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Objectif
Cinéma : Avez-vous d’abord
été attiré par le décor ou par le cinéma ?
Ivan Maussion : Enfant,
j’avais envie de devenir architecte et passais mon temps à
dessiner des maisons et des voitures dans les marges de mes
cahiers. Puis, vers l’âge de 12-13 ans, je suis tombé fou
amoureux du cinéma. C’était une passion, j’y allais tous les
jeudis et les week-ends.
Objectif Cinéma :
De quel cinéma s’agissait-il ?
Ivan Maussion : Je voyais
tout, aussi bien Mary Poppins que Ben-Hur ou
Les dix commandements. Je vivais à Nantes où il y avait
des salles d’art et essai et, vers 16 ans, je me suis inscrit
à un ciné-club. Là, j’ai commencé à voir des films d’auteur :
les Fellini, des films indiens, égyptiens, ou tchèques.
Puis j’ai décidé devenir metteur en scène. Je suis venu à
Paris, et me suis inscrit en cinéma à la fac de Vincennes.
Je voyais plusieurs films par jour à la Cinémathèque,
et dans les salles du Quartier Latin, au Git-le-cur
ou au St-André-des-Arts. Certains m’ont beaucoup marqué,
comme le cinéma américain des années 25 à 40, les films de
studio, les films en noir et blanc, ce sont pour moi des souvenirs
de lumière autant que de décor.
Mon grand regret aujourd’hui est de ne plus aller au cinéma.
Plus je fais du cinéma, moins j’y vais.
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Objectif
Cinéma : Vous n'avez pas
fait d'études artistiques ?
Ivan Maussion : Non, j’étais
inscrit dans plusieurs facs, j'ai fait un peu d'ethnologie,
d'histoire de l'art. En même temps, je faisais des jobs à
droite à gauche : un peu d’éclairage à l’Espace Cardin,
fabrication d’objets pour la Comédie Française. À la
fin de mes études, je suis devenu le décorateur
d'une troupe de théâtre dirigée par un
transfuge du groupe La Mamma, de New-York. Pendant deux ou
trois ans, on a fait des spectacles à Chaillot, au théâtre
de la Tempête à Vincennes…C’était au milieu des années soixante-dix,
je commençais à faire des décors, mais toujours avec cette
envie de devenir réalisateur.
Objectif Cinéma : Comment
êtes-vous passé du théâtre au cinéma ?
Ivan Maussion : A Jussieu,
j'ai rencontré un futur directeur de production qui
m'a proposé le décor d'une pub - pour une marque
de jus de fruit. C’était mon premier film, je l’ai fait avec
rage et passion. Le décor était une cave, j’avais mis des
toiles d’araignée, bien soigné les entrées de lumière… Au
festival du film publicitaire de Cannes, ce film a obtenu
un prix avec une mention au décor, et a été vu par tout le
milieu. J’ai enchaîné avec plus de soixante films, pendant
un an et demi.
La pub est intéressante car elle permet d’entrer dans le domaine
du rêve, de délirer, de styliser les décors plus souvent que
dans la fiction de long-métrage.
Puis, en 1978, on m'a finalement proposé un long-métrage
Rien ne va plus, de Jean-Michel Ribes. Son assistant
était Régis Wargnier, il a parlé de moi
à Patrice Leconte qui à l'époque préparait
Viens chez moi
.Depuis, j'ai fait tous les films
de Patrice sauf un : Circulez y'a rien à voir,
qu'il ne cite pas dans sa filmographie.
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