Objectif Cinéma :
En 1995, vous réalisiez National
Achievement Day, un moyen-métrage au titre évocateur.
Le thème de l'apocalypse vous intéresse-t-il particulièrement
?
Ben Hopkins :
National Achievement Day, c'était l'histoire d'un pub
londonien qui va fermer et de ses trois habitués qui sont
amoureux de la propriétaire. Le film s’appelait en français
Le Jour des grandes réalisations. Donc, à part le titre,
rien à voir avec une apocalypse. Mais c’est un thème qui m'intéresse.
Objectif Cinéma
: Comment avez-vous abordé
la mise en scène de ce film ? Pourquoi avoir choisi le
noir et blanc par exemple ?
Ben Hopkins
: Lorsque l'on tourne en couleurs, Londres ne ressemble qu'à... Londres.
En noir et blanc, elle prend un ton mystique, différent de
la réalité. Comme je n'aime pas le réalisme anglais et que
je veux faire des films fantastiques, le noir et blanc est
très utile.
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Objectif Cinéma
: Le film explore différents
genres d'images et de cinéma (l'expressionnisme, la vidéo,
les images télévisuelles, la télé-surveillance), pourquoi
ce mélange ?
Ben Hopkins
: Je trouve ennuyeux que le but artistique soit de trouver
un style unique, propre, pour être défini en tant qu'artiste
et reconnu en tant que tel. Je comprends cette idée, mais
je propose d'avoir un mélange des idées et des styles. J'ai
ainsi mêlé des genres différents de l’histoire du cinéma
pour créer quelque chose d'unique, d'une façon différente.
Objectif Cinéma
: Vous adoptez aussi un traitement
particulier pour le son, qui se remarque dès la première
scène, tout comme lorsque des objets se mettent à parler
(comme les fenêtres par exemple)...
Ben Hopkins
: Au moment du montage, je me suis rendu compte qu'il manquait
quelque chose entre deux scènes. Le scénario parlait d'un
complot de fenêtres, mentionné par l'inspecteur. Donc j'ai
eu l'idée de filmer ce complot. J'ai grimpé l'escalier de
mon appartement, où se situe la salle de montage, et j'ai
filmé les fenêtres d'en face. Alan Levy a monté les images
et nous avons ensuite invité des amis qui ont fait les voix...
Quelquefois, c'est très simple de faire une scène pour le
cinéma, ce n’est pas grand-chose, on monte un escalier avec
une caméra ! (rires).
En ce qui concerne le son en général, il faut savoir que
je n'aime ni la pré-production, ni le montage, et que je
laisse tout cela à Allan, qui, en ce sens, est presque un
coauteur. Je préfère le tournage. Mais, après le montage,
je m'intéresse au son parce qu’il fait revivre des images
qui étaient mortes pour moi, car vues et revues. Je reprends
donc tout le film et crée mon propre son : c'est d'ailleurs
le travail dont je suis le plus fier.