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Objectif Cinéma
: Quelles sont vos autres
influences cinématographiques ?
Ben Hopkins :
Moi je regarde tout, des films d'animation du Kazakhstan
aux films très hollywoodiens. Mon cinéaste préféré est Fellini,
mais je ne vois pas de points communs entre lui et mes films.
Dans Les 9 vies de Tomas Katz, on voit naturellement
un rapport avec Murnau et Fritz Lang, parce que je l'ai
fait exprès...
Enfin si on me mettait un revolver sur la tempe, je choisirais
plutôt les cinéastes un peu fantastiques comme Fellini,
Lynch, etc. Je préfère le fantastique au réalisme. Je travaille
dans un pays très réaliste mais je le trouve très ennuyeux,
ce réalisme « prolétarien »...
Objectif Cinéma
: L'enfant Astral évoque
Eraserhead par exemple...
Ben Hopkins
: Tout à fait. Encore une fois, je ne l'ai pas fait volontairement.
Il y a plein de choses comme ça... Au sujet de l'humour,
beaucoup pensent aux Monthy Python... Moi je n'y
ai jamais pensé, mais comme je regardais leurs émissions
étant enfant, j'ai sûrement été influencé…
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Objectif Cinéma :
Votre film fait partie d'une collection appelée « Les
Excentriques du cinéma anglais » (1), vous qualifieriez-vous
d'excentrique et s'agit-il de la naissance d'un nouveau
courrant du cinéma anglais ?
Ben Hopkins
: Naturellement que je suis excentrique ! (Rires).
Non, je suis normal, mais ce qui se passe dans ma tête n'est
pas normal... Je ne pense pas qu'il s'agisse d'une nouvelle
vague du cinéma anglais, c'est une idée d'ED Distribution,
que je trouve assez bonne car je me sens très proche d'Andrew
Kötting ou de Patrick Keiller*. Andrew est un ami et même
si je ne connais pas Patrick Keiller, je dirais qu'il y
a des alliances artistiques entre nous.
Enfin, ça a toujours été comme ça en Angleterre. Il y a
dix ou quinze ans, il y avait Derek Jarman et Peter Greenaway,
il y a trente ou quarante ans, c'était Michael Powell, Emeric
Pressburger… Il y a toujours eu des excentriques, des gens
en périphérie de la culture cinématographique principale.
Le centre a toujours été le réalisme et la comédie populaire
avec, autour, ceux qui font différemment.
Objectif Cinéma :
En France, on voit plus cet
aspect « réalisme social » des Ken Loach, Mark
Herman (Les Virtuoses) ou Stephen Daldry (Billy
Eliott)...
Ben Hopkins
: Oui. Je ne sais pas ce que vous voyez en France mais je
sais que Ken Loach est très populaire ici...
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C'est un temps assez mauvais pour
le cinéma anglais parce que la production a chuté de 50
%. C'est devenu très difficile de faire des films, spécialement
pour des films comme le mien, qui a d’ailleurs été financé
par des Allemands ! Il y a quatre ans, c'était presque impossible
de monter un film pareil en Angleterre, avec de l'argent
anglais, et maintenant, c'est devenu hors de question parce
que le Film Council (l'équivalent du CNC français) est une
organisation très pro-gouvernementale, donc proche de Tony
Blair qui pense que le peuple veut des choses populaires,
des comédies un peu... bêtes (rires).
Donc il y a peu de place pour des films un peu plus
sérieux ou artistiques, et beaucoup de cinéastes choisissent
d'ailleurs de faire autre chose. Andrew Kötting, par exemple,
fait des films pour les galeries d'art, et pas pour les
cinémas. Beaucoup enseignent, et moi je vais probablement
faire des documentaires car on a encore, grâce à la BBC,
une culture assez vivante du documentaire. C'est plus facile
de faire des choses pour la télé que pour le cinéma. Peut-être
que ça changera, mais pour l'instant c'est comme ça.