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Les 9 Vies de Tomas Katz (c) D.R. BEN HOPKINS
Réalisateur

Entretien réalisé
le 2 juin 2003 à Paris
Par Annelise LANDUREAU
et Romain LE VERN
Tous nos remerciements à Manuel Attali
et Fabrice Leroy de ED Distribution


Après un premier long-métrage avec (déjà) l'acteur Tomas Fisher : Simon le mage, Ben Hopkins livre une oeuvre aux frontières de l'expérimental, née d'improvisations et de "tournages-guérilla". A la fois fantaisiste et politique, Les 9 vies de Tomas Katz apporte la preuve (s'il en fallait une !) de l'existence d'un autre cinéma anglais, plus excentrique...  


  Les 9 Vies de Tomas Katz (c) D.R.

Objectif Cinéma : En 1995, vous réalisiez National Achievement Day, un moyen-métrage au titre évocateur. Le thème de l'apocalypse vous intéresse-t-il particulièrement ?

Ben Hopkins : National Achievement Day, c'était l'histoire d'un pub londonien qui va fermer et de ses trois habitués qui sont amoureux de la propriétaire. Le film s’appelait en français Le Jour des grandes réalisations. Donc, à part le titre, rien à voir avec une apocalypse. Mais c’est un thème qui m'intéresse.


Objectif Cinéma : Comment avez-vous abordé la mise en scène de ce film ? Pourquoi avoir choisi le noir et blanc par exemple ?

Ben Hopkins : Lorsque l'on tourne en couleurs, Londres ne ressemble qu'à... Londres. En noir et blanc, elle prend un ton mystique, différent de la réalité. Comme je n'aime pas le réalisme anglais et que je veux faire des films fantastiques, le noir et blanc est très utile.


Les 9 Vies de Tomas Katz (c) D.R.

Objectif Cinéma : Le film explore différents genres d'images et de cinéma (l'expressionnisme, la vidéo, les images télévisuelles, la télé-surveillance), pourquoi ce mélange ?

Ben Hopkins : Je trouve ennuyeux que le but artistique soit de trouver un style unique, propre, pour être défini en tant qu'artiste et reconnu en tant que tel. Je comprends cette idée, mais je propose d'avoir un mélange des idées et des styles. J'ai ainsi mêlé des genres différents de l’histoire du cinéma pour créer quelque chose d'unique, d'une façon différente.


Objectif Cinéma : Vous adoptez aussi un traitement particulier pour le son, qui se remarque dès la première scène, tout comme lorsque des objets se mettent à parler (comme les fenêtres par exemple)...

Ben Hopkins : Au moment du montage, je me suis rendu compte qu'il manquait quelque chose entre deux scènes. Le scénario parlait d'un complot de fenêtres, mentionné par l'inspecteur. Donc j'ai eu l'idée de filmer ce complot. J'ai grimpé l'escalier de mon appartement, où se situe la salle de montage, et j'ai filmé les fenêtres d'en face. Alan Levy a monté les images et nous avons ensuite invité des amis qui ont fait les voix...

Quelquefois, c'est très simple de faire une scène pour le cinéma, ce n’est pas grand-chose, on monte un escalier avec une caméra ! (rires).

En ce qui concerne le son en général, il faut savoir que je n'aime ni la pré-production, ni le montage, et que je laisse tout cela à Allan, qui, en ce sens, est presque un coauteur. Je préfère le tournage. Mais, après le montage, je m'intéresse au son parce qu’il fait revivre des images qui étaient mortes pour moi, car vues et revues. Je reprends donc tout le film et crée mon propre son : c'est d'ailleurs le travail dont je suis le plus fier.