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Objectif
Cinéma : On vous connaît
comme critique à Positif. La première question que
l’on a envie de vous poser c’est s’il y a une sorte de continuité
logique et naturelle entre l’activité critique et l’exploitation
en salle, c’est-à-dire le geste de montrer le film aux autres.
Stéphane Goudet : Bien
sûr. Il y a une continuité évidente. Dans la mesure où je
défends des films, j’ai envie qu’ils rencontrent des spectateurs
et de leur donner la chance de passer sur un écran, et, éventuellement,
de les accompagner physiquement, en animant une rencontre.
Ce qui m’a intéressé dans l’exploitation, c’est le fait de
pouvoir maîtriser entièrement la chaîne, du choix du film
jusqu’à la rencontre avec les spectateurs. D’ailleurs dans
le geste d’accompagnement des films, je suis proche de l’activité
critique, dans le sens d’une critique orale dont Bazin disait
qu’elle était supérieure à la critique écrite. Il est formé
à l’école des ciné-clubs. Et comme les ciné-clubs ont disparu,
la continuité logique c’est l’exploitation d’une salle.
Objectif Cinéma :
Est-ce qu’il n’y a pas une façon de mettre en pratique certains
choix théoriques que l’on a comme critique ?
Stéphane Goudet : Il y
a de ça. Et puis d’autres questions. De marketing par exemple :
comment faire venir les spectateurs dans la salle. Par rapport
à la critique, il y a un retour beaucoup plus fort des spectateurs.
J’ai plus de retour sur mes éditos du programme du Méliès
que sur mes textes dans Positif.
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Objectif
Cinéma : Parlons du cas
particulier du Méliès. Vous êtes arrivé en avril après un
conflit entre l’ancienne direction, au fonctionnement associatif,
et la municipalité, qui a mené à la municipalisation du cinéma.
Il y a eu une assez forte polémique à cet égard, avec même
la diffusion de pétitions pour défendre le Méliès. En tant
que spectateur, je n’ai finalement pas vu cette perte de qualité
qu’on laissait craindre. La municipalisation a eu peu d’effet
sur la qualité et la vie du cinéma.
Stéphane Goudet : J’étais
très extérieur au conflit. Au moment le plus fort, j’étais
au Viêt-Nam. A aucun moment, je n’ai été mêlé à quoique ce
soit, ce qui a peut-être facilité mon dossier. Pour moi, il
est difficile de se faire une idée sur la légitimité de la
municipalisation. J’ai presque décidé de ne pas m’en faire.
D’une part, la chose est faite, il n’y aura pas de retour
en arrière. D’autre part, ce n’est pas scandaleux qu’une mairie
décide que la culture fasse partie de la politique municipale
et qu’il faut l’assumer jusqu’au bout. Après, il s’est avéré
avoir eu d’autres considérations dans la municipalisation,
y compris des dossiers mal gérés, par exemple le projet « Perspectives
palestiniennes », auquel je n’adhère pas du tout, puis
des problèmes personnels qui sont venus se greffer. Cela ne
change pas grand-chose à la vie de la salle.
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