
respecter ce que font ces jeunes femmes sans les récupérer.
Je dis à Agnès Varda que ce n’est pas du tout le moment de
baisser les bras sur cette question de la femme et du cinéma.
Et hélas, le cinéma français n’est pas politique et cela me
plait beaucoup de programmer Margareth von Trotta qui nous
dit quelque chose de notre époque. Il me semble que les cinéastes
françaises ne veulent pas être marquées.
(1) Centre
d’informations et de documentation dédié à l’histoire
du cinéma et des femmes, Iris
s’inscrit comme outil de mémoire dans une démarche
de valorisation et d’enrichissement du patrimoine
cinématographique international découvert et mis
à jour par le Festival International de Films
de Femmes de Créteil depuis 23 ans. Iris est un
lieu pluriculturel d’information, de consultation,
d’édition, de diffusion, d’échanges et de confrontation
sur l’image des femmes. (Mail : iris@filmsdefemmes.com
)
Site :
http://www.filmsdefemmes.com Lieu :
Maison des Arts de Créteil Dates :
21 au 30 mars 2003 Infos réservations
: 01 49 80 38 14