A dix-neuf ans, le comédien
Gaspard Ulliel a déjà un parcours intéressant derrière lui.
Il débute à onze ans avec une brève apparition dans la série
télévisée Une femme en blanc avec Sandrine Bonnaire
et apparaît pour la première fois au cinéma dans un court-métrage,
Alias (1998, Marina De Van). En 2001, il obtient un
petit rôle dans Le Pacte des Loups (Christophe Gans).
C'est le film de Michel Blanc, Embrassez qui vous voulez,
qui le révèle : grâce à son rôle d'adolescent titillé par
ses hormones, il est nommé pour le César du meilleur jeune
espoir masculin en 2003. Ambitionnant de devenir réalisateur,
il s'inscrit dans une faculté de cinéma. Il n'en abandonne
pas pour autant sa carrière d'acteur puisqu'il tourne sous
la direction d'André Téchiné dans Les Egarés.
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Objectif
Cinéma : Quel souvenir
gardez-vous de votre toute première journée de tournage ?
Gaspard Ulliel : La toute
première de ma vie ? C’est sur un téléfilm qui s’appelait
Une femme en blanc, une série en plusieurs épisodes
avec Sandrine Bonnaire. J’avais une phrase à dire. Et quand
j’ai débarqué sur le tournage, j’ai tout de suite vu Sandrine
Bonnaire et tout ce qui se passait derrière la caméra, les
décors d’hôpital (et juste après un décor qui n’avait rien
à voir), c’était assez rigolo de voir tous les trucages. Mais
c’est vrai que j’étais assez mal à l’aise, dans mon coin,
puisque l’équipe se connaissait, et que je ne venais que pour
une journée…
Objectif Cinéma :
Quel âge aviez-vous ?
Gaspard Ulliel : J’avais
environ onze ans. Je passais ma journée près de la table de
bouffe, en régie. (rires). Après, j’ai tourné une scène où
un car explosait. C’était assez impressionnant : les pompiers
intervenaient entre chaque prise. Mais bon, ça n’était pas
une expérience cinématographique puisqu’on a fait cette scène
deux fois comme ça, et je ne voyais pas la caméra. Il n’y
avait ni éclairages ni de micros.
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Objectif
Cinéma : Mais avez-vous
ressenti plus de stress sur ce plateau de téléfilm que sur
un plateau de cinéma ?
Gaspard Ulliel : J’en
ai ressenti forcément puisque c’était la première fois que
je tournais, mais sinon, pas vraiment. C’est vrai qu’à la
télé, on est plus stressé par Ale temps, puisqu’il y a moins
de moyens, moins de journées de tournage, moins de pellicule
à utiliser, on a donc moins le droit à l’erreur, en fait.
Mais bon, j’ai été assez vite en confiance sur les tournages
parce qu’on sait qu’on peut rater et refaire la prise, ce
n’est pas comme au théâtre, donc ce n’est pas stressant…
Objectif
Cinéma : Quel souvenir
gardez-vous du tournage du Pacte des Loups, où vous
faites une apparition ?
Gaspard Ulliel : C’était
très impressionnant. En fait, c’était un peu un hasard parce
que je faisais mon stage en entreprise, j’étais en troisième
à l’époque. J’avais choisi les métiers du cinéma, donc je
faisais deux jours au Cours Florent, deux jours dans une agence
de casting et je terminais ce stage d’une semaine par deux
jours sur un plateau de tournage. Un ami de mes parents travaillait
pour la production de ce film. Le comédien qui devait à l’origine
jouer mon rôle n’avait pas pu venir parce qu’il avait des
épreuves du Bac à passer. Christophe Gans a regardé les téléfilms
que j’avais faits avant et il m’a pris. J’ai atterri là, c’était
assez fou. D’ailleurs c’est l’expérience la plus impressionnante
que j’ai eu parce qu’au niveau des moyens, des décors, j’avais
l’impression d’être à Hollywood : c’était un décor dans
une sorte de carrière, avec une grotte, tout était en papier
mâché et en carton-pâte, des pelures de patates étaient propulsées
pour donner l’illusion de la neige tombant en gros flocons.
J’avais des costumes incroyables et c’était en plein été.
Dans la séquence, je suis avec ma sœur et on se fait attaquer
par le loup. On doit faire avancer les brebis (c’est assez
galère d’ailleurs de faire avancer des brebis !) et comme
les comédiens de moins de seize ans n’ont plus le droit de
tourner après minuit, ils faisaient donc jouer un nain à la
place. Il avait trente, trente-cinq ans, et faisait le rôle
d’une fille de douze ans : on lui mettait une perruque ;
c’était assez marrant et bien évidemment impressionnant aussi
de voir un décor comme celui-là, reconstruit.
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