Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
  JEAN CLAUDE MOIREAU
Réalisateur


Entretien réalisé en 2003
par Cyril ROTA


Jean-Claude Moireau a été photographe de plateau sur les films de François Ozon (notamment Huit femmes) et d'Isabelle Broué. Il a travaillé également pour Chad Chenouga (17 rue bleue) et Novo de Jean-Pierre Limosin. Il vient de réaliser le court métrage Signe d'hiver qui fut diffusé au Festival Côté court 2003 de Pantin et lors du Festival Premier Plan d’Anger.


 

  Signe d'hiver (c) D.R.

Objectif Cinéma : Vous êtes photographe de plateau : comment vous est venu le désir de passer à la réalisation.

Jean-Claude Moireau : Non, si je veux être honnête, je dirais que je suis venu à la photographie de plateau par mon goût pour le cinéma et non pour la photo elle-même. Ce fut ma manière d'intégrer les équipes de films, mais j'avais déjà commencé à écrire des scénarii. Cela dit, le fait de fréquenter les tournages m'a effectivement beaucoup appris, d'autant plus que mon poste est celui d'un observateur.
Il y a un certain nombre de projets, dont Signe d'hiver, que j'envisageais depuis de nombreuses années, mais je pense que je n'étais pas prêt, donc je ne peux pas regretter de ne pas avoir tourné plus tôt car je me serais sans doute moins bien entouré et le résultat aurait été moins réussi, il me semble.


Objectif Cinéma : Vous êtes-vous inspiré du style des réalisateurs avec qui vous avez travaillé ? Je pense notamment à François Ozon que vous avez suivi sur tous ses longs métrages et avec lequel on ressent une certaine parenté.

Jean-Claude Moireau : Ah bon ? On a pourtant des univers si différents !  Non, les films de cinéastes comme Antonioni et Rohmer, mais aussi Tanner ou Ferreri m'ont donné envie de faire du cinéma. C'est avant tout un héritage cinéphilique, en tout cas pas le désir conscient de faire comme un tel ou tel autre.

Ce que je voulais dès le départ, c'était filmer avec simplicité, (c'est peut-être là que voyez une parenté avec Ozon), ne pas m'encombrer d'effets inutiles, comme on le voit beaucoup trop maintenant.


Huit Femmes (c) D.R.

Objectif Cinéma : Pour un film de photographe, on pouvait s'attendre à quelque chose de plus esthétisant, alors que là, j'ai l'impression que vous vous êtes plus préoccupé de la psychologie des personnages.

Jean-Claude Moireau : Je dirais des acteurs : c'est le matériau le plus beau, le plus riche, le plus noble qu'on puisse imaginer. Quand on a des êtres sensibles que l’on aime à disposition, prêts à donner, ce serait dommage de ne pas s'en servir. Aussi bien au moment du tournage que du montage, j'ai choisi des moments de la vérité des êtres, de leur beauté intérieure. Je crois que c'est ce qui nous a guidés, avec ma monteuse, Camille Cotte.

Au cours de la seule séance de lecture que nous avons eue avant le tournage, j'ai insisté auprès de Marie Rousseau et Cyrille Thouvenin sur le fait que les non-dits étaient très importants : les silences sont essentiels et parfois plus riches que les dialogues. Ils l'ont bien compris et ont joué le jeu. Je n'imaginais tout de même pas que certaines personnes seraient autant touchées par mon film. N'est-ce pas tout simplement parce qu'à travers l'ambiguïté et le trouble d'une relation, il laisse place à de l’ « humain » ? Cette part d'humain qui manque souvent au cinéma d’aujourd'hui, peut-être parce que le monde dans lequel on vit en manque lui aussi.