Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Gaspard Ulliel (c) D.R. GASPARD ULLIEL
Acteur


Entretien réalisé
à Paris, le 28 mars 2003
dans le cadre du festival du Film de Paris
P ar Laetitia HEURTEAU


A dix-neuf ans, le comédien Gaspard Ulliel a déjà un parcours intéressant derrière lui. Il débute à onze ans avec une brève apparition dans la série télévisée Une femme en blanc avec Sandrine Bonnaire et apparaît pour la première fois au cinéma dans un court-métrage, Alias (1998, Marina De Van). En 2001, il obtient un petit rôle dans Le Pacte des Loups (Christophe Gans). C'est le film de Michel Blanc, Embrassez qui vous voulez, qui le révèle : grâce à son rôle d'adolescent titillé par ses hormones, il est nommé pour le César du meilleur jeune espoir masculin en 2003. Ambitionnant de devenir réalisateur, il s'inscrit dans une faculté de cinéma. Il n'en abandonne pas pour autant sa carrière d'acteur puisqu'il tourne sous la direction d'André Téchiné dans Les Egarés.



  Embrassez qui vous voudrez (c) D.R.

Objectif Cinéma : Quel souvenir gardez-vous de votre toute première journée de tournage ?

Gaspard Ulliel : La toute première de ma vie ? C’est sur un téléfilm qui s’appelait Une femme en blanc, une série en plusieurs épisodes avec Sandrine Bonnaire. J’avais une phrase à dire. Et quand j’ai débarqué sur le tournage, j’ai tout de suite vu Sandrine Bonnaire et tout ce qui se passait derrière la caméra, les décors d’hôpital (et juste après un décor qui n’avait rien à voir), c’était assez rigolo de voir tous les trucages. Mais c’est vrai que j’étais assez mal à l’aise, dans mon coin, puisque l’équipe se connaissait, et que je ne venais que pour une journée…


Objectif Cinéma : Quel âge aviez-vous ?

Gaspard Ulliel : J’avais environ onze ans. Je passais ma journée près de la table de bouffe, en régie. (rires). Après, j’ai tourné une scène où un car explosait. C’était assez impressionnant : les pompiers intervenaient entre chaque prise. Mais bon, ça n’était pas une expérience cinématographique puisqu’on a fait cette scène deux fois comme ça, et je ne voyais pas la caméra. Il n’y avait ni éclairages ni de micros.


Le Pacte des loups (c) D.R.

Objectif Cinéma : Mais avez-vous ressenti plus de stress sur ce plateau de téléfilm que sur un plateau de cinéma ?

Gaspard Ulliel : J’en ai ressenti forcément puisque c’était la première fois que je tournais, mais sinon, pas vraiment. C’est vrai qu’à la télé, on est plus stressé par Ale temps, puisqu’il y a moins de moyens, moins de journées de tournage, moins de pellicule à utiliser, on a donc moins le droit à l’erreur, en fait. Mais bon, j’ai été assez vite en confiance sur les tournages parce qu’on sait qu’on peut rater et refaire la prise, ce n’est pas comme au théâtre, donc ce n’est pas stressant…

Objectif Cinéma : Quel souvenir gardez-vous du tournage du Pacte des Loups, où vous faites une apparition ?

Gaspard Ulliel : C’était très impressionnant. En fait, c’était un peu un hasard parce que je faisais mon stage en entreprise, j’étais en troisième à l’époque. J’avais choisi les métiers du cinéma, donc je faisais deux jours au Cours Florent, deux jours dans une agence de casting et je terminais ce stage d’une semaine par deux jours sur un plateau de tournage. Un ami de mes parents travaillait pour la production de ce film. Le comédien qui devait à l’origine jouer mon rôle n’avait pas pu venir parce qu’il avait des épreuves du Bac à passer. Christophe Gans a regardé les téléfilms que j’avais faits avant et il m’a pris. J’ai atterri là, c’était assez fou. D’ailleurs c’est l’expérience la plus impressionnante que j’ai eu parce qu’au niveau des moyens, des décors, j’avais l’impression d’être à Hollywood : c’était un décor dans une sorte de carrière, avec une grotte, tout était en papier mâché et en carton-pâte, des pelures de patates étaient propulsées pour donner l’illusion de la neige tombant en gros flocons. J’avais des costumes incroyables et c’était en plein été.

Dans la séquence, je suis avec ma sœur et on se fait attaquer par le loup. On doit faire avancer les brebis (c’est assez galère d’ailleurs de faire avancer des brebis !) et comme les comédiens de moins de seize ans n’ont plus le droit de tourner après minuit, ils faisaient donc jouer un nain à la place. Il avait trente, trente-cinq ans, et faisait le rôle d’une fille de douze ans : on lui mettait une perruque ; c’était assez marrant et bien évidemment impressionnant aussi de voir un décor comme celui-là, reconstruit.