Un soir, j’étais chez
un ami d’une cinquantaine d’années, et nous regardions la cassette
d’un spectacle qu’il avait fait quand il était plus jeune. Il
a réalisé tout à coup qu’il était le seul survivant parmi les
gens à l’écran. Ça m’a beaucoup marqué, car il y avait un décalage
entre le fait de voir ces personnes bouger dans le spectacle,
qui était extrêmement gai et vivant, et ce constat plutôt dramatique.
J’ai alors vraiment eu envie de jouer avec cette sensation,
je pense qu’on peut plus facilement faire passer un message
grave en utilisant des moyens légers, grâce à la musique notamment.
Objectif
Cinéma : Pensez-vous qu’il
aurait été possible que le film sorte en DVD s’il ne s’adressait
pas avant tout au public gay ?
Stéphane Ly-Cuong : Oui
et non, car ce n’est pas ce public-là qui nous a donné l’idée
de sortir le DVD, mais plutôt les fans de Jérôme Pradon et
Grégori Baquet (qui interprète l’un des personnages principaux
dans le spectacle musical Roméo et Juliette, ndlr.).
En effet, le site « paradisco.net » existe depuis
le tournage du film et curieusement, indépendamment du sujet,
on a reçu de très nombreux mails envoyés par des jeunes filles
qui étaient tombées dessus en effectuant des recherches sur
ces artistes. C’était donc plutôt pour ce public-là que nous
avons pensé faire le DVD au départ.
Objectif Cinéma :Oui,
mais vous serez d’accord pour dire que ce n’est pas du tout
mis en avant sur la jaquette et que c’est surtout l’image
des deux garçons enlacés qui fait vendre…
Stéphane Ly-Cuong : Certainement,
mais elle illustre avant tout l’histoire du film, c'est-à-dire
la rencontre de ces deux personnages.
Objectif Cinéma :
En même temps, en sortant un film gay en DVD, vous avez un
public « assuré d’avance » en quelque sorte.
Stéphane Ly-Cuong : C’est
vrai, même si je crois que c’est un public aussi difficile
que les autres, sinon plus.
