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Cinélycée : Est-il de bon ton qu’un cinéaste comme vous s’engage politiquement ? Quelle est votre position quant à une hypothétique guerre en Irak?

Steven Spielberg : Nous sommes ici pour parler de Catch me if you can, si je ne m’abuse. J’essaye toujours de séparer ma vision du monde et ma vision cinématographique. Je fais des conférences de presse depuis que j’ai vingt-deux ans, et à chaque fois que l’on m’a interrogé sur les affaires politiques, plus personne ne s’intéresse au film et les journalistes gardent juste la réponse à la question politique.


Cinélycée : De quelle manière votre travail avec le directeur de la photographie Janusz Kaminski a t-il influencé votre vision artistique ?

Steven Spielberg : Depuis que nous travaillons ensemble, nous sommes devenus meilleurs amis. J’ai la chance de travailler avec des intimes, comme Michael Kahn, qui a monté beaucoup de mes films, John Williams, qui a composé les musiques de presque tous mes films. Il s’agit de ma septième collaboration avec J.Kaminski et je le trouve brillant : à côté de Dieu, il règle la lumière.


Catch me if you can (c) D.R.

Cinélycée : Nathalie Baye, François Truffaut vous a-t-il fait part de son expérience en tant qu’acteur avec Steven Spielberg?

Nathalie Baye : Quand François Truffaut est rentré de son tournage avec Spielberg, il a dit qu’il avait parfois attendu des heures, des jours, ou des semaines pour tourner une scène. Je m’attendais donc à un tournage très lent. Mais en fait, je crois qu’une petite émission sans un  sou en France se tourne plus lentement qu’un film de Spielberg ! Je n’ai jamais vu un tournage aussi rapide. De plus, Steven est extrêmement disponible : sur le plateau, il prend tout ce qu’on lui propose, il accepte l’improvisation. Tout est très bien organisé, mais il accepte une liberté totale. Quand il a fini une scène, il saute partout, il jubile !

Steven Spielberg : Je crois beaucoup en la collaboration car un cinéaste ne peut pas être inflexible comme un peintre, par exemple, face à sa toile. Le film évolue sans cesse : il y a ma vision, puis d’autres qui s’y ajoutent. Leonardo et moi avons passé quatre mois, avant le tournage du film, à discuter de ce rôle pendant des heures. Les idées les plus extraordinaires viennent souvent de l’apport multiple des autres voix qui m’entourent.


Cinélycée : Steven Spielberg, pouvez-vous nous raconter comment vous vous êtes introduit, au début des années soixante, aux studios Universal ?

Steven Spielberg : J’avais seize ans, et, comme Frank, je voulais entrer dans la vie active. Je ne savais pas comment faire des films et je me suis dit que le meilleur moyen était d’entrer dans les Studios Universal. J’ai pris un costume, un attaché-case, j’ai salué le garde à l’entrée, il m’a rendu mon salut, et c’est comme ça que j’ai travaillé tout l’été aux studios.




Cinélycée : Leonardo DiCaprio, vous sentez-vous proche de votre personnage, Frank Abagnale ?

Leonardo DiCaprio : Je ne peux pas réellement dire que je me sens des affinités avec le personnage car je n’aurais pas eu le courage de faire ce qu’il a fait ! Il fallait un grand talent et de l’audace pour jouer autant de personnages. Lorsque je l’ai rencontré, j’ai trouvé qu’il était un acteur très accompli : il utilise son instinct pour manipuler les gens. Je lui ai demandé, par exemple, quelle voix il prendrait au téléphone pour faire passer de faux chèques. Il a immédiatement pris un étrange accent du Sud. Lorsque je lui ai fait remarquer, il n’en était même pas conscient. Cela m’a fasciné car ce jeu d’acteur est absolument instinctif chez lui.


Cinélycée : Nathalie Baye, vous êtes-vous sentie perdue dans cette grosse production hollywoodienne ?

Nathalie Baye : Ce n’est pas une question de moyens mais de plaisir : j’ai adoré travailler avec cet immense réalisateur et ces comédiens formidables, c’est ce qui compte.