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Playtime (c) D.R. STEPHANE GOUDET
Critique, enseignant
et directeur de cinéma



Par Marc LEPOIVRE


Directeur du cinéma Le Méliès à Montreuil, il est aussi enseignant à l’université Panthéon Sorbonne et critique pour la revue Positif. Il a récemment signé deux livres, Jacques Tati et Playtime (avec François Ede).



  André Bazin (c) D.R.

Objectif Cinéma : On vous connaît comme critique à Positif. La première question que l’on a envie de vous poser c’est s’il y a une sorte de continuité logique et naturelle entre l’activité critique et l’exploitation en salle, c’est-à-dire le geste de montrer le film aux autres.

Stéphane Goudet : Bien sûr. Il y a une continuité évidente. Dans la mesure où je défends des films, j’ai envie qu’ils rencontrent des spectateurs et de leur donner la chance de passer sur un écran, et, éventuellement, de les accompagner physiquement, en animant une rencontre. Ce qui m’a intéressé dans l’exploitation, c’est le fait de pouvoir maîtriser entièrement la chaîne, du choix du film jusqu’à la rencontre avec les spectateurs. D’ailleurs dans le geste d’accompagnement des films, je suis proche de l’activité critique, dans le sens d’une critique orale dont Bazin disait qu’elle était supérieure à la critique écrite. Il est formé à l’école des ciné-clubs. Et comme les ciné-clubs ont disparu, la continuité logique c’est l’exploitation d’une salle.


Objectif Cinéma : Est-ce qu’il n’y a pas une façon de mettre en pratique certains choix théoriques que l’on a comme critique ?

Stéphane Goudet : Il y a de ça. Et puis d’autres questions. De marketing par exemple : comment faire venir les spectateurs dans la salle. Par rapport à la critique, il y a un retour beaucoup plus fort des spectateurs. J’ai plus de retour sur mes éditos du programme du Méliès que sur mes textes dans Positif.


(c) D.R.

Objectif Cinéma : Parlons du cas particulier du Méliès. Vous êtes arrivé en avril après un conflit entre l’ancienne direction, au fonctionnement associatif, et la municipalité, qui a mené à la municipalisation du cinéma. Il y a eu une assez forte polémique à cet égard, avec même la diffusion de pétitions pour défendre le Méliès. En tant que spectateur, je n’ai finalement pas vu cette perte de qualité qu’on laissait craindre. La municipalisation a eu peu d’effet sur la qualité et la vie du cinéma.

Stéphane Goudet : J’étais très extérieur au conflit. Au moment le plus fort, j’étais au Viêt-Nam. A aucun moment, je n’ai été mêlé à quoique ce soit, ce qui a peut-être facilité mon dossier. Pour moi, il est difficile de se faire une idée sur la légitimité de la municipalisation. J’ai presque décidé de ne pas m’en faire. D’une part, la chose est faite, il n’y aura pas de retour en arrière. D’autre part, ce n’est pas scandaleux qu’une mairie décide que la culture fasse partie de la politique municipale et qu’il faut l’assumer jusqu’au bout. Après, il s’est avéré avoir eu d’autres considérations dans la municipalisation, y compris des dossiers mal gérés, par exemple le projet « Perspectives palestiniennes », auquel je n’adhère pas du tout, puis des problèmes personnels qui sont venus se greffer. Cela ne change pas grand-chose à la vie de la salle.