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Objectif
Cinéma : Même si vous
n’apparaissez pas au générique, vous êtes responsable du décor
d’Esther Kahn. Comment s’est passé le travail avec
les anglais ?
Antoine Platteau : Le
film s’est entièrement tourné en Angleterre, nous avons passé
neuf mois à Londres, et nous étions en tout cinq Français
dans l’équipe.
Le pari était de tourner un film d’époque à Londres,
en décors naturels, en faisant attention de ne pas tomber
dans l’esthétique de téléfilm anglais style Dickens. Nous
avons travaillé dans un ensemble de maisons vides, situées
au fond d’une ruelle. Il a fallu transformer les lieux, abattre
des murs pour réunir et agrandir l’espace, il y avait une
grande quantité de travail.
A part le décor sur la scène du théâtre, les décors étaient
très dépouillés car l’histoire le voulait, on se situait dans
un milieu populaire. J’ai fait marcher mon goût pour les matières et
les ambiances : mat ou brillant, poreux, sombre, lumineux,….
Les Anglais sont extrêmement professionnels. Il y a un propmaster
qui gère l’ensemble des accessoires. Vous lui demandez un
objet précis, de telle époque, et vous l’avez. Plus tard j’ai
fait un autre film d’époque, mais à Paris, et j’ai constaté
que nous étions assez pauvres en accessoires d’époque.
Il y a également un poste appelé « location manager »
qui gère l’ensemble des repérages de manière autonome, avec
son propre budget. C’est bien de confier les repérages à un
spécialiste, au lieu de les laisser aux mains des assistants
de réalisation qui, tout naturellement, veillent avant tout
au côté pratique : rapprocher les décors géographiquement,
pouvoir garer les camions, etc.
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Objectif
Cinéma : Vous avez également
travaillé avec Nicole Garcia.
Antoine Platteau : Nicole
Garcia est une personne très forte, très exigeante, et joyeusement
enthousiaste. On peut lui montrer des échantillons de papiers
peints le soir tard à son hôtel, ce n’est pas une corvée pour
elle. Quand elle m’a contacté pour son film suivant, j’avais
déjà commencé Nettoyage à sec, d’Anne Fontaine. C’est
un cas de figure qui arrive fréquemment dans ce métier.
Pour Le fils préféré, l’énoncé d’un des décors était le
suivant : un chantier de boîte de nuit sur la mer. Un beau
cadeau qui ouvrait tellement de possibilités. Un tel endroit
n’existe pas, car la législation française interdit toute
construction sur l’eau. Ou alors il fallait chercher à l’étranger.
On a préféré le construire près de Monaco, avec une structure
tubulaire qui avançait dans la baie.
Objectif Cinéma :
A quel moment se termine votre travail de décorateur ?
A la livraison d’un décor ou à la projection du film ?
Antoine Platteau : Bien
sûr, on ressent une petite fierté le jour où l’équipe du film
découvre un décor. Et il est vrai que mon travail s’arrête
quand la caméra y entre. Mais finalement, le décor uniquement
pour le décor ne m’intéresse pas. Ce n’est pas une finalité.
Ce qui m’intéresse, c’est la tenue globale d’un film. Avec
Arnaud Desplechin, je supervisais également les costumes,
c’était une collaboration très poussée, avec une préparation
parfois de plus d’un an avant le tournage. Il m’arrivait même
de visionner les castings.
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Objectif
Cinéma : Quelle est votre
contribution au film de Denis Dercourt, actuellement en montage :
Mes enfants ne sont pas comme les autres ?
Antoine Platteau :
C’est un film contemporain tourné en 18 jours. Le budget décor
était ridicule, j’ai donc travaillé quasiment seul. Mon travail
a surtout consisté à choisir les décors naturels, les découvertes.
Comme on n’avait pas les moyens d’ajouter des éléments, une
fois les axes établis, il fallait procéder par soustraction,
épurer, enlever tout ce qui ne servait pas l’histoire. Et
d’autre part, je m’occupais aussi des costumes. La rencontre
avec Denis Dercourt a été très intéressante. Il est musicien,
a fait l’Ecole polytechnique et, en tant que réalisateur,
possède un vrai recul par rapport à son métier.
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2003 Mes enfants
ne sont pas comme les autres ? de Denis
Dercourt
2002 La Guerre à
Paris de Yolande Zauberman avec Elodie Bouchez
2000 Esther Kahn
d'Arnaud Desplechin avec Laszlo Szabo, Ian
Holm
2000 Aïe de Sophie
Fillieres avec Hélène Fillières
1998 Dieu seul me
voit (Versailles-chantiers) de Bruno Podalydès
1997 Nettoyage à
sec d'Anne Fontaine avec Miou-Miou, Charles
Berling
1996 Comment je me
suis disputé... d'Arnaud Desplechin
1996 Encore de
Pascal Bonitzer avec Jackie Berroyer
1994 Le Fils préféré
de Nicole Garcia avec Gérard Lanvin
1992 La Sentinelle
d'Arnaud Desplechin avec Emmanuel Salinger
1991 La Vie des morts
d'Arnaud Desplechin avec Bernard Ballet
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